Ce ne sont pas les températures polaires de l’hiver qui donnent envie de se mettre au jogging… Mais des chercheurs australiens viennent d’apporter une bonne nouvelle. Récemment, ils ont démontré que seulement trois à quatre salves d’activité intense d’une minute pendant les tâches quotidiennes sont associées à une forte réduction du risque de décès prématuré, en particulier de maladies cardiovasculaires.
L’activité physique est associée à un risque réduit de mortalité, de maladies cardiovasculaires et de certains cancers. Les directives mondiales actuelles recommandent généralement 150 à 300 min d’activité d’intensité modérée ou 75 à 150 min d’activité physique d’intensité vigoureuse par semaine.
Mais, depuis 2020, un nouvel accent est mis sur « toutes les activités comptent », et cela concerne tous les domaines de la vie et quelle que soit la durée de la session. Cette recommandation contraste avec les lignes directrices précédentes qui ne reconnaissaient pas la valeur pour la santé des périodes d’activité physique d’une durée inférieure à 10 min.
En effet, les effets sur la santé de chaque unité de temps d’activité physique dépendent de l’intensité. Pour un volume d’activité physique donné, les activités physiques vigoureuses sont associées à une réduction supplémentaire du risque de mortalité. Cela est dû en partie au développement du système cardiorespiratoire qu’elles provoquent. Bien que l’activité physique d’intensité vigoureuse soit efficace, des séances structurées basées sur des exercices à haute intensité ne sont pas réalisables ou attrayantes pour une grande majorité d’adultes.
Les chercheurs de l’Université de Sydney se sont alors intéressés à « l’activité physique intermittente vigoureuse de style de vie », ou VILPA. Elle correspond aux très courtes périodes d’activité vigoureuse (jusqu’à une à deux minutes) que nous faisons avec enthousiasme chaque jour, comme courir ou marcher vite pour prendre le bus ou pendant les courses, ou même en jouant à des jeux de haute intensité avec les enfants. Les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Nature Medicine, ont mesuré avec précision les bienfaits de ces salves d’activité intense dans la vie quotidienne.
Des « sédentaires » pas si inactifs
Les chercheurs ont utilisé les données des trackers portés au poignet d’UK Biobank, une base de données biomédicale à grande échelle, pour mesurer l’activité de plus de 25 000 non-sportifs, c’est-à-dire des participants qui ont déclaré ne pas pratiquer de sport ou d’exercice pendant leurs loisirs. Ainsi, toute activité enregistrée par ce groupe était une activité physique fortuite effectuée dans le cadre de la vie quotidienne.
Les chercheurs ont ensuite accédé à des données de santé qui leur ont permis de suivre les participants pendant sept ans. Les études sont observationnelles, ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas établir directement de cause à effet.
Les chercheurs ont découvert qu’environ 89% de tous les participants effectuaient des sessions d’activité vigoureuse. En moyenne, chaque jour, ils effectuaient huit sessions VILPA d’une durée maximale d’une minute chacune, totalisant 6 minutes par jour.
3 à 4 min d’activité intense par jour chez soi, sans contrainte
Après analyse des profils de chaque participant, les auteurs ont conclu que seulement trois à quatre sessions d’une minute de VILPA chaque jour sont associées à une réduction allant jusqu’à 40% de la mortalité toutes causes confondues et liée au cancer, et jusqu’à une réduction de 49% des décès liés aux maladies cardiovasculaires.
L’auteur principal, Emmanuel Stamatakis, professeur d’activité physique, mode de vie et santé au Centre Charles Perkins de l’Université de Sydney, déclare dans un communiqué : « Notre étude montre que des avantages similaires à l’entraînement par intervalles à haute intensité (HIIT) peuvent être obtenus en augmentant l’intensité des activités accessoires effectuées dans le cadre de la vie quotidienne, et plus il y en a, mieux c’est ».
Sans compter qu’une analyse comparative de l’activité vigoureuse de 62 000 personnes pratiquant régulièrement une activité sportive a démontré des résultats similaires. Par conséquent, l’activité vigoureuse, qu’elle soit pratiquée dans le cadre d’exercices structurés ou de travaux ménagers, offre les mêmes bienfaits pour la santé.
E. Stamatakis souligne : « Augmenter l’intensité des activités quotidiennes ne nécessite aucun engagement de temps, aucune préparation, aucune adhésion à un club, aucune compétence particulière. Il s’agit simplement d’accélérer le rythme en marchant ou en faisant le ménage avec un peu plus d’énergie ».
Changer le regard sur l’activité physique
Comme mentionné précédemment, ce n’est qu’en 2020 que les directives mondiales de l’OMS sur l’activité physique et le comportement sédentaire, coprésidées par le professeur Stamatakis, ont reconnu que « toute activité compte » et que la stipulation selon laquelle l’activité doit être accumulée en périodes de 10 minutes a été supprimée.
Ce dernier explique que les anciennes directives découlaient uniquement de questionnaires et ne pouvaient pas mettre en exergue les « mini-activités de la vie courante ». Il conclut : « La capacité de la technologie portable à révéler des ‘micromodèles’ d’activité physique, tels que VILPA, recèle un énorme potentiel pour comprendre les moyens les plus réalisables et les plus efficaces en matière de temps pour que les gens puissent bénéficier de l’activité physique, qu’elle soit pratiquée à des fins récréatives ou dans le cadre de la vie quotidienne ».