« Rattraper » son sommeil pendant le week-end réduirait de 20 % le risque de maladies cardiovasculaires

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Une étude incluant près de 90 000 adultes révèle que « rattraper » son sommeil pendant le week-end peut réduire d’un cinquième le risque de maladies cardiovasculaires. L’effet était encore plus évident chez les individus manquant de sommeil pendant les jours de semaine. Alors qu’il est généralement admis que le sommeil perdu le reste de manière permanente, ces résultats suggèrent un moyen de compensation efficace qui pourrait réduire les risques de pathologies liées au manque de sommeil.

Le manque de sommeil constitue l’un des principaux impacts du mode de vie moderne. Les heures de sommeil ont tendance à diminuer au fil des générations, notamment en raison des exigences liées par exemple au travail et à la scolarité. Cela se constate surtout dans les pays très développés comme le Japon, Singapour et certains pays occidentaux. Alors que le temps de sommeil minimum recommandé pour une bonne santé physique et psychologique est d’environ 7 heures par nuit pour les adultes, les Japonais ne dorment par exemple que 6 heures par nuit en moyenne.

Le manque de sommeil est associé à de nombreuses maladies, allant de l’hypertension artérielle au déclin cognitif accéléré, en passant par la dépression et l’infertilité. Des études ont montré que ce manque constitue un facteur de risque majeur pour les maladies cardiovasculaires, en raison de la surexcitation des nerfs sympathiques, de l’augmentation de l’inflammation systémique et de la hausse du risque d’athérosclérose.

Cependant, ces études se sont principalement concentrées sur la corrélation entre ces maladies et la durée de sommeil quotidienne. La manière dont les efforts de compensation pourraient affecter cette association est peu explorée. En effet, la plupart des personnes manquant de sommeil pendant les jours ouvrables dorment plus le week-end, afin de tenter de compenser ce manque.

Toutefois, la plupart des travaux de recherche sur le sommeil suggèrent qu’il est impossible de rattraper le nombre d’heures perdues. Or, de récentes études ont montré que la compensation du sommeil en week-end réduit les niveaux de protéine C-réactive à haute sensibilité chez les personnes qui dorment moins en semaine. Cette protéine est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires. Il a également été démontré que la compensation peut avoir un effet bioprotecteur contre l’obésité liée au sommeil, ce qui, par extension, a d’importantes implications pour l’incidence des pathologies cardiovasculaires.

Les résultats de la nouvelle étude, présentés à l’occasion de la dernière réunion de la Société européenne de cardiologie, concordent avec ces observations. « Un sommeil compensatoire suffisant est lié à un risque plus faible de maladie cardiaque », explique dans un communiqué le co-auteur principal de l’étude, Yanjun Song, du State Key Laboratory of Infectious Disease du Fuwai Hospital et du National Centre for Cardiovascular Disease de Beijing (en Chine).

Un effet bioprotecteur confirmé pour le sommeil compensatoire

Pour leur enquête, les chercheurs de la nouvelle étude ont collecté les données de 90 903 adultes inscrits dans l’UK Biobank, une base de données contenant les dossiers médicaux et les habitudes de vie de 500 000 personnes au Royaume-Uni. Les informations sur le manque de sommeil ont été autodéclarées, celles déclarant dormir moins de 7 heures par nuit étant considérées comme souffrant de privation de sommeil.

L’ensemble des participants a été suivi sur une période de 14 ans. Les données sur le sommeil ont également été enregistrées à l’aide d’accéléromètres et regroupées par quartiles. Le premier groupe avait le moins de sommeil compensé, avec -16,05 heures à -0,26 heure par week-end (soit encore moins de sommeil que pendant la semaine). Le second montrait -0,26 à 0,45 heure de compensation, le troisième 0,45 à 1,28 heure et le quatrième 1,28 à 16,06 heures.

Au total, 19 816 (21,8 %) participants correspondaient aux critères de privation de sommeil. Le reste de la cohorte a peut-être connu occasionnellement un sommeil inadéquat, mais en moyenne, leurs heures de sommeil quotidiennes ne répondaient pas aux critères de privation. Les dossiers d’hospitalisation ont été utilisés pour diagnostiquer diverses maladies cardiaques, notamment la cardiopathie ischémique (CI), l’insuffisance cardiaque (IC), la fibrillation auriculaire (FA) et l’accident vasculaire cérébral (AVC).

Les participants du groupe 4, c’est-à-dire ceux qui bénéficiaient le plus de sommeil compensatoire pendant le week-end, montraient 19 % moins de risque de développer une maladie cardiaque que ceux du groupe 1. « L’association devient encore plus prononcée chez les individus qui souffrent régulièrement d’un manque de sommeil en semaine », indique Song. Ce sous-groupe avait notamment 20 % moins de risque de développer une maladie cardiaque. Les analyses n’ont montré aucune différence entre les hommes et les femmes.

Bien que les données soient relativement limitées, ces résultats confirment l’effet bioprotecteur du sommeil compensatoire. La prochaine étape consistera à étudier plus avant les effets de cette compensation au niveau physiologique et biomoléculaire. « Nous attendons avec impatience de futures études pour mieux comprendre comment les habitudes de sommeil peuvent avoir un impact sur le cœur et comment nous pouvons adapter nos modes de vie modernes pour améliorer notre santé », conclut James Leiper, directeur médical adjoint à la British Heart Foundation, dans un article de The Guardian.

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