Une rechute est-elle possible dans le cas du Covid-19 ?

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Quel est l’animal à l’origine de la transmission du SARS-Cov-2 à l’Homme ? Pourquoi certains développent-ils rapidement des symptômes lourds, allant parfois jusqu’à la détresse respiratoire, tandis que d’autres sont atteints sans même le savoir ? Quelle est la période exacte de contagiosité ? De nombreuses questions autour du Covid-19 demeurent encore sans réponse. Aujourd’hui, les experts tentent de déterminer si le fait de contracter le Covid-19 et d’en guérir permet d’être immunisé à vie contre ce virus…

Lorsqu’un agent pathogène pénètre dans l’organisme, le système immunitaire détecte la présence de composants étrangers : des antigènes. Notre organisme les considère comme des intrus à éliminer ; il va donc fabriquer des anticorps, chargés de les neutraliser. Selon la nature de l’agent pathogène et l’efficacité du système immunitaire, ce processus nécessite plus ou moins de temps. Dans le cas d’une vaccination, le produit injecté joue le rôle des antigènes : il contient des agents pathogènes inactifs, qui vont eux aussi induire la production d’anticorps. Dans les deux cas, las anticorps fabriqués vont demeurer dans l’organisme et seront en théorie capables de repousser le virus s’il se (re)présente.

Plusieurs cas de récidives identifiés

C’est généralement comme ça que fonctionne le système immunitaire. Prenons l’exemple de la varicelle. Cette maladie, causée par le virus varicelle-zona, est une infection très courante qui se déclare pendant l’enfance. Une fois atteints, la plupart des individus développent une immunité permanente contre cette maladie – sauf quelques rares cas, lorsque la maladie a été contractée avant l’âge de 18 mois, alors que le système immunitaire n’était pas complètement mature. Notez par ailleurs que ce virus – qui demeure « en sommeil » dans l’organisme – peut réapparaître sous forme de zona à l’âge adulte, lorsque le système immunitaire est affaibli ou en cas de fatigue importante. Idem pour le trio rougeole, oreillons et rubéole : ce sont des infections dites immunisantes. Mais pour ces maladies, il existe aujourd’hui une vaccination qui confère une immunité de longue durée.

Quid du Covid-19 ? Au 29 mars, selon l’Agence nationale de Santé publique, on comptait dans l’Hexagone 40’174 cas confirmés et 2606 décès. La question est : est-ce que tous ces gens sortis d’affaire sont désormais définitivement « tranquilles » ? Pas si sûr…

Au mois de février, les médias japonais rapportent le cas d’une femme qui aurait vraisemblablement été victime du virus deux fois. Testée positive au SARS-Cov-2 le 29 janvier, elle a été admise à l’hôpital quelques jours. Une fois son état de santé amélioré, elle est retournée à son domicile. Mais fin février, elle a été testée positive une deuxième fois. Autre cas : un homme, testé positif alors qu’il était à bord du paquebot Diamond Princess, est finalement rentré chez lui après avoir été confirmé négatif. Mais des symptômes sont réapparus une dizaine de jours après. Une visite à l’hôpital a confirmé qu’il était à nouveau infecté. Plusieurs cas similaires ont été rapportés en Chine.

Hitoshi Oshitani, professeur de virologie à la Tohoku University Graduate School of Medicine, aurait déclaré que les réinfections par coronavirus étaient possibles, mais qu’elles seraient probablement moins graves. Une hypothèse soutenue également par Marc Windisch, chef du laboratoire de virologie moléculaire appliquée à l’Institut Pasteur de Corée : « les réinfections sont généralement asymptomatiques ou accompagnées de symptômes bénins ».

Une rechute « peu probable » chez les individus en bonne santé

Devant le phénomène, la communauté médicale reste dubitative. Si les individus ne développaient pas d’immunité, les cycles d’infection demeureraient sans fin…

Certains experts évoquent une réactivation du virus. Masaya Yamato, directeur du Centre des maladies infectieuses du Centre médical général Rinku d’Osaka, explique ainsi qu’il se peut que l’organisme n’ait simplement pas eu le temps de produire d’anticorps la première fois. « Chez les personnes en bonne santé, avec des anticorps complètement développés, la réactivation est plutôt improbable », ajoute-t-il. D’autres mettent en doute la fiabilité des tests de dépistage, comme le professeur Jeffrey Shaman de l’université de Columbia à New York : « Il se peut que les tests utilisés ne soient pas fiables, un problème déjà identifié pour d’autres virus respiratoires ».

Les résultats obtenus par une équipe de l’Académie chinoise des sciences médicales de Pékin sont, quant à eux, plutôt encourageants. Dans le cadre d’une expérience visant à étudier la réponse immunitaire au SARS-Cov-2, ces chercheurs ont inoculé le virus à quatre macaques. Une semaine plus tard, ils ont tous les quatre présenté une charge virale élevée, et les symptômes typiques du Covid-19. Une fois rétablis, deux semaines après, des anticorps ont bien été détectés dans leur sang. Les chercheurs ont donc entrepris de réinfecter deux des singes, mais la tentative a échoué : ces animaux semblaient donc immunisés.

D’autres spécialistes des maladies infectieuses se veulent rassurants, arguant que les preuves d’une réponse immunitaire efficace sont de plus en plus convaincantes. « Cette protection est très probablement à vie », explique Martin Hibberd, spécialiste des maladies infectieuses à l’institut d’hygiène et de médecine tropicale de Londres. « Bien que nous ayons besoin de plus de preuves pour en être sûrs, les personnes qui se sont rétablies sont peu susceptibles d’être à nouveau infectées par le SRAS-CoV-2 ».

Une immunité qui reste à caractériser

Si l’immunité est possible, reste à savoir si elle est durable et pour combien de temps. Mais face à ce tout nouveau virus, les spécialistes ne sont pas encore à même d’apporter une réponse catégorique. Le Dr Manuel Schibler, du Service des maladies infectieuses des Hôpitaux Universitaires de Genève parle d’« une immunité qui dure un certain temps […], ça peut être plusieurs mois, voire peut-être quelques années, donc c’est relativement invraisemblable qu’on puisse être réinfecté au cours de la même épidémie ».

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On sait déjà que d’autres coronavirus, relativement fréquents chez l’homme, induisent une immunité de courte durée, comme l’explique Peter Openshaw, immunologiste à l’Imperial College London : « Certains autres virus de la famille des coronavirus, tels que ceux qui provoquent des rhumes courants, ont tendance à induire une immunité qui est relativement de courte durée, à environ trois mois ». Effectivement, selon les individus, le rhume nous atteint régulièrement tout au long de l’année et ce, chaque année… Espérons qu’il n’en soit pas de même pour le SARS-Cov-2 !

Selon P. Openshaw, davantage de tests sur les personnes rétablies de l’infection sont nécessaires pour en savoir plus sur la protection immunitaire induite. Une étude d’envergure sur plus de 100’000 personnes est notamment prévue en Allemagne, à Brunswick, au Centre Helmoltz de recherche sur les maladies infectieuses, pour déterminer si ces personnes sont immunisées.

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