Un récent rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) indique qu’en 2024, les énergies renouvelables représentaient 92,5 % de l’augmentation de la production d’électricité à l’échelle mondiale. Au total, 585 GW d’électricité ont été ajoutés au réseau mondial, dont une grande partie (64 %) a été assurée par la Chine. Toutefois, bien que cette croissance constitue déjà un record en soi, elle ne suffit pas encore à atteindre les objectifs climatiques mondiaux en matière de transition énergétique.
La transition vers les énergies renouvelables et la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles font partie des principaux objectifs climatiques mondiaux. L’objectif est de limiter les émissions de gaz à effet de serre dues aux combustibles fossiles, afin de contribuer à maintenir le réchauffement climatique à un niveau jugé tolérable pour l’ensemble des systèmes planétaires (1,5 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle selon l’Accord de Paris).
D’autre part, la transition vers ces énergies ne contribue pas uniquement à limiter le réchauffement climatique, mais améliore également l’autonomie énergétique des pays et, par extension, leur économie. La diversification des sources énergétiques minimise les risques liés aux fluctuations des prix des combustibles fossiles, contribuant ainsi à la stabilité économique.
« Alors que la compétitivité économique et la sécurité énergétique constituent aujourd’hui une préoccupation mondiale de plus en plus importante, développer rapidement les capacités de production d’énergie renouvelable permet de saisir les opportunités commerciales et contribue à renforcer la sécurité énergétique sur le long terme », explique dans un communiqué Francesco La Camera, directeur général de l’IRENA.
Le dernier rapport de l’IRENA indique que d’importants efforts ont été réalisés en matière de transition énergétique à l’échelle mondiale. « La croissance continue des énergies renouvelables que nous constatons chaque année prouve que ces énergies sont économiquement viables et facilement déployables. Chaque année, elles battent leurs propres records d’expansion », affirme La Camera.
Chine : le plus grand contributeur de croissance
Le rapport de l’IRENA précise que les énergies renouvelables ont permis l’ajout de 585 GW d’électricité au réseau mondial en 2024, ce qui représente une progression annuelle de 15,1 %. Cette dynamique porte la capacité totale de production issue des sources dites vertes à 4 448 GW. Une grande majorité de cette croissance repose sur les énergies solaire et éolienne, responsables à elles seules de 96,6 % de l’augmentation nette, répartie entre 77,3 % pour le solaire et 19,3 % pour l’éolien.
Plus en détail, la capacité solaire a connu un bond de 451,9 GW en 2024, dont 278 GW ont été générés par la Chine, confirmant son rôle central dans la dynamique mondiale. L’Inde suit à distance, avec une contribution de 24,5 GW. Si la croissance du secteur éolien a ralenti, sa capacité globale atteint néanmoins 1 133 GW. Là encore, la Chine domine le marché, talonnée par les États-Unis.
L’hydroélectricité affiche, quant à elle, une capacité installée de 1 283 GW, marquant un rebond notable après une période de stagnation en 2023. Cette reprise est portée par les colossales infrastructures chinoises, mais aussi par les ajouts significatifs de plusieurs pays émergents : l’Éthiopie, l’Indonésie, le Népal, le Pakistan, la Tanzanie et le Vietnam ont chacun accru leur capacité de plus de 0,5 GW.
Les énergies biosourcées ont connu une augmentation de 4,6 GW en 2024, dont 3 GW avaient déjà été ajoutés en 2023. Cette progression est notamment imputable à la Chine et à la France, chacune ayant produit 1,3 GW supplémentaires.
L’énergie géothermique a enregistré une croissance modeste de 0,4 GW, portée principalement par la Nouvelle-Zélande, suivie par l’Indonésie, la Turquie et les États-Unis. Enfin, la capacité de production d’électricité hors réseau, concentrée hors des zones Eurasie, Europe et Amérique du Nord, a presque triplé, avec une hausse de 1,7 GW pour atteindre un total de 14,3 GW.
Une croissance insuffisante pour l’atteinte des objectifs climatiques
En dépit de cette expansion remarquable, les données font apparaître de fortes disparités géographiques. Les pays du G7 et du G20 ont respectivement contribué à hauteur de 14,3 % et 90,3 % à l’accroissement mondial de la production d’énergies renouvelables en 2024. À l’inverse, certaines régions demeurent en retrait : l’Amérique centrale et les Caraïbes, par exemple, n’ont représenté que 3,2 % de contribution.
Surtout, cette trajectoire actuelle reste insuffisante pour répondre à l’objectif fixé à l’horizon 2030, à savoir le triplement de la production d’énergie verte. Pour y parvenir, il faudrait atteindre une capacité de 11,2 TW, ce qui impliquerait un taux de croissance annuel moyen de 16,6 %.
« Les énergies renouvelables amorcent un déclin progressif de la dépendance aux combustibles fossiles. Une croissance record crée des emplois, réduit les factures d’énergie et purifie notre air. Elles participent au renouvellement des économies. Mais la transition vers les énergies propres doit être plus rapide et plus équitable, en donnant à tous les pays la possibilité de bénéficier pleinement d’une énergie renouvelable bon marché et propre », a plaidé le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres.
Dans le même temps, la production issue de sources non renouvelables a atteint son niveau le plus bas depuis le début du XXIe siècle. Pour maintenir cette dynamique, une coopération internationale accrue s’impose. « J’appelle les gouvernements à saisir l’occasion du prochain cycle de contributions déterminées au niveau national (CDN 3.0) pour définir clairement leurs ambitions en matière d’énergies renouvelables, et la communauté internationale à renforcer les collaborations afin de soutenir les ambitions des pays du Sud », conclut Francesco La Camera.
Vidéo de présentation du rapport :