Pour certains il s’agit d’une grande injustice, tandis que pour d’autres il s’agit d’une certaine fierté, mais cela reste un fait : certaines personnes prennent rapidement du poids en mangeant, tandis que d’autres n’en prennent pas ou très peu. De nombreuses études se sont penchées sur cette question et la réponse est multifactorielle. Cependant, les biologistes sont tous d’accord sur un point : aucune magie n’intervient dans ce processus, c’est une combinaison de plusieurs processus. Alors, pourquoi certaines personnes prennent-elles du poids et d’autres non ?
Il n’y a pas une réponse simple à cette question, indique Kathleen Melanson, professeure de nutrition et de sciences alimentaires à l’Université du Rhode Island. « Il y a des facteurs génétiques, nutritionnels et même comportementaux impliqués, et la mesure dans laquelle chacun de ces facteurs entre en jeu chez un individu donné va varier ».
L’un des facteurs les plus importants n’a rien à voir avec le type de corps ou le métabolisme : c’est la perception. Beaucoup de gens qui semblent manger ce qu’ils veulent sans prendre de poids ne mangent pas plus que le reste d’entre nous. Par exemple, votre ami qui mange de la crème glacée tous les jours peut naturellement compenser ces calories supplémentaires en mangeant moins à un autre repas ou en grignotant moins tout le reste de la journée. Ou peut-être, quand ils mangent de la pizza, ils mangent lentement, puis s’arrêtent après seulement quelques parts.
L’exercice physique : un important moyen de réguler la prise de poids
L’activité physique peut également faire une différence, mais il n’est pas nécessaire que ce soit une séance d’entraînement en salle de gym. Certaines personnes bougent plus, même si elles ne sont pas nécessairement des athlètes. Par exemple, elles peuvent s’agiter ou marcher, avoir un travail actif ou passer toute la journée à courir après leurs enfants. Il y a même des preuves que certaines personnes sont génétiquement prédisposées à vouloir bouger quotidiennement, explique Melanson.
Ce mouvement supplémentaire peut également accélérer le métabolisme du corps ou la quantité d’énergie que votre corps dépense tout au long de la journée, sans compter l’exercice. Plus vous bougez, plus « les mitochondries dans les cellules du muscle augmenteront en nombre et en activité. Et ce sont les centrales électriques qui créent de l’énergie, en utilisant l’énergie pour le mouvement. Plus de mitochondries signifie plus de calories brûlées ».
Il y a peu de preuves qui suggèrent que, sans exercice, certaines personnes naissent en brûlant beaucoup plus de calories que d’autres, indique Ines Barroso, chercheuse à l’Université de Cambridge qui étudie la génétique de l’obésité. Mais il peut y avoir des différences physiologiques qui permettent à certaines personnes de modérer naturellement le nombre de calories qu’elles consomment sans exercer une énorme maîtrise de soi.
Le rôle essentiel du système de régulation de l’appétit
Des cascades de signaux du système nerveux et d’hormones qui circulent dans notre sang interagissent pour nous dire quand nous avons faim ou que nous sommes rassasiés. C’est ce qu’on appelle le système de régulation de l’appétit, et il peut être plus sensible chez certaines personnes que chez d’autres.
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Une hormone importante impliquée dans ce système est la leptine. Elle aide à réguler la quantité de nourriture que nous voulons manger sur de plus longues périodes, pas seulement pour notre prochain repas. Ainsi, une personne avec un système plus sensible peut manger plusieurs fois lors d’une fête, puis se sentir rassasiée pendant les prochains jours et manger moins. « Ils peuvent juste automatiquement recalibrer leur bilan énergétique parce que leur système de signalisation de l’appétit confirme qu’ils disposent d’assez d’énergie », indique Melanson.
La génétique impliquée dans la régulation du poids ?
La génétique peut jouer un rôle dans la tendance d’une personne à prendre ou à perdre du poids. Les chercheurs ont identifié plus de 250 régions d’ADN différentes associées à l’obésité, selon une étude de 2019 publiée dans PLOS Genetics. Pour cette étude, les chercheurs ont comparé 1622 personnes en bonne santé avec un faible indice de masse corporelle (IMC) à 1985 personnes souffrant d’obésité sévère et 10’433 personnes témoins de poids normal.
Ils ont constaté que les participants minces avaient moins de gènes associés à l’obésité. Mais selon Barroso, qui était co-auteur de l’étude, les gènes seuls ne déterminent pas votre poids. « Nous n’avons pas trouvé de gènes qui protégeaient exclusivement contre l’obésité ou prédisposaient quelqu’un à l’obésité. Vous avez aussi des gens qui ont les déterminants génétiques de l’obésité, mais qui ne sont pas obèses », conclut Barroso.