En passant en revue 18 ingrédients couramment utilisés dans les compléments alimentaires pour la mémoire, une nouvelle étude suggère que seuls 8 d’entre eux disposent de preuves scientifiques fiables quant à leur efficacité. Parmi ces substances figurent par exemple celles issues de l’ashwagandha, du gingembre et du champignon crinière de lion. En revanche, il n’y aurait pas de preuves suffisamment convaincantes sur les bienfaits des composés populaires tels que l’oméga-3 et l’extrait de café.
En 2021, le marché mondial des compléments alimentaires supposés améliorer la santé cérébrale était évalué à 7,6 milliards de dollars. Ce chiffre devrait atteindre 15,59 milliards de dollars d’ici 2030. Ces substances n’étant généralement pas soumises aux mêmes réglementations que les produits pharmaceutiques, elles inondent le marché des produits de santé à un rythme effréné. L’innocuité et l’efficacité de ceux provenant des États-Unis (largement disponibles en Europe) par exemple, sont garanties uniquement par les fabricants et ne sont pas contrôlées par la Food and Drug Administration (FDA).
Une nouvelle étude menée par une équipe de l’Université de Saint-Louis visait à passer en revue les composés couramment présents dans les compléments pour la mémoire et à déterminer lesquels possèdent réellement les bienfaits suggérés. Les résultats de l’étude sont disponibles sur la plateforme Springer Link et pourraient être d’une grande aide pour choisir les bons compléments.
8 puissants compléments pour stimuler la mémoire
Dans le cadre leur enquête, les experts ont sélectionné 103 compléments populaires disponibles sur des plateformes de vente en ligne telles qu’Amazon, Whole Foods et CVS. Ils ont constaté que ces produits contenaient au moins l’un de 18 ingrédients récurrents. Une analyse scientifique de ces substances a été extrapolée à partir des bases de données PubMed et Cochrane. Parmi ces substances, 8 disposent de données scientifiques fiables quant à leurs bienfaits sur la mémoire, notamment l’ashwagandha, la choline, le curcuma et la curcumine, le gingembre, le champignon crinière de lion, les polyphénols et la phosphatidylsérine.
L’ashwagandha, ou ginseng indien (Withania somnifera), est une plante couramment utilisée dans la médecine traditionnelle indienne pour ses vertus anti-inflammatoires et anti-oxydantes. Des recherches suggèrent qu’elle pourrait améliorer la cognition chez les adultes en bonne santé et chez ceux souffrant de légers troubles cognitifs. Le curcuma, dont la pigmentation jaunâtre provient de la curcumine, est quant à lui associé à une amélioration de la mémoire de travail. Cependant, le pigment et l’épice brute peuvent provoquer des effets gastro-intestinaux indésirables.
Également considérés comme des incontournables de la médecine traditionnelle orientale, le gingembre et le champignon crinière de lion ont fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques pour leurs nombreux bienfaits. Mis à part ses vertus anti-inflammatoires, des essais randomisés ont démontré que le premier pouvait améliorer la mémoire de travail chez les femmes d’âge moyen et en bonne santé. Le champignon, quant à lui, améliorerait la fonction cognitive chez les personnes âgées et stimulerait la croissance neuronale — suggérant des effets bénéfiques sur la santé cérébrale en général.
Retrouvée dans les œufs, les noix, les abats et le poisson, la choline est un nutriment essentiel soutenant de nombreuses fonctions biologiques, dont la régulation de la mémoire. Des études ont démontré qu’un apport supplémentaire de choline peut améliorer la mémoire chez les adultes en bonne santé, tout comme chez ceux souffrant de troubles de la mémoire et de démence. Ces substances sont aussi riches en phosphatidylsérine, également connue pour réduire les troubles de la mémoire chez les seniors. De nombreuses études ont également révélé les effets protecteurs des polyphénols contre les maladies cardiovasculaires et neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, …). Ils sont présents en abondance dans le raisin, le cacao, le curcuma et le gingembre.
Un manque de preuves scientifiques pour certaines substances
Cependant, malgré leur popularité, les autres ingrédients sélectionnés pour l’étude ne disposent pas de données scientifiques convaincantes quant à leurs effets sur la mémoire. Ces composés incluent l’apoaéquorine, le coenzyme Q10, l’extrait de café, la L-théanine, l’acide gras oméga-3 et les vitamines B6, B9 et B12. D’autres disposent en revanche de résultats de recherche mitigés, notamment la carnitine, le ginkgo biloba, l’huperzine A et les vitamines D et E.
Bien que la coenzyme Q10 (ou ubiquinone) soit par exemple connue pour ses propriétés antioxydantes, aucune preuve fiable n’a permis de corroborer ses bienfaits sur la prévention de la neurodégénérescence et de la démence. L’extrait de café fait également l’objet de recherches actives pour ses supposés avantages pour la mémoire à court terme. On lui soupçonne notamment de puissants effets neuroprotecteurs. Cependant, ses effets positifs à long terme dans la prévention du déclin cognitif ne sont pas clairs. En outre, bien que l’oméga-3 soit généralement recommandé pour ses bienfaits sur le cerveau, les experts de l’étude n’ont pas trouvé de données convaincantes de son efficacité dans l’atténuation du déclin cognitif.
Quant aux composés tels que l’huperzine A et les vitamines D et E, les chercheurs estiment qu’ils possèdent peut-être un bon potentiel pour l’amélioration de la mémoire, mais la littérature scientifique corroborant cette hypothèse est rare. Des études plus approfondies seront nécessaires concernant l’utilisation à long terme de ces composés, avec des populations homogènes et des mesures cognitives standardisées.