Un réseau de trains européens à très grande vitesse pour concurrencer les avions ?

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| PriestmanGoode
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Tisser une gigantesque toile ferroviaire à l’échelle de l’Union européenne pour interconnecter tous les pays… Les ambitions qu’affichent de nombreux leaders de l’industrie ferroviaire en Europe ne sont pas des moindres. Elles ne s’arrêtent pourtant pas là, puisque ces derniers ont souligné un objectif des plus frappants : faire concurrence au réseau aérien en matière de vitesse de voyage.

Cette réunion entièrement dédiée au réseau ferroviaire s’est tenue à Lyon, le 29 juin 2022. L’idée : développer une vision d’un nouveau réseau ferroviaire ultra moderne à très grande vitesse. Celui-ci devra être capable, selon les membres présents, de relier les principales villes de l’Union européenne en aussi peu de temps qu’un transport aérien. La réunion en question impliquait des représentants de la Commission européenne, de la Communauté européenne des chemins de fer, de l’industrie européenne de l’approvisionnement ferroviaire et d’ALLRAIL — qui représente les chemins de fer non publics.

L’idée derrière cette initiative est bien entendu de mettre en place un mode de transport plus durable. Selon la Commission européenne, le transport est en effet responsable d’un quart du total des émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne. Il devra donc forcément s’agir d’un chantier majeur si les acteurs de l’UE comptent tenir les objectifs posés par le fameux Pacte vert. Pour rappel, celui-ci recouvre une série de propositions visant à atteindre un but de neutralité climatique pour l’Europe à l’horizon 2050.

La route et l’aviation sont, dans cet ordre, les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre dans ce secteur du transport. À l’inverse, le rail est globalement considéré comme une alternative plus verte. À titre d’exemple, un vol Paris-Berlin génère au moins six fois les émissions de dioxyde de carbone d’un trajet en train similaire, selon un rapport conjoint d’organisations environnementales d’Allemagne, de Pologne, d’Espagne et de France.

Cependant, intéresser réellement les passagers et faire du transport ferroviaire une véritable alternative majeure au transport aérien est plus qu’exigeant. C’est pour cette raison qu’a été évoquée la nécessité de rendre les trajets au moins aussi intéressants que les vols au niveau de la durée. Un tel projet nécessiterait de tripler la distance des voies ferrées existant actuellement au sein du réseau européen d’ici 2050. Plusieurs pays européens possèdent cependant un réseau assez développé, mais qui reste plutôt local. D’ailleurs, en France, la tendance a plutôt été à la diminution de l’offre ferroviaire, surtout sur des lignes régionales.

Une seule plateforme pour tous les billets de train européens

Les membres de ce rassemblement ont aussi évoqué l’une des priorités de la Communauté européenne des chemins de fer, qui devrait faciliter la vie des passagers. Ils ont en effet pour projet de créer une plateforme de billetterie indépendante d’ici 2025, rassemblant tous les tarifs et horaires disponibles à travers l’Europe. D’ici 2030, ces informations pourraient même être intégrées à d’autres modes de transport, proposant aux voyageurs des informations pour des déplacements en train, en bus, à vélo ou en tram… Ou tout cela à la fois.

Des exemples fonctionnels de liaisons internationales existent, comme l’Eurotunnel, le train qui relie Suède et Danemark, ou encore le Thalys, qui fait la liaison entre la France, la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas. Ces options restent toutefois souvent bien plus onéreuses que des avions voyages en avion low cost. Certains se montrent donc sceptiques quant à la réalisation d’un tel projet, d’autant plus que l’industrie ferroviaire a été sérieusement impactée par la crise sanitaire récente. « Malheureusement, nous avons déjà tout entendu et cela ressemble une fois de plus à des promesses de chemins de fer intenables. L’expérience nous dit qu’ils ne peuvent pas fournir ce type de réseau dans les délais qu’ils suggèrent », a déclaré Jon Worth, un militant pour le rail transfrontalier, à CNN.

« Les émissions totales de CO2 de l’UE s’élèvent à environ 3,8 milliards de tonnes chaque année. Mais si nous réduisons les quotas de carbone actuels pour les secteurs de l’aviation et des routes, les revenus supplémentaires pourraient être utilisés pour financer des améliorations des transports publics », rétorque Alberto Mazzola, de la Communauté des chemins de fer européens. Les émissions de carbone excédentaires des avions de ligne, des camions et des voitures sont actuellement facturées à 50 € par tonne dans l’UE, mais cela pourrait bientôt atteindre 80 € par tonne, explique ainsi CNN.

Si le projet se met en place, il donnera en tout cas sans nul doute lieu à de nombreux débats houleux. Entre législations des différents pays, coûts de mise en place faramineux et grandes décisions, il y aura du pain sur la planche. À commencer par une question à la fois terriblement simple et complexe formulée par Alberto Mazzola : « Si nous le construisons, où devrait-il permettre d’aller ? ».

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