Le rover Curiosity découvre de surprenantes tours de pierre sur Mars

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| NASA/JPL-Caltech/MSSS
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Le rover Curiosity est en résidence dans le cratère Gale sur Mars depuis 2012, qu’il explore sans relâche et duquel il transmet parfois d’étranges photographies, qui peuvent rappeler le passé moins aride de la planète. Le 7 mai, c’était une formation en forme de « porte«  qui avait intrigué le monde entier. Récemment, ce sont deux formations délicates défiant la gravité. Elles ressemblent presque à des jets d’eau gelés versés d’une cruche invisible depuis le ciel. Elles proviendraient de substances semblables à du ciment, remplissant autrefois d’anciennes fissures du substrat rocheux, érodés depuis.

Le rover Curiosity est en mission d’exploration du cratère Gale, sur Mars, depuis 10 ans, gravissant la montagne centrale du cratère, le mont Sharp, et offrant des selfies et des aperçus de la géologie, de l’histoire et de l’atmosphère de la planète rouge au fur et à mesure. Faisant partie de la mission Mars Science Laboratory de la NASA, Curiosity est le rover le plus grand et le plus performant jamais envoyé sur Mars.

Au début de sa mission, les outils scientifiques de Curiosity ont trouvé des preuves chimiques et minérales d’anciens environnements habitables sur Mars. Il continue d’explorer les archives rocheuses d’une époque où Mars aurait pu abriter une vie microbienne.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Il chasse les roches spéciales qui se sont formées dans l’eau et/ou présentent des signes de matières organiques. Récemment, il a pu contempler des formations géologiques particulières, pouvant nous faire rêver à des sculptures, voire à du corail pour certaines. L’institut SETI — une organisation de recherche axée sur la recherche d’une vie extraterrestre — a publié sur Twitter la dernière photographie, qualifiée de « cool ».

Défier la gravité sur Mars, comme sur Terre

Au milieu des sables peu profonds et des rochers du cratère Gale, deux tours sinueuses s’érigent vers le ciel de Mars, semblant défier la gravité. L’image, prise le 17 mai, provient d’une caméra (la Mastcam) à bord du rover Curiosity, montée sur mât. L’image n’a été partagée que la semaine dernière par la NASA et les experts de l’institut SETI.

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Formations rocheuses trouvées sur Mars. © NASA/JPL-Caltech/MSSS

Les scientifiques expliquent que les pointes sont très probablement dues à des « remplissages cimentés » d’anciennes fractures dans une roche sédimentaire, de manière naturelle. Le reste de la roche était composé d’un matériau plus tendre et a été érodé.

Elles rappellent les formations géologiques terrestres que sont les cheminées de fées, demoiselles coiffées ou « hoodoo rock ». Ce dernier terme est spécifique à l’Ouest américain, surement dérivé du vaudou de l’Afrique de l’Ouest, selon lequel des pouvoirs magiques s’associent à des formes naturelles.

Les cheminées de fées peuvent faire quelques centimètres à plusieurs mètres de haut. Elles résultent de l’action combinée des érosions éoliennes, pluviales et hydriques, ainsi que de divers processus d’altération physique et chimique, leur donnant des formes différentes. Elles sont généralement formées de roches ou de strates litées horizontalement, dans lesquelles des matériaux relativement tendres s’intercalent à d’autres matériaux plus résistants (p. ex., une alternance de couches de shale et de couches de grès). La météorisation et l’érosion différentielles déblaient les couches tendres plus rapidement que les couches dures. Les cheminées de fées sont souvent coiffées d’une couche résistante (la roche couverture) qui en protège les parties inférieures. Si cette roche couverture disparaît, la base de la cheminée est rapidement détruite.

Ce phénomène a généralement lieu dans des environnements secs, comme les canyons de l’Utah ou du sud de la Serbie. On en observe en Italie, Espagne, en Turquie ou en France. Les structures de Mars semblent bien plus frêles que celles présentes sur Terre, mais elles sont clairement suffisamment solides pour résister à la gravité de surface.

Des fleurs sur Mars ?

Fin février, le rover Curiosity a fait parvenir des images de formations minérales tout aussi fascinantes. Kevin Gill, célèbre pour le traitement des images spatiales de la NASA, a publié ces clichés sur Twitter, les comparant à des fleurs martiennes, voire à du corail. Les scientifiques ont utilisé le Mars Hand Lens Imager du rover, appelé MAHLI, pour prendre ces images en gros plan. La NASA décrit cet instrument comme « la version rover de la loupe grossissante que les géologues emportent habituellement avec eux sur le terrain ».

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Comparaison de la « fleur martienne » à une pièce de 1 cent de dollar américain. © Abigail Fraeman – NASA/JPL-Caltech/MSSS

C’est l’une des roches les plus inhabituelles jamais trouvées sur Mars. Plus petit qu’une pièce de 1 cent de dollar américain, le rocher possède plusieurs appendices. Ce serait une découverte majeure si la roche se révélait être une véritable fleur martienne fossilisée, néanmoins il existe des explications moins spectaculaires pour sa structure insolite.

Ainsi, la théorie privilégiée définit cette roche comme étant un type de concrétion créée par des minéraux déposés par l’eau dans des fissures ou des divisions dans la roche existante. Ces concrétions peuvent être compactées ensemble, être plus dures et plus denses que la roche environnante et ainsi perdurer, même après l’érosion de cette dernière.

La structure de la fleur peut également être causée par des amas de cristaux. Le petit rocher, nommé Blackthorn Salt, présente des similitudes avec les « cailloux martiens » précédemment photographiés. D’ailleurs, Abigail Fraeman, scientifique adjointe du projet Curiosity, a déclaré sur Twitter que ces caractéristiques vues auparavant étaient constituées de sels appelés sulfates.

Les scientifiques continueront d’étudier les données et les images prises de ces surprenantes roches martiennes, témoins du passé « aquatique » de la planète rouge. Ce domaine d’étude pertinent et crucial aidera les scientifiques à déterminer si la planète, désormais inhospitalière, était autrefois capable d’héberger la vie microbienne.

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