La semaine dernière, nous avons pu profiter d’un week-end de trois jours à l’occasion des fêtes de Pâques. Ces pauses prolongées, qui surviennent de temps à autre au cours de l’année, de même que les périodes de congé, sont très appréciées. Et pour cause : elles permettent d’avoir beaucoup plus de temps libre. Mais que faisons-nous de ce temps supplémentaire exactement ? Des chercheurs australiens se sont penchés sur la question. Les résultats de leur étude suggèrent que la généralisation des week-ends de trois jours améliore la santé des individus.
Entre les heures consacrées au travail, les temps de trajets, les courses et la préparation des repas, le temps dédié aux enfants et les tâches ménagères, il reste finalement peu de temps à allouer à des activités librement choisies. Les jours fériés, les week-ends prolongés et les vacances sont donc toujours attendus avec hâte. Pendant ces jours chômés, nous ne nous comportons généralement pas de la même façon. Libérés momentanément de toute obligation, nous en profitons généralement pour faire des choses que notre emploi du temps habituel ne nous permet pas : dormir plus longtemps, faire du sport, prendre le temps de cuisiner, passer des heures à lire, etc.
« Pour les adultes, les vacances représentent une pause dans les responsabilités quotidiennes du travail, offrant la possibilité de redistribuer le temps entre le sommeil, le comportement sédentaire, l’activité physique légère et l’activité physique modérée à vigoureuse au cours de la journée de 24 heures », expliquent les chercheurs. En résumé, il semblerait que les vacances favorisent les comportements plus sains. Mais à ce jour, peu d’études ont été menées sur la manière dont nos comportements changent pendant les vacances et sur la persistance de ces changements. Des chercheurs en santé de l’Université d’Australie-Méridionale (UniSA) ont étudié la question et ont également examiné si ces changements varient en fonction du type et de la durée des vacances.
Plus de 20 minutes supplémentaires de sommeil par jour !
Pour ce faire, ils ont utilisé les données de l’étude de cohorte Annual Rhythms In Adults’ lifestyle and health (ARIA), qui a recueilli pendant deux périodes de 13 mois les comportements de mouvement quotidiens sur 24 heures de 308 adultes équipés de traqueurs de fitness. La plupart occupaient un poste de bureau, selon des horaires types, du lundi au vendredi. Les participants ont indiqué toutes les dates auxquelles ils avaient été en vacances et ont dû préciser la principale raison de ces congés (événements familiaux ou sociaux, repos et détente, loisirs de plein air ou des activités autres que les loisirs, tels qu’un congé maladie ou des travaux de rénovation par exemple).
Au cours de la période d’étude, les participants ont pris en moyenne deux à trois vacances, chacune d’une durée de 12 jours. Le motif le plus souvent déclaré était les loisirs de plein air (35%), suivi des événements familiaux ou sociaux (31%), du repos et de la détente (17%) et des activités autres que les loisirs (17%). Sans surprise, les vacances étaient le plus fréquemment prises pendant la période de Noël et du Nouvel An, pendant les vacances scolaires et les jours fériés.
Les données ont montré que le sommeil a augmenté significativement pendant les vacances : les participants dormaient 4% (soit 21 minutes environ) de plus chaque jour (par rapport à la période pré-vacances), ce qui est particulièrement bénéfique à la santé physique et mentale. Cette augmentation significative a même persisté lors de la première et de la deuxième semaine post-vacances.
« Un sommeil suffisant peut contribuer à améliorer notre humeur, nos fonctions cognitives et notre productivité. Il peut également contribuer à réduire le risque de développer une série de problèmes de santé, tels que l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et la dépression », rappelle le Dr Ty Ferguson, chercheur à l’UniSA et premier auteur de l’étude.
Des effets positifs et durables sur la santé mentale et physique dès trois jours
Les changements de comportement en matière d’activité physique pendant les périodes de vacances étaient eux aussi flagrants : les participants étaient moins sédentaires de près de 30 minutes par jour et pratiquaient 13% d’activité physique modérée à vigoureuse en plus chaque jour (soit 5 minutes de plus). En résumé, en vacances, les gens tendent à adopter des comportements beaucoup plus sains.
À noter que la sédentarité tend à augmenter pendant les semaines qui suivent les vacances. Selon les chercheurs, ceci est probablement dû à un « rattrapage » de la charge de travail — les tâches accumulées pendant les vacances s’ajoutant généralement aux exigences et responsabilités habituelles.
Ils ont constaté par ailleurs que le motif des vacances n’avait pas d’impact significatif sur les changements de comportement : chaque motif (événement familial ou social, repos, loisirs de plein air ou non-loisirs) suivait à peu de choses près les mêmes variations de temps de sommeil et d’activité physique. Néanmoins, les vacances de loisirs en plein air étaient associées à des changements plus persistants dans le temps.
En revanche, l’équipe a remarqué que l’ampleur des changements variait significativement en fonction de la durée des vacances — les vacances de 4 jours à 1 à 2 semaines conduisant aux changements les plus favorables et les plus persistants. « De manière générale, il semble que plus les vacances sont longues, plus le changement de sommeil est important et plus le changement de comportement sédentaire, d’activité physique légère et modérée à vigoureuse est faible », soulignent les auteurs de l’étude.
Les changements significatifs les plus importants pendant les vacances ont été observés pour les vacances d’une durée supérieure à une semaine, après lesquelles le sommeil est resté plus élevé et l’activité physique légère plus faible qu’avant les vacances pendant au moins la première semaine, précisent les chercheurs. Il apparaît toutefois que même une courte pause de trois jours a des effets positifs et durables sur la santé mentale et physique, parce que les gens tendent à adopter un mode de vie plus sain.
La professeure Carol Maher, chercheuse principale à l’UniSA et co-auteure de l’étude, a déclaré que ces résultats soutiennent le mouvement croissant en faveur d’une semaine de quatre jours (actuellement testée dans certains pays). « La semaine de travail plus courte est testée par des entreprises du monde entier. Il n’est pas surprenant que les employés aient déclaré moins de stress, d’épuisement professionnel et de fatigue, ainsi qu’une meilleure santé mentale et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée », a-t-elle déclaré.