Voyage intersidéral à travers la nourriture : «Astronome Gastronome», une série documentaire sur l’espace plus originale que les autres

Nous avons interviewé la réalisatrice, qui nous explique entre autres ce qui l'a inspirée à représenter l'espace de façon aussi géniale : avec de la nourriture.

astronome gastronome
Capture d'écran de l'épisode « Bonbons en orbite ».

C’est bientôt les vacances de fin d’année, le moment idéal pour un voyage intersidéral à travers… la nourriture ?! Oui, mais surtout, avec l’esprit, à travers l’espace ! C’est ce que nous vous proposons avec « Astronome Gastronome », une passionnante série de documentaires courts qui émerveillera vos yeux et vos papilles. À travers une réalisation à la fois brillante et ludique, découvrez comment le Soleil est né en s’amassant comme un « Macaron protoplanétaire », ou comment une étoile devient une « Crêpe stellaire flambée » en se faisant dévorer par un trou noir, et bien plus encore… Nous avons interviewé la réalisatrice, qui nous explique entre autres ce qui l’a inspirée à représenter l’espace avec de la nourriture.

En collaboration avec une dizaine de conseillers scientifiques qui ont validé tous ses textes, la réalisatrice et photographe Geneviève Anhoury nous emmène dans une plongée en profondeur à travers l’espace, et cela uniquement par le biais d’enregistrements vidéo macro de nourriture ! Aucune image de synthèse n’a été ajoutée lors de l’édition.

Cette idée d’un documentaire si original (disponible sur notre chaîne VOD Trust My Science TV) lui est venue en observant et en photographiant de la moisissure sur des fruits, qui ressemblaient étrangement à des planètes et des mondes fantastiques. Elle a alors réalisé que la cuisine serait un bon moyen de partager son émerveillement pour l’espace. « Le but est de transmettre le merveilleux de ce monde étrange dans lequel nous vivons et dont nous sommes issus », déclare-t-elle à Trust My Science en réponse à un e-mail.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

De plus, tout comme l’espace, il ne faut pas oublier que nos assiettes sont aussi remplies de processus physicochimiques complexes (bien qu’à des échelles beaucoup plus petites). « La cuisine, c’est de la physique », continue-t-elle en réponse à nos questions. « Les aliments passent par toutes sortes d’états par la cuisson, le mélange des substances, la fermentation, la décomposition. Ils poussent grâce au soleil, à la chimie de la terre, à l’eau ».

Anhoury a étudié les arts plastiques et la photographie à Londres et le cinéma au Conservatoire Libre du Cinéma Français (CLCF). Elle a scénarisé et réalisé plusieurs courts-métrages primés dans des festivals internationaux, et ses photographies font l’objet de plusieurs expositions à Londres et à Paris. Parmi ses œuvres avant Astronome Gastronome, figurent les célèbres « Qui a mangé la soupe cosmique ? » et « Cosmic Pudding », des témoins de sa passion pour l’espace.

Les métaphores culinaires au cœur de l’astronomie

Anhoury n’est pas la première à comparer des objets et phénomènes cosmiques à de la nourriture. « Les astrophysiciens eux-mêmes utilisent souvent la métaphore culinaire pour expliquer les phénomènes cosmiques », précise-t-elle à Trust My Science. M27, la star des nébuleuses planétaires, est par exemple surnommée à juste titre « Trognon de pomme » (aussi appelée nébuleuse de l’Haltère) en raison de la forme poussiéreuse en son centre.

nebuleuse trognon pomme
M27, ou la nébuleuse du Trognon de pomme. © Patrick A. Cosgrove/APOD/NASA

Autre exemple : avec sa double enveloppe de poussière, l’hypergéante jaune IRAS 17163-3907 est surnommée « la nébuleuse de l’Œuf au plat » (à ne pas confondre avec RAFGL 2688, la nébuleuse de l’Œuf). En effet, il y a une étonnante correspondance visuelle entre l’espace et la nourriture, démontrant que les métaphores culinaires sont un excellent moyen pour partager des informations astrophysiques complexes, et c’est encore mieux en vidéo ! Le riche éventail de matières, de couleurs et de mélanges possibles fonctionne très bien pour représenter les phénomènes cosmiques.

De plus, le format d’Astronome Gastronome lui permet d’être apprécié en famille. La série s’adresse à tous les curieux qui ont soif d’apprendre et qui ont envie de s’émerveiller, quel que soit l’âge. Impossible de s’ennuyer avec les 20 épisodes de 3 minutes superbement réalisés et racontés avec des mots qui parlent à chacun. « Il y a des notions complexes abordées comme l’espace-temps, l’infini, les trous noirs, mais avec des mots simples et avec les sensations que donnent les images et qui prennent les spectatrices et les spectateurs par la main », déclare Anhoury.

