Vladimir Poutine affirme que la Russie ira sur la Lune cette année

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| Kremlin.ru
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Selon l’agence de presse russe TASS, Vladimir Poutine a déclaré lors d’une cérémonie de remise de prix aux cosmonautes, qui s’est déroulée mardi sur la base de lancement de Vostochny, que la Russie allait « rétablir son programme lunaire ». En d’autres termes, il s’agit de finaliser la construction de l’atterrisseur lunaire Luna-25, qui selon le président russe, devrait être opérationnel au troisième trimestre 2022. Si Luna-25 décolle comme prévu au mois d’août, elle deviendra le premier engin russe à retourner sur la Lune depuis 1976.

Luna-25, qui servira avant tout de démonstration technologique, constitue la première d’une série de missions planifiées par la Russie, qui serviront à poser les bases d’une future station de recherche lunaire. L’objectif principal de cette première mission non habitée est de valider la technique d’atterrissage, le système de protection thermique et le bras robotisé de l’appareil, ainsi que les systèmes de communication avec la Terre. Il est prévu que l’engin se pose à proximité du pôle Sud lunaire, afin d’examiner les propriétés du régolithe de cette région relativement mal connue.

« Nous devons relever avec succès les défis de l’exploration spatiale », a déclaré Poutine lors de sa visite au cosmodrome de Vostochny, rapporte le Moscow Times. Il a par ailleurs confié à la presse que la Russie s’affairait à développer son « vaisseau spatial de nouvelle génération » et continuait ses recherches sur la propulsion nucléaire — un domaine dans lequel, selon lui, la Russie possède un avantage certain. Rappelons que la Russie a également signé un accord de coopération avec la Chine pour le développement d’une station de recherche lunaire commune.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

L’Agence spatiale européenne se retire du projet

Il semblerait que la guerre en Ukraine ne soit pas un sujet de préoccupation permanent pour le président russe, qui veille aussi à ce que son pays ne soit pas laissé pour compte dans la conquête spatiale. Alors que les conflits font rage depuis plus d’un mois et demi, Poutine affirme que la Russie est prête à retourner sur la Lune dans près de quatre mois seulement. La Russie parviendra-t-elle à atteindre son objectif ? Étant donné le contexte géopolitique actuel, rien n’est moins sûr : le pays doit désormais faire face aux nombreuses sanctions de ses partenaires internationaux.

Dans un communiqué daté du 13 avril, l’Agence spatiale européenne — qui a développé le bras robotique et la caméra de navigation de l’atterrisseur russe — a annoncé qu’elle suspendait les activités conduites en coopération avec la Russie au titre des missions Luna-25, Luna-26 et Luna-27. « Comme pour la mission ExoMars, l’agression russe à l’égard de l’Ukraine et les sanctions qui en résultent constituent un changement fondamental de circonstances et mettent l’ESA dans l’impossibilité de mener à bien la coopération prévue à des fins d’exploration lunaire », précise le document. Pour rappel, la mission ExoMars, fruit de la collaboration entre l’ESA et l’agence spatiale russe Roscosmos, aurait dû être lancée au mois de septembre.

« Nous déplorons profondément les pertes humaines et les conséquences tragiques de l’agression contre l’Ukraine », déclarait l’ESA dans un communiqué le mois dernier. L’agence européenne s’emploie maintenant à trouver rapidement des alternatives aux fusées russes pour ses futures missions spatiales ; elle examine notamment la possibilité d’utiliser le lanceur Ariane 6. Roscosmos a retiré tout son personnel du Centre spatial guyanais, et toutes les missions dont le lancement était prévu par fusée Soyouz ont été suspendues — cela concerne notamment les satellites de navigation Galileo M10 et Galileo M11, le télescope spatial Euclid et le satellite d’observation EarthCare. Le rover d’ExoMars devait, quant à lui, être lancé au moyen d’une fusée Proton, un lanceur lourd de fabrication russe.

Les opérations à bord de la Station spatiale internationale — qui continue de fonctionner normalement, alors qu’elle compte actuellement trois ingénieurs russes parmi son équipage — demeurent le seul lien existant entre le programme spatial russe et le reste du monde.

Un programme ambitieux dans un contexte géopolitique difficile

Le planning annoncé par la Russie apparaît donc très ambitieux, d’autant plus que la mission Luna-25 a déjà été maintes fois différée pour cause de divers problèmes dans la conception de l’engin, liés à des difficultés d’approvisionnement en composants. La date de lancement était initialement prévue pour 2016, avant d’être repoussée à 2019, puis à 2021. Le lancement de Luna-25 est cette fois-ci prévu pour le 22 août.

Selon l’agence de presse russe RIA Novosti, le président a souligné que la Russie réaliserait tous ses plans dans le secteur spatial, « malgré les tentatives de l’extérieur pour l’empêcher d’aller de l’avant ». De même, le directeur général de Roscosmos, Dmitri Rogozine, a déclaré à TASS que l’agence spatiale « résisterait aux sanctions avec un minimum de dommages, car elle y avait été préparée ».

La mission Luna-26, qui vise à cartographier depuis l’orbite polaire les sites d’atterrissage des missions ultérieures, est prévue pour 2024. Luna-27 doit servir à explorer le sol lunaire plus profondément et à collecter des données sur l’exosphère ; elle est prévue pour 2025. Luna-28, qui a pour objectif de rapporter sur Terre des échantillons du sol lunaire, est planifiée pour 2027-2028. Cette dernière devrait embarquer un mini rover de moins de 100 kg, équipé de plusieurs instruments scientifiques permettant d’effectuer des recherches géologiques. Enfin, il est prévu que la mission Luna-29 dépose sur notre satellite un rover plus sophistiqué avant 2030. Le début du déploiement de la station lunaire sino-russe est quant à lui planifié pour 2035.

Source : TASS

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