La source de l’émission d’un gaz interdit par le Protocole de Montréal a été identifiée

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| Jonny Lindner
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Des scientifiques américains ont annoncé une mystérieuse poussée de produits chimiques destructeurs de l’ozone, connus sous le nom de chlorofluorocarbures (ou CFC). À présent, les chercheurs ont réussi à identifier la source de ces émissions.

Mis au point dans les années 1930, le CFC-11, est un chlorofluorocarbone utilisé comme réfrigérant, propulseur pour aérosols, solvant et agent gonflant pour les isolants en mousse de polymère. Sans oublier qu’il est un destructeur important de la couche d’ozone.

Le produit a été interdit en 1987 en vertu du Protocole de Montréal (un accord multilatéral international sur l’environnement qui fait suite à la convention de Vienne sur la protection de la couche d’ozone. Cet accord a pour objectif de réduire et à terme éliminer complètement les substances qui réduisent la couche d’ozone). De ce fait, il n’y a qu’une seule explication possible et elle est très simple : l’accord n’est pas respecté par tous les signataires.

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L’atmosphère terrestre est l’enveloppe gazeuse entourant la Terre. Cette dernière permet notamment de protéger la vie sur Terre en absorbant le rayonnement solaire ultraviolet. Crédits : ASC

Après de nombreuses spéculations, des recherches scientifiques ont finalement confirmé l’emplacement et l’ampleur de ces émissions nocives. Selon les experts, cela viendrait principalement de la côte nord-est de la Chine continentale. En effet, la nouvelle étude publiée dans la revue Nature et intitulée Augmentation des émissions de CFC-11 dans l’est de la Chine sur la base d’observations atmosphériques, met en lumière cette problématique.

Pourtant, cette région hautement industrielle a continué d’émettre, accidentellement ou non, du CFC-11 : il s’agit aujourd’hui du deuxième chlorofluorocarbone le plus abondant dans l’atmosphère. À savoir que dans cette zone, entre les périodes allant de 2008 à 2012 et de 2014 à 2017, les émissions de CFC-11 ont augmenté d’environ 110%. « Cette augmentation représente une fraction substantielle (au moins 40 à 60%) de la hausse mondiale des émissions de CFC-11 », explique une équipe internationale de chercheurs dans leur nouveau rapport.

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Voici l’évolution des émissions de CFC-11 dans l’atmosphère entre 2008-2012 et 2014-2017. Les hausses sont représentées en rouge et les baisses en bleu. Crédits : Nature

« Nous ne trouvons aucune preuve d’une augmentation significative des émissions de CFC-11 dans tous les autres pays d’Asie de l’Est ou d’autres régions du monde où il existe des données disponibles pour la détection des émissions régionales », ajoutent les chercheurs.

Ces violations ne sont très probablement pas signalées car le CFC-11 est illégal. Pourtant, malgré le fait qu’il soit illégal, ce dernier constitue l’un des moyens les moins coûteux pour produire de nouveaux matériaux isolants en mousse dans les réfrigérateurs et les bâtiments par exemple.

« Cette augmentation n’était pas une surprise. Mais auparavant, nos observations étaient basées sur des modèles informatiques. Nous, nous avons réussi à quantifier ces émissions sur le terrain », indique la chercheuse principale de l’étude, Sunyoung Park, de l’Université nationale Kyungpook, en Corée du Sud.

Les lieux découverts et les exemples donnés par les chercheurs sont basés à Xingfu, une ville industrielle rurale dans la province du Shandong, en Chine. En rassemblant des observations atmosphériques relatives à la Corée du Sud et au Japon, les chercheurs ont ensuite comparé ces données de surveillance mondiales et les mouvements de produits chimiques atmosphériques en provenance de l’Asie de l’Est, soit la zone la plus suspectée comme étant la principale source de CFC-11.

« Cela aurait pu être du CFC-11 résiduel, mis en place avant les interdictions internationales et qui continue de se déplacer dans l’atmosphère. Mais le nombre d’émissions supplémentaires est trop élevé pour n’être attribuable qu’aux émissions provenant d’isolants déjà en place », explique Ray Weiss, géochimiste au centre d’océanographie Scripps.

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À noter que Shandong (la province voisine de Hebei) est aussi impliquée. En effet, ces deux régions sont connues pour être de gros producteurs industriels dans le secteur manufacturier du pays, et bien que le produit chimique ne soit peut-être pas créé dans un premier temps en ces lieux, il est absolument certain qu’il est émis à des taux alarmants dans les environs.

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En 2015, à l’occasion de la COP21, le directeur associé de la recherche à la division des sciences de la Terre de la NASA, démontre ici l’évolution prévue du trou de la couche d’ozone, au-dessus de l’Antarctique. Crédits : The Associated Press/Francois Mori

Dans tous les cas, que ces usines sachent ce qu’elles font ou non (bien que les experts soient persuadés que ces entreprises savent très bien ce qu’elles font et quelles émissions en découlent), leurs actions constituent une menace sérieuse pour la couche d’ozone, et de ce fait, également pour la crise climatique. En effet, le CFC-11 exerce un puissant effet de piégeage de la chaleur dans l’atmosphère. Par conséquent, si les émissions continuent telles quelles (ou augmentent), les experts affirment que cela équivaudrait à la quantité de CO2 produite par 16 centrales au charbon, et ce, chaque année.

Malheureusement, cette nouvelle recherche ne vise pas à identifier le ou les coupable(s). Il est donc difficile de déterminer si ces émissions sont généralisées dans les deux régions chinoises ou dispersées entre plusieurs sources.

De ce fait, les responsables doivent encore être identifiés de manière précise. L’équipe de recherche, comprenant notamment le réseau de surveillance international AGAGE (Advanced Global Atmospheric Gases Experiment), la Division de la surveillance mondiale de l’Administration nationale des océans et de l’atmosphère (NOAA) et des chercheurs du centre d’océanographie Scripps, de l’Université de Californie à San Diego, souhaite à présent améliorer son réseau de surveillance, dans le but de mieux cibler les sources de polluants atmosphériques.

Source : Nature

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