Performance sportive : aller à la selle avant l’effort changerait la donne

Aller aux selles avant un exercice physique améliore à la fois l endurance et les performances cognitives suggère une étude
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En plus de renforcer les muscles, la course à pied stimule la circulation sanguine, réduit le stress et l’anxiété, améliore la condition cardio-vasculaire et lutte contre l’obésité. Bien que cette discipline sportive puisse être pratiquée à tous les âges, l’endurance reste un facteur central pour chaque coureur. Dans une étude récente, des chercheurs ont découvert qu’aller à la selle avant de courir ne permet pas seulement d’améliorer l’endurance, mais aurait également des effets insoupçonnés sur les performances cognitives. Selon leurs conclusions, un lien méconnu existerait entre le rectum et les fonctions cognitives.

Pour renforcer leur endurance, les coureurs, qu’ils soient débutants ou expérimentés, privilégient souvent des entraînements fractionnés, du cross-training ou des séances de renforcement musculaire. Une équipe de l’Université de Taipei, dirigée par le biochimiste Chen-Chan Wei, propose un coup de pouce à la fois simple et original : se vider les intestins environ 60 à 90 minutes avant de courir. Cette pratique aurait des effets bénéfiques non seulement sur les performances physiques, mais aussi sur les capacités intellectuelles.

Cette hypothèse s’appuie sur une étude menée en 2022, qui avait révélé un lien entre la constipation et une déficience cognitive chez les patients atteints de la maladie de Parkinson. Inspirée par ces résultats, l’équipe de Chen-Chan Wei a orienté ses recherches vers les sportifs d’élite, cherchant à établir une corrélation entre le microbiote intestinal et le cerveau. Une cohorte de 13 athlètes a été soumise au test de Stroop pour mesurer ces interactions.

Un protocole basé sur le test de Stroop

Le test de Stroop, outil d’évaluation des fonctions cognitives et du contrôle exécutif, repose sur un principe d’interférence : les participants doivent nommer la couleur d’un mot affiché, plutôt que de lire ce dernier. Ce test, étalé sur trois séances distinctes, a permis de comparer les performances cognitives des participants dans différents contextes. Première séance : chaque athlète réalise le test sans être allé à la selle au préalable. Deuxième séance : après un régime alimentaire contrôlé, les participants passent le test une heure après avoir vidé leurs intestins. Troisième séance : ils ingèrent un laxatif à base d’oxyde de magnésium et effectuent le test une heure après être allés aux toilettes.

D’après les résultats, publiés dans la revue Sports Medicine and Health Science, 69 % des athlètes ont enregistré une nette amélioration de leurs performances cognitives lors de la deuxième séance. Pendant la dernière session, tous les participants ont présenté des résultats supérieurs, suggérant un impact potentiel d’un nettoyage intestinal préalable. « Ces données suggèrent un lien de causalité encore peu exploré entre l’état du rectum et les performances cognitives », soulignent les chercheurs.

Flux sanguin
Images de spectroscopie proche infrarouge montrant l’oxygénation et la distribution sanguine en temps réel. Les flèches indiquent les sondes du détecteur de spectroscopie. © Wei et al., SMHS, 2024

Le professeur Chia-Hua Kuo, co-auteur de l’étude, indique que ces observations corroborent des recherches antérieures menées sur des cyclistes. « Nous avons constaté une amélioration significative des performances après les selles, accompagnée d’une meilleure oxygénation du cortex préfrontal », explique-t-il dans un communiqué. Ce phénomène, essentiel pour les sports d’endurance, illustre à quel point la capacité du cerveau à activer les muscles prime sur leur aptitude à produire de l’énergie.

Les scans réalisés durant l’étude montrent une densité élevée de nerfs dans la région du rectum et des intestins, confirmant le rôle central du système nerveux dans cette zone. « Notre esprit est influencé par d’autres parties du corps, dont le rectum, qui interagit avec l’ensemble du système nerveux », conclut Kuo.

Source : Sports Medicine and Health Science

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