TDAH : le microdosage de psychédéliques améliorerait la pleine conscience en 4 semaines

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Une expérience de microdosage de psychédéliques chez des adultes souffrant de TDAH montre une amélioration de leur état de « pleine conscience » (centrage sur le moment présent) après seulement 4 semaines de traitement. Basés sur l’automédication à domicile, les résultats de cette étude fournissent de précieux indices sur les pratiques sociétales ainsi que pour l’orientation des futures recherches.

Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est l’un des troubles neurodéveloppementaux les plus répandus dans le monde, avec une prévalence de 2,5% chez les adultes. Il se manifeste par diverses combinaisons de symptômes incluant généralement l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité. Les personnes concernées présentent également un profil de personnalité et de pleine conscience différent de celui des neurotypiques. La pleine conscience se traduit par le fait d’être centré sur le moment présent, de ne pas porter de jugements hâtifs ou de ne pas réagir au quart de tour. Les personnes souffrant de TDAH présentent des scores nettement inférieurs de pleine conscience.

Des enquêtes ont révélé qu’une importante population d’adultes TDAH s’autoadministre régulièrement de faibles doses de psychédéliques (microdosage), pour tenter de soulager les symptômes. La psilocybine, le principe actif de certains champignons hallucinogènes, est d’ailleurs largement explorée pour le traitement de différents troubles mentaux tels que la dépression. Cependant, bien que des recherches ont suggéré que le microdosage pourrait modifier les traits de personnalité et l’état de pleine conscience, il n’est pas clair si cela peut affecter les mêmes caractéristiques chez les adultes TDAH. En effet, les microdosages précédemment étudiés concernaient uniquement les altérations de la pleine conscience et des traits de personnalité de la population générale.

La nouvelle étude, menée par des chercheurs de l’Université de Maastricht (Pays-Bas), vise à analyser les différences de traits de pleine conscience et de personnalité chez les personnes diagnostiquées avec un TDAH et/ou présentant des symptômes graves similaires, avant et après un microdosage auto-initié. « Nous souhaitions savoir si et comment ces caractéristiques changeraient après le microdosage chez les adultes atteints de TDAH », explique à PsyPost le coauteur principal de l’étude, Eline CHM Haijen, de l’Université de Maastricht.

Une amélioration notable dans la capacité de description

L’étude, détaillée dans la revue Frontiers in Psychiatry, consiste en une conception naturaliste prospective, c’est-à-dire un suivi d’un échantillon de personnes pratiquant le microdosage à domicile et non au sein de conditions contrôlées en laboratoire. Les participants étaient des adultes souffrant de TDAH ou de symptômes graves du même type et avaient l’intention de débuter volontairement un microdosage de psychédéliques (majoritairement des champignons contenant de la psilocybine).

Les participants devaient effectuer des évaluations psychologiques pour la pleine conscience (par le biais du Five Facet Mindfulness Questionnaire) et pour les traits de personnalité (Big Five Inventory). Ils devaient également signaler leurs éventuelles expériences antérieures avec les psychédéliques, ainsi que tout diagnostic psychiatrique et l’utilisation de médicaments pour le TDAH. Les données ont été collectées par le biais d’enquêtes quotidiennes en ligne avant le début de la médication, 2 semaines après et 4 semaines après. 233 personnes ont répondu à l’enquête au départ, puis seulement 66 et 44 après 2 et 4 semaines (respectivement).

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Scores totaux moyens au FFMQ-15 (A) et sous-échelles distinctes évaluant les capacités suivantes : (B) observation, (C) description, (D) agir avec conscience (E) non-jugement des expériences intérieures, (F) non-réactivité lors d’expériences intérieures, avant médication ; et après 2 semaines (2 W) et 4 semaines (4 W) de microdosage. © Eline CHM Haijen et al.

Après 2 et 4 semaines de microdosage, une amélioration générale de la pleine conscience a été signalée, incluant notamment des facettes/capacités telles que l’observation, la description (la capacité d’associer les bons mots sur ses expériences et de les décrire verbalement ou mentalement), l’action consciente, le non-jugement de l’expérience intérieure (la capacité d’accepter et d’observer ses pensées) et la non-réactivité aux expériences intérieures (faible impulsivité). « Leur score moyen de pleine conscience au bout de 4 semaines était comparable aux scores moyens de pleine conscience des échantillons de la population générale », indique Haijen. Après une analyse plus approfondie, les chercheurs ont constaté que les améliorations les plus notables concernaient surtout les capacités de description et de non-jugement de l’expérience intérieure.

Une atténuation significative du névrosisme — un trait de personnalité associé à l’instabilité émotionnelle — a également été observée après 4 semaines de microdosage, tandis que d’autres traits comme l’extraversion se sont améliorés à 2 semaines. Cependant, les scores moyens obtenus pour le névrosisme étaient toujours supérieurs à ceux de la population générale.

Toutefois, il est important de noter que l’étude comporte des limites non négligeables. L’une d’elles concerne le taux d’abandon élevé ainsi que les expériences désagréables signalées par les participants, résultant du microdosage. Une autre limite réside dans l’aspect de prospection naturaliste, impliquant un non-contrôle des variables (telles que le dosage). Ces facteurs peuvent induire des biais dans les résultats, sans compter l’absence de groupe témoin et de contrôle par placebo. Néanmoins, l’étude fournit de précieux indices et pourrait être considérée comme étant une étape préliminaire pour d’autres études contrôlées et randomisées.

En outre, « grâce aux études naturalistes, comme celle-ci, nous obtenons plus d’informations sur les pratiques de microdosage qui ont lieu dans la société », suggère Haijen. Il a par exemple été constaté que les doses utilisées variaient considérablement d’un individu à l’autre. Chacun semblait expérimenter plusieurs schémas de dosage avant de finalement choisir celui qui lui convenait le mieux.

Source : Frontiers in Psychiatry

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