L’émergence récente de deux variantes — une variante britannique et une variante sud-africaine — du coronavirus SARS-CoV-2 a suscité l’inquiétude de la communauté scientifique concernant notamment l’efficacité des vaccins développés par Moderna et Pfizer/BioNTech. En effet, ces nouvelles versions du coronavirus possèdent des mutations particulières au niveau de la protéine Spike (la protéine de pointe), qui pourraient rendre inefficaces les vaccins anti-COVID actuels. Une étude menée par Pfizer a toutefois révélé que son vaccin générait bien une réponse immunitaire capable de cibler ces deux variantes. Toutefois, des analyses supplémentaires sont nécessaires pour préciser le niveau de protection immunitaire réel offert par le vaccin contre l’ensemble des mutations considérées.
Le vaccin anti-COVID-19 de Pfizer/BioNTech semble protéger contre les coronavirus porteurs d’au moins l’une des mutations clés trouvées dans deux variantes de coronavirus à l’origine d’une propagation rapide à travers le Royaume-Uni, selon une nouvelle étude publiée sur le serveur de prépublication bioRxiv.
Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer que le niveau de protection offert par le vaccin est aussi élevé que contre les variantes plus anciennes — et pour garantir qu’il protège contre les coronavirus porteurs d’une autre mutation significative trouvée dans la variante sud-africaine.
Vaccin anti-COVID de Pfizer : il se montre efficace contre 16 mutations
L’émergence de nouvelles variantes de coronavirus, apparemment plus transmissibles, a suscité une inquiétude généralisée quant à savoir si les vaccins existants, y compris le vaccin Pfizer/BioNTech, resteront efficaces. Dans l’étude, qui n’a pas encore été évaluée par des pairs, Pfizer et des chercheurs de la branche médicale de l’Université du Texas ont prélevé des échantillons de sang de 20 personnes qui avaient déjà été immunisées avec le vaccin Pfizer/BioNTech. Ils ont testé la capacité de leurs anticorps à neutraliser les coronavirus conçus pour héberger la mutation N501Y — une altération de la protéine de pointe du virus, qui est une cible pour les vaccins et peut également augmenter sa capacité à infecter les cellules humaines.
Les résultats ont révélé que les individus vaccinés avaient développé des anticorps capables d’agir contre les coronavirus porteurs de la mutation N501Y. Cependant, l’une des mutations importantes de la variante sud-africaine, appelée E484K, n’a pas encore été étudiée. Pfizer a déclaré qu’ils avaient testé 16 mutations différentes dans les souches et qu’aucune d’entre elles n’avait eu d’impact significatif sur le fonctionnement du vaccin. D’autres études sont prévues sur les autres mutations.
« C’est une bonne nouvelle, principalement parce que ce n’est pas une mauvaise nouvelle. Si le résultat opposé avait été trouvé, que le vaccin ne semblait pas avoir d’efficacité contre la variante du virus étudié, cela aurait été mauvais et très préoccupant. Mais cela ne nous donne pas encore une totale confiance dans le fait que le vaccin Pfizer (ou d’autres) apporteront certainement une protection. Nous devons tester cela cliniquement, et les données à ce sujet devraient être disponibles au Royaume-Uni dans les prochaines semaines », explique Stephen Evans, professeur de pharmacoépidémiologie à la London School of Hygiene & Tropical Medicine.
Des données cliniques supplémentaires nécessaires
Une des limites de l’étude réside dans le fait que les chercheurs n’ont pas conçu de SARS-CoV-2 contenant l’ensemble complet des mutations de la protéine Spike trouvées dans la variante britannique ou sud-africaine. Il est possible que les différentes mutations interagissent les unes avec les autres pour affecter la structure globale de la protéine de pointe, ce qui pourrait influencer l’efficacité du vaccin. Donc, idéalement, les mutations devraient être testées ensemble.
D’autre part, les vaccins agissent en stimulant la réponse immunitaire, ce qui génère un éventail très diversifié d’anticorps contre différentes parties du virus. « Par conséquent, nous nous attendrions à ce que la réponse immunitaire d’une personne soit suffisamment diversifiée pour faire face à certains changements dans la structure du virus », indique Deborah Dunn-Walters, présidente du groupe de travail de la British Society for Immunology Covid-19 and Immunology, et professeure d’immunologie à l’Université de Surrey.
« Il est rassurant que Pfizer surveille de près la possibilité que des variants du virus SARS-CoV-2 puissent échapper aux réponses immunitaires provoquées par leur vaccin anti-COVID-19, et que jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve que les mutations testées ont fait une différence concernant l’efficacité des anticorps. Bien sûr, cela nécessite une surveillance constante, et la variante sud-africaine présente une mutation préoccupante, mais même si nous avons constaté des différences, la technologie utilisée pour fabriquer les vaccins signifie qu’ils peuvent être modifiés assez rapidement si nécessaire ».