Première carte détaillée d’un cratère océanique formé par les essais nucléaires américains

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| Arthur Trembanis
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Il y a environ 70 ans, la paix de l’atoll de Bikini, dans l’océan Pacifique, fut troublée par les premiers tests de bombes nucléaires effectués par les États-Unis lors de l’Opération Carrefour. Plusieurs bombes ont ainsi été testées sur et sous l’eau, détruisant des centaines de navires placés là pour les essais, et soulevant des masses impressionnantes de roches océaniques et d’eau. Récemment, des chercheurs ont pu cartographier en détails l’un des énormes cratères laissés sur le sol océanique par les explosions.

Pour la première fois, les scientifiques ont publié des cartes remarquablement détaillées de ce fond marin marqué, montrant deux cratères massifs. Cette nouvelle carte montre que le fond marin est encore marqué par les 22 bombes qui ont explosé sur l’atoll de Bikini entre 1946 et 1958. Elle a été présentée lors de la réunion annuelle de l’American Geophysical Union.

Au cours du test d’armes nucléaires de 1946 appelé « Opération Carrefour », les États-Unis voulaient tester l’impact des bombes nucléaires sur les navires de guerre. À cette fin, l’armée a réuni plus de 240 navires — dont certains allemands et japonais — qui contenaient différentes quantités de carburant et de munitions, puis ont déployé deux armes nucléaires pour les détruire.

L’un de ces tests, connu sous le nom de Baker, a été le premier à faire exploser une bombe atomique sous l’eau, le 25 juillet 1946. « La bombe a explosé en une microseconde. En quelques secondes, plus de 2 millions de tonnes d’eau, de sable et de corail pulvérisé ont été projetés dans les airs, dans une colonne de plus de 274 mètres de large et de 1.6 kilomètre de haut » expliquent les chercheurs.

Un cratère à la topologique surprenante

Bien que le National Park Service ait enquêté sur l’atoll de Bikini à la fin des années 1980 et au début des années 1990, le cratère de l’explosion de Baker n’était pas visible. Lorsque les chercheurs ont visité le site, ils ont cartographié une zone d’environ 1.5 fois la taille de Central Park à New York, créant des modèles numériques à une résolution de 1 mètre par pixel et représentant plus de 20 millions de points de sondage de données.

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Les données issues de plusieurs sonars ont permis aux chercheurs de créer la première carte détaillée du cratère laissé par la bombe Baker. Crédits : Arthur Trembanis

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Vu à cette résolution, le cratère Baker était étonnant par sa profondeur et sa largeur. Contrairement aux attentes des scientifiques, le temps n’avait pas lissé l’intérieur rugueux du cratère. Au contraire, il montrait toujours des ondulations distinctes — des structures qui rayonnaient du centre de l’explosion de la bombe.

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Crédits : Arthur Trembanis

Mais aussi puissants que les premiers essais atomiques aient été, ils ont été éclipsés par les explosions ultérieures provoquées par les essais de bombes à fusion et hydrogène dans les années 1950.

Les chercheurs ont étudié un cratère d’une profondeur de 56 m et de forme oblongue inhabituelle ; ils ont déterminé qu’il s’agissait d’un cratère composite provenant de plusieurs explosions : Castle Bravo, une bombe de 15 mégatonnes, qui était la plus grosse jamais testée par les États-Unis, et Castle Romeo, la première bombe thermonucléaire déployée.

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