Virgin Galactic entre dans l’histoire en devenant la première entreprise privée à envoyer des humains dans l’espace

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| Mars Scientific/Trumbull Studios

Jeudi dernier, Virgin Galactic a lancé un vaisseau spatial comprenant un équipage humain à plus de 80 kilomètres d’altitude, atteignant ainsi l’espace, selon la définition de la Federal Aviation Administration, et permettant à l’entreprise fondée par Richard Branson de se rapprocher plus que jamais de son objectif : proposer des voyages touristiques spatiaux autour de la Terre.

Il s’agit du tout premier lancement d’un engin spatial depuis le sol américain avec des humains à bord, et dont le but était d’atteindre la périphérie de l’espace, depuis le retrait de la navette spatiale américaine (Space Shuttle) en 2011. Cela introduit donc une nouvelle ère dans le domaine du vol spatial habité, un domaine où les entreprises s’efforcent de mettre fin au monopole spatial des gouvernements.

Cet exploit arrive à un moment où la NASA est toujours contrainte de compter sur la Russie pour envoyer ses astronautes en orbite, et doit faire face aux critiques selon lesquelles son aversion pour le risque a remplacé l’audace juvénile qui l’a aidée à envoyer les premiers hommes sur la Lune.

Une invitation à rêver, prête à être portée.
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Vue depuis le cockpit de SpaceShipTwo de Virgin Galactic, durant son vol d’essai. Crédits : Document/Reuters
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Crédits : Handout/Reuters

Alors que le vol a lieu un matin glacial, peu après le lever du Soleil, Virgin Galactic peut sans autre revendiquer sa place dans la course aux vols habités, comprenant de nombreuses entreprises, dont SpaceX, Blue Origin ou encore Boeing, qui travaillent tous dans le but de développer des vaisseaux spatiaux capables de contenir un équipage humain.

Abritant deux pilotes chevronnés dans le cockpit, Mark « Forger » Stucky et C.J. Sturckow, le vaisseau, connu sous le nom de SpaceShipTwo a été transporté à une altitude d’environ 13’000 mètres. Le vaisseau spatial a alors été libéré pour entrer en chute libre, avant que le pilote ne démarre le moteur, propulsant l’avion spatial à plusieurs fois la vitesse du son. Puis, le vaisseau a pu monter avec un important angle d’inclinaison (presque tout droit), tandis qu’il traversait le désert californien.

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Le vaisseau a réussi à rejoindre une hauteur de 82.7 kilomètres, atteignant une vitesse maximale de Mach 2.9 (soit 3580 km/h), avant de redescendre et de revenir au port spatial de la société à Mojave.

Au sol, une foule de journalistes, de passionnés de l’espace, Branson lui-même et ses invités, regardaient le vol et attendaient son retour avec impatience. « Il a fallu 14 longues années pour en arriver là. Nous avons versé des larmes, de vraies larmes. Les larmes d’aujourd’hui sont donc des larmes de joie », a déclaré Branson. « Peut-être aussi des larmes de soulagement. Lorsque vous participez au vol d’essai d’un programme d’une compagnie spatiale, vous ne pouvez jamais être totalement sûr à 100% », a-t-il ensuite ajouté.

Stucky, pilote et commandant de la mission, a déclaré que l’opération s’était déroulée sans problèmes. « C’était incroyable. Voir le ciel sombre était génial. Tout fonctionnait parfaitement bien. (…) Nous avions le temps de regarder autour de nous », a-t-il déclaré.

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Richard Branson (au centre), le fondateur de Virgin Galactic, célèbre la réussite avec les pilotes Mark « Forger » Stucky (à droite) et C.J. Sturckow (à gauche), après le vol d’essai. Crédits : John Antczak/AP

À l’heure actuelle, Virgin Galactic compte près de 700 personnes (clients) ayant déjà acheté leur « billet » pour ses balades suborbitales, à des sommes d’investissement allant jusqu’à 250’000 USD. Cela fait plus de voyageurs potentiels que les 560 personnes (environ) qui se sont déjà rendues dans l’espace jusqu’à aujourd’hui.

Pour Branson, ce lancement était le point culminant de plusieurs années de rêves somptueux, de travail acharné, mais aussi de rêves tragiques. Il a fondé Virgin Galactic après avoir acheté, en 2004, les droits sur la technologie à l’origine de SpaceShipOne, le satellite fondé par le cofondateur de Microsoft, Paul Allen, qui s’est rendu trois fois à la périphérie de l’espace et qui a remporté le prix Ansari X (de 10 millions de dollars), ce qui aboutit aujourd’hui au tout premier véhicule financé par des fonds privés à envoyer des humains dans l’espace.