Cerise sur le gâteau : il est possible de reproduire certaines recettes chez soi et ainsi imaginer l’espace intersidéral depuis sa cuisine. La plupart des recettes sont étonnamment faciles à réaliser et sont essentiellement composées d’ingrédients qu’on pourrait facilement trouver dans son frigo. À la fin de chaque vidéo, Anhoury relate comment elle a obtenu chaque image, un peu comme des recettes de cuisine. C’est un atout considérable pour qui a des enfants et souhaiterait reproduire certaines scènes à la maison !

De son côté, la réalisatrice a une préférence pour les recettes sucrées, car elles regorgent d’ingrédients extraordinaires tels que les sucres dorés et argentés, ainsi que de colorants alimentaires ou naturels comme le curaçao et les extraits de fruits. Et comme il est important de varier les plaisirs, il y a aussi des ingrédients faciles à trouver, comme une praline, un trognon de pomme, un blinis, un gâteau, du brocoli, etc.

Faire du « high tech » avec du « low tech »

L’ensemble du travail d’Anhoury et son équipe consiste à donner aux spectateurs une impression d’immensité avec de simples ingrédients culinaires. Pour ce faire, ils prennent le temps d’expérimenter différentes recettes afin de mieux représenter ce qui aurait pu se passer dans l’Univers. Ils s’inspirent de centaines d’heures d’observations astronomiques au télescope et de discussions avec des scientifiques. « Alors que l’espace est a priori si éloigné de nous et que les moyens qu’on doit déployer pour l’atteindre sont donc énormes, le côté ‘low tech’ de ma cuisine cosmique pour représenter le ‘high tech’ crée un décalage amusant et un jeu avec les spectatrices et les spectateurs », ajoute-t-elle.

Les images macro réalisées avec la nourriture et diverses textures sont mises en scène afin de ressembler le plus possible à des phénomènes et des objets cosmiques — un travail qui nécessite une grande minutie et patience. Pour l’ensemble des effets, le travail d’éclairage est essentiel afin d’imiter par exemple la trame cosmique et les éléments qui s’y déplacent. En outre, les images sont capturées avec la plus haute résolution possible (8K), afin de permettre de zoomer et capturer le maximum de détails.

La plupart des tournages ont été effectués en studio et ont impliqué des dispositifs d’éclairage complexes ainsi que du matériel habituellement utilisé en laboratoire. Les « expériences culinaires » (ou les recettes) sont réalisées devant la caméra et sans trucage. Les seules techniques utilisées sont l’animation image par image ainsi que des accélérations ou des ralentis pour certains plans. Les séquences obtenues sont ensuite montées et éditées avec un logiciel.

Par exemple, les explosions cosmiques du documentaire sont constituées de gouttes de lait déposées dans des boîtes de Pétri contenant de l’eau. Lorsque la goutte se dépose dans le liquide transparent, elle forme une sphère colorée qui s’étend, similaire à ce que l’on pourrait observer lors d’une explosion de supernova. La goutte qui se dépose est filmée au ralenti et est placée au premier plan devant une image de sucre en poudre coloré imitant un ciel étoilé, afin de donner un effet spectaculaire.

Le studio dispose également de quoi tourner en transparence ou de quoi installer des maquettes de paysages lunaires ou martiens, qui ont été utilisées lors de 5 tournages de 2 semaines chacun. Anhoury a tourné quelques séquences dans sa propre cuisine en s’inspirant de la nourriture qu’elle consomme. Après avoir mangé de la mozzarella par exemple, elle a remarqué que les gouttelettes d’huile d’olive perlant dans le reste de petit lait formaient des bulles plates pouvant évoquer les étoiles.

Quelques extraits à découvrir :

« Macaron protoplanétaire »

Et si notre soleil était né comme un macaron ? Le nuage protoplanétaire de sucre s’effondrerait autour du jaune d’œuf que forme notre étoile, mais soudain, un événement inattendu vient perturber la naissance…

macaron protoplanetaire
Capture d’écran de l’épisode « Macaron protoplanétaire ».

« Soufflé solaire »

Comment les planètes du système solaire sont-elles nées ? Comme des grains de sucre dans une gigantesque barbe à papa, elles auraient été soufflées puis amalgamées par les forces électrostatiques.

souffle solaire astronome gastronome
Capture d’écran de l’épisode « Soufflé solaire ».

Pour voir le documentaire en entier, c’est par ici !

(Une semaine gratuite avec le code promo TMS1 !)

Pour découvrir d’autres documentaires passionnants sur le thème de l’espace ainsi que d’autres sujets scientifiques, rendez-vous sur notre chaîne Trust My Science TV, qui propose désormais plus de 250 documentaires en VOD et en haute définition. Utilisez le code promo TMS1 pour une semaine d’essai !

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