La consommation adéquate de fruits et légumes, ou le contact avec la nature, sont tous deux des facteurs bénéfiques pour la santé. Cependant, peu de recherches scientifiques quantifient ces supposés bienfaits. Pour en savoir davantage, diverses études sont depuis peu consacrées aux effets de nos interactions avec la nature et de ses bienfaits sur notre santé. L’une d’elles, co-dirigée par l’Université du Colorado à Boulder (États-Unis), suggère que le jardinage communautaire a des impacts significativement positifs sur notre santé physique et mentale. Ces bénéfices aideraient à la prévention de maladies chroniques, de troubles de la santé mentale et du cancer.
Tous les amateurs de jardinage diraient que jardiner est bénéfique pour la santé. Il est notamment bien connu que se consacrer à une passion, en dehors du travail et des activités routinières quotidiennes, permet d’évacuer le stress, et peu de ce fait apporter certains avantages sur la santé en général. Pour le jardinage en particulier, il y aurait des preuves selon lesquelles cette activité améliorerait l’estime de soi et le bien-être mental.
Le stress physique ou psychologique sont en effet des facteurs importants de stress oxydatif, pouvant engendrer diverses maladies chroniques, ainsi que le cancer. Le jardinage serait ainsi un bon moyen supplémentaire de prévenir ces pathologies. Il serait d’ailleurs utilisé par certains psychiatres et psychologues en tant que thérapie complémentaire pour les personnes autistes et pour celles souffrant de la maladie d’Alzheimer. Cette activité maintiendrait notamment l’éveil intellectuel et les fonctions cognitives permettant de se repérer dans le temps et dans l’espace. De plus, manipuler la terre permettrait d’être en contact avec des bactéries ayant un taux élevé de sérotonine, améliorant probablement l’humeur chez ceux qui jardinent.
L’interaction avec la nature y serait également probablement pour quelque chose. En effet, diverses études ont montré ses bienfaits sur la santé. « Peu importe où vous allez, les gens disent qu’il y a quelque chose dans le jardinage qui les fait se sentir mieux », déclare dans un communiqué Jill Litt, auteure principale de la nouvelle étude et professeure au Département d’études environnementales de l’Université du Colorado.
Cependant, des preuves solides démontrant scientifiquement tous ces bienfaits manquent encore. Il n’est notamment pas encore clair si les personnes en bonne santé ont tendance à aimer jardiner, ou si au contraire leur bonne santé est due en partie au jardinage. La nouvelle étude, décrite dans la revue Lancet Planetary Health, se consacre particulièrement aux impacts positifs du jardinage communautaire sur la santé. De meilleures preuves sur les bienfaits du jardinage permettraient notamment de solliciter plus facilement des appuis à des programmes de soutien, surtout pour les populations les plus vulnérables, n’ayant pas forcément accès à des soins « conventionnels ».
Des avantages quantifiables
Dans le cadre de leur étude, les chercheurs de l’Université du Colorado ont recruté 291 adultes volontaires âgés de 41 ans en moyenne, et qui n’ont pas l’habitude de jardiner. Plus d’un tiers de ces personnes étaient immigrées et plus de la moitié étaient issues de ménages à faible revenu. La moitié des participants ont été affectés à un travail de jardinage en groupe, tandis que l’autre moitié a servi de groupe témoin et a attendu un an supplémentaire avant de commencer à jardiner. Au cours de toute la durée de l’étude, les deux groupes ont effectué des sondages périodiques sur leurs apports nutritionnels et leur santé mentale. Des mesures d’indice de masse corporelle (IMC) ont également été effectuées, et des capteurs transmettant l’activité physique ont été portés par chaque personne.
Quelques mois après leur initiation au jardinage, les chercheurs ont remarqué que le groupe qui jardinait consommait en moyenne 1,4 gramme de fibres de plus (7% de plus) que le groupe témoin — plus de fruits et de légumes.
En moyenne, un adulte consomme moins de 16 grammes de fibres par jour. Or, les recommandations médicales sont de 25 à 38 grammes par jour. D’après les experts, une augmentation de l’apport en fibres aurait des impacts positifs significatifs, car ces dernières influenceraient les réponses immunitaires, la santé du microbiote intestinal, l’incidence de certaines formes de cancer, etc.
« Ces résultats fournissent des preuves concrètes que le jardinage communautaire pourrait jouer un rôle important dans la prévention du cancer, des maladies chroniques et des troubles de santé mentale », estime Litt. De plus, le groupe qui jardinait a également vu son niveau d’activité physique augmenter de 42 minutes par semaine. En comparaison, les recommandations cliniques sont de 150 minutes par semaine. Ainsi, avec deux à trois visites hebdomadaires au jardin communautaire, les participants à l’étude ont atteint 28% de cette exigence.
Par ailleurs, les chercheurs ont constaté des baisses des niveaux de stress et d’anxiété chez le groupe ayant régulièrement jardiné. Des études antérieures ont notamment démontré que les interactions sociales sont bénéfiques pour la santé mentale. « Il ne s’agit pas seulement de fruits et légumes. Il s’agit également d’être dans un espace naturel à l’extérieur, avec d’autres personnes », conclut Litt.