Le lancement de jeudi a donc été une étape importante pour une industrie spatiale commerciale en pleine croissance, qui, malgré tous ses efforts et ses succès, n’a pas encore démontré qu’elle pouvait envoyer régulièrement des humains dans l’espace. Mais cela pourrait bientôt changer.

En effet, Blue Origin, la société spatiale fondée par Jeffrey P. Bezos, prévoit également d’envoyer des touristes humains dans l’espace, mais à une altitude plus élevée et avec une fusée lancée à la verticale, et non avec un avion spatial : les premiers vols d’essai avec des humains à bord sont prévus pour l’année prochaine (2019). D’autant plus que SpaceX, la société fondée par Elon Musk, ainsi que Boeing, ont signé un contrat avec la NASA pour envoyer des astronautes sur la Station spatiale internationale (ISS) dès l’année prochaine.

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Ce lancement représente également une étape majeure pour une industrie spatiale commerciale en pleine croissance. Crédits : Gene Blevins/AFP/Getty Images

Comme le montre Virgin Galactic, il a été très difficile de mettre fin au monopole que le gouvernement possédait depuis longtemps sur les vols spatiaux habités. Malgré ces obstacles, Branson a débuté sa quête en affirmant que l’entreprise allait bientôt pouvoir amener des centaines de touristes dans le cosmos.

Mais les années passaient et le programme de l’entreprise souffrait de nombreux retards qui s’accumulaient, jusqu’à arriver à un point crucial : un vaisseau spatial de l’entreprise s’est littéralement désintégré en vol, tuant le pilote Michael Alsbury. Tandis que les enquêteurs fédéraux cherchaient la cause de l’accident, Branson s’est longtemps demandé s’il devait continuer dans ce sens-là. Comme vous vous en doutez, sa décision finale a été de continuer.

En 2016, l’entreprise Virgin Galactic a dévoilé un nouvel avion spatial baptisé Unity, et la compagnie a repris son programme de tests en repoussant lentement les limites, essais après essais. Le vol de jeudi était une étape clé qui, selon la compagnie, la rapprochera du but visant à amener des touristes aériens aux abords de l’espace, à partir de Spaceport America, la future base de lancement futuriste de l’entreprise, située au Nouveau-Mexique.

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Le vaisseau SpaceShipTwo de Virgin Galactic, effectuant un vol d’essai, le 1er mai 2017. Crédits : Virgin Galactic

Branson a déclaré qu’il avait investi près d’un milliard de dollars de son propre argent dans cette entreprise : « L’espace n’est pas bon marché. Virgin Galactic envisage de vendre plus de billets, et nous souhaitons rendre la société viable sur le plan commercial », a-t-il déclaré. Branson a également annoncé qu’une fois le programme d’essais terminé, l’opération serait transférée l’année prochaine à Spaceport America, où l’entreprise compte effectuer ses vols touristiques.

À l’heure actuelle, Virgin Galactic est en train de construire deux autres vaisseaux spatiaux. Le but ultime de l’entreprise est de construire une série de ports spatiaux à travers le monde. « Nous souhaitons opérer plusieurs fois par semaine, pour permettre à des dizaines de milliers de personnes de faire l’expérience de l’espace », a déclaré George Whitesides, directeur général de Virgin Galactic.

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Le directeur général de Virgin Galactic, George Whitesides. Crédits : Jonathan Newton/The Washington Post

La société souhaiterait transformer ces ports spatiaux en « futurs centres pour un réseau de nœuds de transport intercontinentaux », où des vaisseaux spatiaux pourraient transporter des personnes à travers le monde en quelques heures. « À long terme, nous souhaitons nous rendre dans les principaux aéroports, car nous disposons d’un véhicule à ailes qui peut s’intégrer facilement dans les flux de trafic », a ajouté Whitesides. Bien entendu, cet objectif est encore « à de nombreuses années de travail », a-t-il ajouté. « Mais c’est l’évolution – de sorte qu’à la fin de celle-ci, nous ayons mis en place, étape par étape, la possibilité de parcourir les continents en une heure ou deux », a-t-il conclu.

Résumé du vol en vidéo :

Source : Virgin Galactic

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