Une nouvelle analyse, mise en lumière par un vaste panel de chercheurs, plaide pour une mise en œuvre accrue des interventions dites « Food is Medicine » (« la nourriture est de la médecine ») dans les systèmes de santé mondiaux, dans le but d’améliorer le niveau de santé global.
L’article a été co-écrit par Seth A. Berkowitz, professeur adjoint de médecine à l’UNC School of Medicine. Ce dernier a récemment mis en lumière le fait que l’insécurité alimentaire est connue pour être un problème d’équité en santé, et que cela affecte de manière disproportionnée les minorités raciales et ethniques, ainsi que les personnes à faible revenu et les communautés rurales. Ainsi, cette insécurité alimentaire joue désormais un rôle important dans la pandémie de COVID-19, et les résultats sanitaires associés. Par ailleurs, Berkowitz a également mené un certain nombre d’études sur les besoins sociaux liés à la santé et leurs effets sur cette dernière.
À présent, et selon les auteurs de cet article, le monde est confronté à une épidémie de maladies chroniques liées à l’alimentation, avec un décès sur cinq attribué à une alimentation sous-optimale, plus que tout autre facteur de risque, y compris le tabac. Et les chercheurs suggèrent que des interventions nutritionnelles dispensées dans le système de santé pourraient être associées à de meilleurs résultats dans ce domaine.
« Food is Medicine » est une initiative visant à intégrer des interventions alimentaires et nutritionnelles spécifiques dans le système de santé, ou étroitement coordonnées avec celui-ci. Ces interventions comprennent des repas médicalement adaptés, des produits d’épicerie médicalement adaptés et une production d’ordonnances à ce but.
Selon les auteurs, les cliniciens doivent être suffisamment informés pour reconnaître les besoins nutritionnels d’un patient et comprendre l’impact de ces derniers. Cependant, ce n’est pas encore le cas dans de nombreux pays, y compris aux États-Unis et en Europe. « Une formation en nutrition dispensée dans toutes les disciplines est la promesse d’une éducation et d’un traitement nutritionnels des patients plus efficaces », ont expliqué les auteurs.
« Les cliniciens doivent être familiarisés avec les outils d’évaluation nutritionnelle validés, la gamme de produits alimentaires disponibles et les interventions médicales, ainsi que les systèmes et les structures d’incitation qui permettent et encouragent leur utilisation dans la pratique clinique », ont-ils ajouté.
Les avantages de cette approche consistent à offrir aux patients une plus grande capacité à suivre les recommandations diététiques et à alléger les contraintes budgétaires qui pourraient les empêcher d’acheter certains médicaments ou de payer leurs factures. Les chercheurs suggèrent également qu’avec ces interventions, les cliniciens pourraient voir une meilleure gestion de la maladie, et moins d’hospitalisations, à un niveau global.
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« Tandis que les systèmes de soins de santé continuent d’évoluer pour faire face à la crise mondiale des maladies liées à la nutrition, les interventions ‘food is medicine’ devraient être soumises à des normes rigoureuses lorsque des décisions concernant la mise en œuvre, la couverture et les soins sont prises », écrivent les auteurs. « La nourriture en tant que médicament ne peut plus être exclue comme étant extérieure ou accessoire à la prestation des soins de santé », ont ajouté les auteurs.
En plus de Berkowitz de l’UNC School of Medicine, le panel de chercheurs à l’origine de ces études comprend Sarah Downer du Center for Health Law and Policy Innovation de la Harvard Law School, Timothy Harlan de la George Washington University School of Medicine and Health Sciences, Dana Lee Olstad de la Cumming School of Medicine de l’Université de Calgary et Dariush Mozaffarian de la Friedman School of Nutrition Science and Policy de l’Université Tufts.