Les vertus anti-inflammatoires du gingembre pourraient soulager les maladies auto-immunes

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Les vertus anti-inflammatoires du gingembre pourraient aider à soulager les personnes souffrant de maladies auto-immunes. Une nouvelle étude révèle des effets modulateurs directs et significatifs sur un processus immunitaire appelé nétose. En étant combinés aux traitements conventionnels, les compléments à base de gingembre pourraient en améliorer l’efficacité.

Bien que les maladies auto-immunes — telles que le lupus et le syndrome des antiphospholipides (APS) — sont régies par des mécanismes spécifiques, elles possèdent un processus inflammatoire en commun. Il s’agit notamment de la formation anormale et exacerbée de pièges extracellulaires à neutrophiles. Au cours de ce processus appelé nétose, les neutrophiles expulsent leur chromatine nucléaire pour former des structures en forme de toile d’araignée ponctuées de granules protéiniques. En temps normal, ces toiles capturent et dégradent les agents pathogènes. Cependant, en cas de maladie inflammatoire, la nétose excessive devient pathologique et engendre des effets thrombotiques ainsi que des lésions organiques.

Connu depuis longtemps pour ses vertus antioxydantes et anti-inflammatoires, le gingembre est utilisé en médecine traditionnelle pour soulager de nombreuses affections (telles que l’asthme et l’arthrite). Ces effets sont principalement attribués à ces nombreux composés phénoliques. Parmi ces derniers, le 6-gingérol est le plus abondant dans le gingembre frais (la racine), avec des concentrations allant jusqu’à 2100 microgrammes par gramme de matière végétale. Il a été suggéré que la plante atténue l’inflammation en réduisant les niveaux de cytokines pro-inflammatoires et en inhibant la sécrétion de chimiokines. Cependant, les mécanismes biomoléculaires régissant ces effets n’étaient jusqu’ici pas clairs.

Une étude précédemment menée par une équipe du campus de médecine d’Anschutz (de l’Université du Colorado) suggère que le 6-gingérol inhibe l’hyperactivation des neutrophiles, ce qui signifie qu’il pourrait avoir des effets sur la nétose. Les mêmes chercheurs confirment cette corrélation dans une nouvelle étude, publiée dans la revue JCI Insight, et apportent une preuve supplémentaire des avantages du gingembre pour soulager les maladies auto-immunes. D’après Kristen Demoruelle, la coauteure principale, « cela est important, car il s’agit d’un complément naturel qui peut être utile pour traiter l’inflammation et les symptômes des personnes atteintes de diverses maladies auto-immunes ».

Il est important de savoir qu’il n’existe pas beaucoup de compléments naturels ou de médicaments sur ordonnance pouvant cibler l’hyperactivité des neutrophiles. Des compléments à base de gingembre pourraient ainsi être combinés avec les traitements conventionnels et potentiellement en améliorer l’efficacité.

Des effets immunosuppresseurs

Lors d’essais sur des modèles murins de lupus et d’APS, l’extrait purifié de 6-gingérol a inhibé l’activité de la phosphodiestérase (PDE) des neutrophiles. Cette inhibition a augmenté les niveaux d’adénosine monophosphate cyclique (AMPc) intracellulaire, dont dépend la voie inflammatoire de la protéine kinase A (PKA), ce qui a eu pour effet de cesser l’hyperactivité des neutrophiles.

Étant donné que ces essais ont été effectués par voie intrapéritonéale, il est nécessaire de confirmer ces effets immunosuppresseurs lors d’une administration par voie orale. Dans ce sens, les chercheurs ont testé l’extrait de gingembre sur des modèles murins de maladies auto-immunes et sur des personnes en bonne santé. Des essais sur des cellules neutrophiles humaines isolées ont également été effectués. Pour ce faire, des extraits entiers de gingembre sous forme de poudre ont été utilisés, avec un taux de 20% de gingérols.

Au cours des essais in vitro, l’extrait de gingembre a réduit l’activité de la PDE de 40%. Cet effet est comparable à celui observé avec des inhibiteurs synthétiques. L’extrait augmentait également de manière significative les concentrations intracellulaires d’AMPc, ce qui a bloqué l’activité de la PKA et freiné la nétose. De manière étonnante, les inhibiteurs de PKA conventionnels n’ont pas les mêmes effets directs sur la nétose. De même, il est important de noter que les extraits entiers de gingembre ont conféré les mêmes avantages que les extraits purifiés de gingérols. En induisant une thrombose veineuse chez les souris malades, l’extrait de gingembre a pu la neutraliser parallèlement à la nétose.

Les 9 participants sains (âgés de 18 à 38 ans) à l’étude avaient reçu une dose quotidienne de 100 milligrammes d’extrait de gingembre (contenant 20 milligrammes de gingérols), pendant 7 jours. Leur sang a été prélevé avant le début du traitement, à la fin et 14 jours après, afin d’en isoler les cellules neutrophiles. Il a été constaté que les échantillons du jour 7 montraient une augmentation significative d’AMPc par rapport à avant le traitement. Parallèlement, une diminution de la nétose a été observée. Les niveaux sont revenus à la normale une semaine après l’arrêt de la prise d’extrait de gingembre.

Ces résultats montrent que « la consommation d’un complément à base de gingembre par des individus en bonne santé a le potentiel de modifier la fonction des neutrophiles in vivo, ce qui diminue la nétose », écrivent les chercheurs dans leur document. En outre, les effets sont restreints aux neutrophiles et n’altèrent pas les niveaux d’AMPc au niveau des cellules mononucléées du sang périphérique.

En prochaine étape, des essais cliniques sur des volontaires malades sont prévus. Mais grâce à ces résultats, les chercheurs espèrent déjà aider les médecins à affiner leurs stratégies thérapeutiques pour soulager les patients. Le gingembre pourrait être une alternative à la fois douce et avantageuse, à utiliser en complément avec les traitements conventionnels.

Source : JCI Insight 

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