Une étrange structure ressemblant à une porte découverte sur Mars

structure roche porte mars
Image capturée par le MastCam de Curiosity le 7 mai 2022. | NASA/JPL-Caltech/MSSS
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Le 7 mai, le rover Curiosity — qui explore la planète Mars depuis bientôt 10 ans, dans le cadre de la mission Mars Science Laboratory — a capturé l’image d’une structure rocheuse rectangulaire, ressemblant étrangement à l’entrée d’une galerie souterraine. Alors que les spéculations vont bon train concernant cette structure atypique, les scientifiques confirment que cette « porte » n’est pas une construction extraterrestre, mais simplement le fruit d’une fracture dans la roche.

Les amateurs de science-fiction seront sans doute très déçus, mais ce n’est pas la première fois que des clichés de Mars donnent naissance à des théories plus ou moins farfelues. On se souvient bien sûr du célèbre « visage de Mars », capturé pour la première fois en 1976 par l’orbiteur de la sonde américaine Viking 1 ; les clichés pris au cours des missions suivantes, bien plus détaillés, avaient révélé qu’il ne s’agissait évidemment que d’une formation géologique façonnée par des glissements de terrain.

Plus récemment, en 2019, c’est une jambe de robot que plusieurs personnes étaient persuadées de voir dans un minuscule rocher photographié par Curiosity ; un outil à tête cruciforme a également fait son apparition à la surface de Mars en 2020… De par la morphologie de la surface et le jeu des ombres portées, il se trouve que plusieurs illusions d’optique peuvent ressortir ainsi des clichés capturés par les rovers de Mars. Et cette paréidolie n’est pas exclusive à Mars, comme le prouve le soi-disant « cube », photographié sur la Lune par le rover Yutu-2 en décembre 2021 (celui-ci n’était finalement qu’une simple roche).

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Une fracture de cisaillement déclenchée par un séisme

L’étrange structure récemment découverte par Curiosity alors qu’il escaladait le mont Sharp n’est qu’un autre exemple de paréidolie : une ouverture apparemment rectangulaire et sombre, qui semble mener au sous-sol martien — du moins, c’est ce qu’imaginent les personnes désireuses de croire en une vie martienne intelligente. Cependant, le même cliché pris sur un plan plus large révèle immédiatement que cette cavité n’a rien d’une porte — d’autant plus qu’elle ne mesure que 45 cm de hauteur ! Il ne s’agit que d’une fracture dans la roche, comme il y en a beaucoup dans cette zone.

vue panoramique porte mars
Vue panoramique de la zone abritant la « porte » martienne. © NASA/JPL-Caltech/MSSS

« Nous avons traversé une zone qui s’est formée à partir d’anciennes dunes de sable. […] C’est juste l’espace entre deux fractures dans un rocher », a déclaré à Gizmodo Ashwin Vasavada, scientifique du projet Mars Science Laboratory. Il se trouve que ces dunes se sont compactées au fil du temps, créant les affleurements de grès que traverse actuellement Curiosity. Or, à mesure que le sable se déplace à la surface de Mars, la roche subit des variations de pression pouvant conduire à des déformations et des fractures par cisaillement, le plus souvent verticales.

Cette cavité en forme de porte a pu apparaître via deux processus différents selon le scientifique : elle peut résulter de deux fractures verticales légèrement espacées — auquel cas le matériau entre les deux a fini par s’effondrer — ou bien d’une seule fracture séparant deux blocs de roche qui se sont ensuite un peu écartés l’un de l’autre. Un séisme pourrait être à l’origine de ces fractures. La sonde InSight a d’ailleurs enregistré le 4 mai dernier un séisme de magnitude 5 — le plus fort jamais détecté sur une autre planète.

Une topographie particulière, propice à l’imagination

Le rover Curiosity explore la surface martienne depuis son atterrissage en août 2012 dans le cratère Gale ; il a parcouru depuis près de 28 kilomètres. Lorsqu’il ne collecte pas d’échantillons de roche et de sol, l’astromobile prend plusieurs clichés de son environnement à l’aide d’un duo de caméras fixées au sommet d’un mât, à environ deux mètres du sol : le MastCam. L’instrument peut capturer des images en couleurs, en lumière visible et en proche infrarouge, qui permettent aux scientifiques du projet d’identifier les caractéristiques géologiques et de reconstituer la topographie du site.

Malgré l’explication rationnelle des experts, les amateurs de science-fiction restent persuadés que cette porte « un peu trop bien taillée » est une preuve de l’existence d’une civilisation extraterrestre — certains parvenant même à distinguer un crâne peint à l’intérieur de la cavité… Parce que la surface martienne est particulièrement granuleuse et que les images capturées par les sondes spatiales et les rovers sont publiées sans échelle, il est relativement aisé de voir des objets extraterrestres là où il n’y en a pas.

En septembre 2012, c’est un animal vivant que certaines personnes croient distinguer sur une photo prise sur le site Rocknest, où sont dispersées de nombreuses roches sombres — une sorte de rongeur accroupi entre deux roches, le museau collé au sol. Certains avaient même évoqué à l’époque la possibilité que la NASA ait volontairement envoyé l’animal sur Mars dans le cadre d’une expérience (étant donné les conditions extrêmes qui règnent sur Mars, il est peu probable qu’un quelconque organisme puisse y survivre).

animal vivant Mars
N’en déplaise à certains adeptes de théories aliens, l’animal martien n’est en réalité qu’une roche comme les autres… © NASA/JPL-Caltech

En 2015, d’autres étaient convaincus d’avoir vu une cuillère volante sur l’un des clichés de Curiosity ; la NASA a expliqué qu’il s’agissait d’une formation rocheuse sculptée au fil du temps par les vents martiens.

cuillère volante Mars
Cette photographie prise en 2015 par Curiosity n’est pas une cuillère flottante, mais une structure rocheuse sculptée par les vents martiens. © NASA/JPL-Caltech/MSSS

Perseverance relaie lui aussi de nombreux clichés de Mars, et tant que des gens continueront de croire fermement à l’existence d’une vie martienne, nous aurons encore sans doute droit à plusieurs exemples de paréidolies dans les années à venir.

Source : NASA

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