Consommer de la viande rouge (transformée ou non) deux fois par semaine augmente de 62% le risque de développer un diabète de type 2, révèle une étude. Pour pallier ce risque, il suffirait de la remplacer (du moins en partie) par des sources de protéines végétales ou par de petites quantités de produits laitiers. Bien que de nombreuses études se sont précédemment penchées sur la question, ces nouvelles conclusions ajoutent un plus haut niveau de certitude concernant les effets néfastes de la viande rouge sur notre santé métabolique.
Résultant d’une altération du métabolisme insulinodépendant, le diabète de type 2 (DT2) représente la majorité des formes de diabète dans le monde. Il se manifeste généralement de la même manière que le diabète de type 1, mais de façon moins marquée. De ce fait, il n’est souvent diagnostiqué que des années après son apparition, lorsque les complications deviennent évidentes. On estime que plus de 400 millions de personnes par an souffrent du diabète au niveau mondial, dont près de 2 millions sont directement décédées à cause de la maladie. Cette dernière constitue également un facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires, de cancers, d’insuffisance rénale, de cécité, de démence et d’amputation des membres inférieurs.
L’alimentation fait partie des principaux facteurs de risque du DT2. Au cours des deux dernières décennies, un nombre croissant de recherches pointent du doigt la viande rouge (bœuf, porc, mouton et chèvre) pour son implication dans la maladie. Beaucoup d’entre elles avancent par exemple que la viande rouge transformée est plus étroitement associée à l’incidence de la pathologie. Cependant, il n’y a pas encore de véritable consensus concernant les implications potentielles de cette viande dans le risque de développer la maladie, lorsque celle-ci n’est pas transformée. En effet, les protéines non transformées sont généralement considérées comme étant meilleures pour la santé. D’un autre côté, peu d’études ont également déterminé dans quelle mesure ce risque est réduit avec d’autres sources de protéines.
La nouvelle étude, menée par une équipe de l’Université Harvard, renforce ces preuves en analysant un grand nombre de cas de DT2 sur une période prolongée. Il est important de noter que la plupart des précédentes enquêtes se basaient sur un suivi ponctuel et à court terme. Cela signifie qu’elles ne reflétaient pas nécessairement la corrélation entre la consommation de viande rouge et l’évolution de la maladie sur le long terme. Les récents résultats, publiés dans la revue The American Journal of Clinical Nutrition, offrent ainsi un plus haut niveau de certitude quant à cette association.
Une portion de viande rouge par semaine : une consommation raisonnable
Dans le cadre de la nouvelle enquête, les chercheurs de Harvard ont rassemblé les dossiers médicaux de 216 695 personnes issues des bases de données américaines de la Nurses’ Health Study, de la Nurses’ Health Study II et de la Health Professionals Follow-up Study. Leur régime alimentaire a été évalué tous les 2 à 4 ans par le biais de questionnaires, sur une durée totale de 36 ans au maximum. Au cours de cette période, 22 761 participants ont développé un DT2.
Après analyse, les experts ont constaté qu’effectivement, la consommation de viande rouge était liée à un risque accru de DT2, qu’elle soit transformée ou non. « Nos résultats soutiennent fortement les directives alimentaires qui recommandent de limiter la consommation de viande rouge, et cela s’applique à la fois à la viande rouge transformée et non transformée », affirme l’auteur principal de l’étude, Xiao Gu, de l’Université Harvard. Pour les deux types de viande, les personnes qui en consommaient régulièrement (au moins deux fois par semaine) avaient 62% plus de risques de développer la maladie que celles qui en consommaient moins. En évaluant séparément les viandes, il a été observé que la viande rouge transformée était associée à un risque plus élevé de 46% de devenir diabétique, tandis que celle non transformée était liée à un risque de 24% plus élevé.
Les chercheurs estiment qu’une consommation limite d’une fois par semaine est assez raisonnable pour pallier les risques de développer un diabète. Pour compléter le besoin quotidien de protéines essentielles à notre santé, ils suggèrent de remplacer la viande rouge par des sources végétales telles que les noix et les légumineuses, qui sont à la fois meilleures pour la santé et pour l’environnement (faible empreinte carbone). Les produits laitiers peuvent aussi être choisis à la place de la viande. Si les premières réduisent de 30% le risque de développer la maladie, les seconds le diminuent de 22%.