C’est officiel, nous vivons dans la décennie la plus chaude jamais enregistrée

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Le glacier d'Aletsch en Suisse est l'un des plus grands d'Europe. Il s'est retiré d'environ trois kilomètres depuis 1870, à cause du réchauffement climatique. | Denis Balibouse/Reuters
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À l’occasion de la COP25 qui se tient à Madrid, l’ONU a annoncé que l’année 2019 s’inscrira parmi les trois années les plus chaudes jamais enregistrées depuis 1850 et vient conclure une décennie « de températures exceptionnelles ». De ce fait, cette décennie est officiellement la plus chaude de l’histoire. L’annonce a été faite dans le cadre d’une évaluation annuelle soulignant les moyens par lesquels le changement climatique surpasse la capacité de l’humanité à s’y adapter.

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a déclaré que les températures globales enregistrées cette année étaient de 1.1 °C supérieures à la moyenne préindustrielle, soit entre 1850 et 1900. De ce fait, 2019 est sur le point de figurer dans les trois années les plus chaudes jamais enregistrées, et est également probablement la plus chaude sans El Niño, à ce jour.

Selon l’OMM, les émissions d’origine humaine dues à la combustion de combustibles fossiles, à la construction d’infrastructures, à la culture et au transport de marchandises signifient que 2019 battra le record des concentrations de carbone dans l’atmosphère, provoquant ainsi encore davantage de réchauffement.

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La planète va mal. Nous devons à tout prix agir, maintenant.

D’ailleurs, les océans, qui absorbent 90% de la chaleur excédentaire produite par les gaz à effet de serre, atteignent à présent leurs températures les plus élevées. De ce fait, les mers du monde entier sont maintenant 25% plus acides qu’il y a 150 ans, menaçant les écosystèmes marins vitaux sur lesquels des milliards de personnes dépendent pour se nourrir et créer des emplois. En octobre dernier, le niveau moyen des océans de la planète a atteint son niveau record, alimenté par les quelque 329 milliards de tonnes de glace perdues de la calotte glacière du Groenland, et ce, uniquement en l’espace de 12 mois.

Bientôt plus de 22 millions de migrants climatiques…

À noter également que chacune des quatre dernières décennies a été plus chaude que la dernière. Et le changement climatique n’est pas un phénomène éloigné auquel auront à faire face les générations futures. Non. Les effets de la consommation insatiable de l’humanité, d’une croissance à tout prix, dans tous les domaines, signifie déjà à l’heure actuelle que des millions de personnes en subissent les conséquences.

Le rapport indique qu’à l’heure actuelle, plus de 10 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays au premier semestre de 2019, dont sept millions directement en raison d’événements climatiques extrêmes telles que des tempêtes, des inondations et de sécheresses. Selon l’OMM, les nouveaux déplacements dus aux conditions météorologiques extrêmes pourraient atteindre les 22 millions d’ici la fin de l’année.

« Le nombre de nouveaux déplacements liés à des phénomènes météorologiques extrêmes pourrait plus que tripler pour atteindre environ 22 millions (de personnes) à la fin de 2019 », a ajouté l’OMM. Les vagues de chaleur et les inondations, qui frappaient jadis (une fois par siècle), se produisent de plus en plus régulièrement. Des Bahamas au Japon, en passant par le Mozambique, des pays ont subi les effets dévastateurs des cyclones tropicaux. Les feux de forêt ont balayé l’Arctique et l’Australie », explique Petteri Taalas, le secrétaire général de l’OMM, qui insiste également sur la pluviométrie plus irrégulière qui, combinée à la croissance démographique, posera des défis considérables en matière de sécurité alimentaire pour les pays vulnérables.

Nous devons nous adapter et agir suffisamment rapidement

Les nations sont actuellement en pourparlers cruciaux à Madrid, dans le but de finaliser les règles de l’accord de Paris sur le climat de 2015, qui enjoint aux pays de s’employer à limiter la hausse de la température mondiale à « bien en dessous de » 2 °C. L’année dernière, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a souligné à quel point il était vital pour l’humanité de viser un plafond plus sûr de 1.5 °C, idéalement en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en reconvertissant l’énergie mondiale en énergie renouvelable.

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La température globale est en hausse. Crédits : Gerhard Riezler/Keystone

L’ONU a déclaré la semaine dernière dans son évaluation annuelle du « déficit d’émissions », que le monde devait réduire ses émissions de carbone de 7.6% chaque année, jusqu’en 2030, pour atteindre ces 1.5 °C. Cependant, les émissions ne font qu’augmenter.

Tandis que les gouvernements dépensent des centaines de milliards de dollars pour subventionner les combustibles fossiles, il ne semble pas y avoir de consensus à Madrid sur la manière dont les pays déjà confrontés à une catastrophe liée au climat, peuvent financer leurs efforts pour s’adapter à la nouvelle réalité.

« Nos activités économiques continuent à utiliser l’atmosphère comme dépotoir de gaz à effet de serre », a déclaré Joeri Rogelj, conférencier de Grantham à la conférence sur le changement climatique de l’Imperial College de Londres.

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Et même si toutes les promesses de Paris ont été honorées, la Terre reste toujours sur la voie des 3 °C de hausse (par rapport à l’époque préindustrielle), d’ici la fin du siècle. En effet, selon les résultats scientifiques, il n’y a aucune indication d’une atténuation du réchauffement et les chiffres seront toujours plus élevés si nous continuons avec le comportement adopté actuellement.

Une partie des discussions à Madrid vise à amener les pays à renforcer leurs ambitions en matière d’action pour le climat avant l’échéance de l’année prochaine. Friederike Otto, directrice adjointe de l’Institut de changement environnemental de l’Université d’Oxford, a déclaré que le rapport de l’OMM « souligne que nous ne nous sommes même pas adaptés à un réchauffement de 1.1 degré. Et il ne fait aucun doute que ce 1.1 degré est dû à la combustion de combustibles fossiles », a-t-elle déclaré.

Kat Kramer, responsable du climat mondial de Christian Aid, a déclaré que le rapport de l’OMM montrait la nécessité de réaliser des progrès concrets à Madrid. « Les délégués n’ont aucune excuse pour bloquer le progrès ou traîner les pieds quand la science montre à quel point il est urgent d’agir ! », a-t-elle ajouté.

Source : AFP

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