Perçant la surface de l’eau à 950 kilomètres au nord-ouest d’Honolulu, deux pointes rocheuses montrent leurs sommets escarpés. Ces monticules, dont le point culminant s’élève à seulement 52 mètres au-dessus du niveau de la mer, sont en réalité la partie émergée d’un gigantesque volcan : le Pūhāhonu. Alors que jusqu’à présent le volcan Mauna Loa était considéré comme le plus grand volcan du monde, une étude récente vient de démontrer qu’il n’était en vérité qu’à la seconde place du podium. La première place étant, selon ces nouveaux travaux, occupée par le volcan Pūhāhonu.
Pūhāhonu — qui signifie « tortue qui remonte pour respirer » en hawaïen — fait partie de la longue chaîne de montagnes sous-marines et de volcans qui s’étendent des îles hawaïennes à l’extrémité orientale de la Russie. La plupart des 120 volcans de la chaîne sont éteints depuis longtemps et ensevelis sous les vagues, bien que les sommets relativement jeunes qui composent les îles hawaïennes dominent encore la terre.
Mauna Loa, le géant volcanique de la grande île d’Hawaï, a longtemps été désigné comme le plus grand volcan du monde. De sa base sur le fond marin à son sommet à des milliers de mètres au-dessus de l’île, le Mauna Loa s’élève à plus de 9000 m — ce qui le rend techniquement plus haut que le mont Everest — et englobe plus de 80’000 km cubes en volume. Cependant, les chercheurs affirment maintenant que Pūhāhonu a en fait battu le Mauna Loa — en grande partie grâce à des dizaines de milliers de kilomètres cubes de roche volcanique enfouis sous le fond de l’océan.
Pūhāhonu : de son volume à la température de son magma, des caractéristiques hors normes
Dans leur nouvelle étude, les chercheurs ont utilisé des détecteurs sonar et gravimétriques pour mesurer toute l’empreinte topographique du Pūhāhonu, depuis les pics minuscules surplombant la mer jusqu’aux roches profondes s’enfonçant à des centaines de mètres sous la croûte terrestre. L’équipe a découvert que le Pūhāhonu contient environ 150’000 km cubes de roche, ce qui lui donne un volume plus de deux fois supérieur à celui du Mauna Loa. Les détails sont décrits dans la revue Earth and Planetary Science Letters.
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Seule une fraction de ce volume — environ 30% — est visible au-dessus du fond marin. Le reste s’enfonce si profondément sous terre, que le Pūhāhonu a fait couler la croûte en dessous de plusieurs centaines de km au cours des 14 millions d’années depuis la formation du volcan. « Le nouveau calcul du volume montre que le Pūhāhonu est sensiblement plus grand que tout autre volcan hawaïen, y compris Mauna Loa, qui était présumé être le plus grand volcan de la Terre », écrivent les chercheurs.
Non seulement cela fait du Pūhāhonu le plus grand volcan de la Terre en volume, mais il pourrait également être l’un des plus chauds. L’équipe a examiné plusieurs échantillons d’olivine — un minéral qui se forme lorsque le magma se refroidit et cristallise — prélevés dans diverses parties du volcan. De la composition de l’olivine, l’équipe a déduit la température du magma du volcan avant sa cristallisation. Ils ont estimé que le magma du Pūhāhonu devait faire environ 1700 °C lorsqu’il a coulé pour la première fois — faisant de ce magma le plus chaud enregistré sur Terre.