Comment un groupe russe a exploité l’IA pour manipuler l’élection américaine

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L’intelligence artificielle est de plus en plus mobilisée pour servir des opérations de désinformation. Dans des contextes géopolitiques sensibles, certains États investissent massivement dans cette technologie. En Russie, un serveur d’IA aurait été conçu spécifiquement pour alimenter une campagne de désinformation lors de l’élection présidentielle américaine de 2024.

L’élection présidentielle de 2024 a été un terreau fertile pour les manipulations numériques. Les campagnes de désinformation ont ciblé les deux principaux partis politiques, diffusant des contenus trompeurs visant non seulement à discréditer les candidats, mais aussi à saper la confiance dans l’ensemble du processus électoral.

Durant cette période, la Russie a été à plusieurs reprises accusée de mener des opérations sophistiquées d’ingérence électorale. L’objectif : influencer l’opinion publique américaine à travers une large diffusion de fausses informations. Deux mois après le scrutin, le département du Trésor américain annonçait des sanctions contre une organisation russe, accusée d’avoir interféré dans la campagne présidentielle.

« Les gouvernements iranien et russe ont ciblé nos processus électoraux et nos institutions, cherchant à diviser le peuple américain par le biais de campagnes de désinformation ciblées », a déclaré Bradley T. Smith, sous-secrétaire par intérim du Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier.

De faux médias au service de la manipulation

Pour mener à bien cette campagne, les autorités russes et iraniennes, selon le département du Trésor, ont conçu des systèmes d’IA générative capables de produire massivement des contenus manipulés. Ces contenus, habilement fabriqués, ont été diffusés sur un réseau de plus de cent sites web. Ces plateformes imitaient l’apparence et le ton de médias américains réputés, brouillant ainsi les pistes.

« Le Kremlin a de plus en plus adapté ses efforts pour dissimuler son implication en développant un vaste écosystème de sites web proxy russes, de faux profils en ligne et d’organisations écrans, simulant des sources d’information indépendantes sans lien apparent avec l’État russe », précise le département du Trésor dans son communiqué.

Derrière cette stratégie complexe se trouverait le Centre d’expertise géopolitique (CGE), basé à Moscou et dirigé par la Direction générale du renseignement russe (GRU). Cet organisme aurait significativement investi dans le développement d’un serveur d’IA localisé dans la capitale russe. Cette infrastructure, conçue pour échapper à toute surveillance internationale, permettrait d’éviter le recours à des services d’hébergement étrangers, potentiellement susceptibles de bloquer ou de surveiller ses activités. Toujours selon l’enquête américaine, des facilitateurs basés aux États-Unis auraient également participé à cette opération.

Un deepfake pour discréditer un candidat

Le communiqué du département du Trésor mentionne également une vidéo truquée, élaborée par le CGE, visant à ternir l’image d’un candidat à la vice-présidence en 2024. Si le Trésor n’a pas donné de détails supplémentaires, cette vidéo pourrait faire référence à celle visant Tim Walz, le candidat démocrate à la vice-présidence.

En octobre 2024, une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux mettait en scène un ancien élève accusant Walz de comportements inappropriés lorsqu’il était professeur de lycée et entraîneur de football. L’affaire a rapidement été démentie : l’élève supposé a affirmé ne pas être la personne visible dans les images. « Une des tactiques consiste à mettre en scène ces vidéos et à les rendre virales », a expliqué un responsable du Bureau du directeur du renseignement national.

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