Un surplus graisseux est souvent accompagné de potentiels problèmes inquiétants concernant la santé. Cependant, depuis un moment, certains chercheurs se demandent comment le gain de poids influe également sur ce qui se passe dans notre boîte crânienne, au niveau du cerveau.
Une nouvelle étude suggère que ce n’est pas génial : en effet, les recherches démontrent clairement qu’une masse corporelle supplémentaire, en particulier de la graisse transportée autour du ventre, est associée à une diminution troublante du volume du cerveau.
À l’heure actuelle, les chercheurs ne savent pas encore exactement en quoi cette graisse supplémentaire a un impact sur le fonctionnement du cerveau, mais, avec des recherches antérieures établissant un lien entre l’obésité et des problèmes neurologiques, cela semble être tout sauf positif.
« Les recherches existantes ont lié le rétrécissement du cerveau au déclin de la mémoire et à un risque plus élevé de démence, mais les recherches visant à déterminer si un excès de graisse corporelle protège ou nuit à la taille du cerveau n’ont pas été concluantes », déclare l’auteur principal de l’étude, Mark Hamer de l’Université de Loughborough, en Angleterre.
Certaines études ont suggéré un lien entre la diminution de certains types de cellules cérébrales et une augmentation des niveaux de graisse corporelle, ce qui pourrait constituer une cause potentielle d’un risque élevé de problèmes neurologiques. Cependant, tous les chercheurs ne sont pas d’accord avec ces résultats, en particulier lorsque le poids peut fluctuer dans les années précédant le diagnostic de démence.
Pour tenter de mieux comprendre ce phénomène, les chercheurs de cette dernière étude ont comparé les mesures de l’indice de masse corporelle (IMC) et les ratios taille/hanche, à la matière grise, qui contient les corps cellulaires des cellules nerveuses (neurones) et à la matière blanche, qui contient les fibres nerveuses (axones des cellules nerveuses).
Chacun de ces facteurs avait déjà été examiné indépendamment, auparavant. Ce fois-ci, la différence consistait donc à les examiner en un effet conjoint, entre les ratios taille/hanche et les indices IMC.
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Un peu moins de 10’000 personnes ont participé à l’étude, âgées de 40 à environ 70 ans. Toutes avaient participé à une récente enquête, appelée « Biobank » et basée au Royaume-Uni, au cours de laquelle leur corps avait été scanné avec un équipement d’imagerie par résonance magnétique (IRM).
Les mesures de la taille et du poids total du corps ont été utilisées pour calculer un score d’indice de masse corporelle : un indicateur traditionnel, bien que légèrement imparfait, de l’obésité. Des masses de graisse corporelle ont également été enregistrées et combinées avec d’autres éléments, afin de fournir un indice médian de graisse.
Les circonférences de la taille et de la hanche ont également été mesurées pour créer une autre mesure, indiquant un gain de poids. Cela a permis à l’équipe de recherche de créer une banque d’informations anatomiques à explorer et à comparer : un peu moins du 1/5 ème des membres de l’échantillon étaient qualifiés comme obèses et étaient susceptibles de ne pas être physiquement très actifs, mais plus enclins à développer une maladie cardiaque et/ou une hypertension artérielle.
En prenant en compte d’autres facteurs qui pourraient influer sur le volume cérébral, tels que l’âge, le tabagisme et l’exercice physique, l’équipe a découvert que l’indice de masse corporelle seul pouvait être associé à une légère diminution du volume de la matière grise dans le cerveau.
Cependant, le véritable problème était d’avoir un IMC élevé et un ratio taille-hanches élevé. Environ 1300 sujets appartenaient à cette catégorie. Et, en moyenne, ils avaient un volume de matière grise de seulement 786 centimètres cubes. À titre de comparaison, les quelque 3000 individus dont l’IMC et le rapport taille/hanche étaient sains, avaient en moyenne un volume de 798 centimètres cubes de matière grise, tandis que ceux dont l’indice de masse corporelle était élevé et dont le tour de taille était relativement mince, atteignaient jusqu’à 793 centimètres cubes.
L’étude démontre donc clairement une relation entre ces plusieurs éléments. Cependant, à l’heure actuelle, les chercheurs ne connaissent pas encore exactement la nature de ce lien, ce qui reste donc à débattre.
Les chercheurs suggèrent qu’il est possible que l’excès de graisse affecte le système nerveux central par le biais du système cardiovasculaire. Bien entendu, il faut à présent éviter toute conclusion hâtive quant à la manière dont fonctionnent ces relations. Des études comme celles-ci ne peuvent pas exclure la possibilité qu’une perte de matière grise rende également plus difficile la perte de poids. Il faudra donc encore d’autres études afin de pouvoir en comprendre davantage sur ces liens étroits.
Néanmoins, cette recherche démontre de manière convaincante qu’il faut examiner de près le lien existant entre l’obésité, et la neurologie. « Nous avons également trouvé des liens entre l’obésité et le rétrécissement dans des régions spécifiques du cerveau. Cela nécessitera des recherches plus poussées, mais il se peut qu’un jour, la mesure régulière de l’IMC et du rapport taille/hanches puisse également contribuer à la santé du cerveau », a déclaré Hamer.
Récemment, de nombreuses découvertes ont mis en lumière les relations entre la physiologie de nos intestins et le fonctionnement de notre cerveau. Il n’est donc pas aussi étonnant que la graisse corporelle puisse avoir un impact important sur le volume cérébral.