Comment reconnaître une personnalité psychopathe ?

personnalite psychopathe
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Là où la majorité des personnes sont aptes à montrer de l’empathie, reconnaître la responsabilité de leurs actions, montrer de la bienveillance ou encore se conformer à la loi, certaines personnes en sont toutefois incapables. Lorsque plusieurs de ces incapacités et manques sont combinés, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) permet alors de parler de trouble de la personnalité antisociale, encore généralement appelé psychopathie. Au fil du temps, les psychiatres et les criminologues ont établi une liste de critères précis permettant de caractériser une personnalité psychopathe.

Le professeur Robert Hare est un psychologue criminel et le créateur du PCL-R, une évaluation psychologique utilisée pour déterminer si quelqu’un est un psychopathe. Pendant des décennies, il a étudié des personnes atteintes de psychopathie et a travaillé avec elles, en prison et ailleurs. « Cela m’étonne, autant que lorsque j’ai commencé il y a 40 ans, qu’il est possible de rencontrer des gens qui sont si émotionnellement déconnectés qu’ils peuvent fonctionner comme si d’autres personnes étaient des objets à manipuler et à détruire sans remords ».

Les critères diagnostiques d’une personnalité psychopathe

Le test de Hare est simple : une liste de 20 critères, chacun ayant un score de 0 (s’il ne s’applique pas à la personne), 1 (s’il s’applique partiellement) ou 2 (s’il s’applique pleinement). La liste complète des critères étudiés est la suivante :

  • Aisance orale et charme superficiel, séducteur
  • Très grande estime de soi/arrogance
  • Tendance pathologique au mensonge
  • Large utilisation de la ruse et la manipulation
  • Absence de remords
  • Aucune profondeur émotionnelle/implication émotionnelle superficielle
  • Insensibilité et manque d’empathie
  • Refuse de reconnaître la responsabilité de ses actions
  • Tendance à l’ennui
  • Mode de vie parasitaire/vit aux dépends des gens et de l’entourage
  • Manque d’objectifs réalistes à long terme
  • Impulsivité/tendances violentes
  • Comportement irresponsable
  • Manque de contrôle comportemental
  • Comportement juvénile difficile
  • Délinquance juvénile
  • Polyvalence criminelle
  • Antécédents de « révocation de la libération conditionnelle » (c.-à-d. une libération conditionnelle rompue)
  • Multiples mariages
  • Comportements sexuels chaotiques

Un psychopathe archétypal obtiendrait donc un score de 40. Un score de 30 ou plus permet de poser un diagnostique préliminaire de psychopathie. Mais la psychopathie est-elle un trouble de la personnalité ou une manière différente d’être ? Quiconque lit la liste ci-dessus repérera quelques critères familiers chez des individus qu’ils connaissent. En moyenne, une personne sans condamnation pénale obtient un score de 5. C’est une évaluation dimensionnelle ; et il peut exister des degrés dans l’évaluation des différents critères.

Dans cette vidéo, le professeur Hare discute du diagnostique concernant les personnalités psychopathes :

Le manque d’empathie émotionnelle : la marque diagnostique de la psychopathie

« Il existe deux types d’empathie. L’empathie cognitive est la capacité de savoir ce que les autres ressentent, et l’empathie émotionnelle est la capacité de ressentir ce qu’ils ressentent », explique James Fallon, neuroscientifique à l’Université de Californie.

Les personnes autistes peuvent être très empathiques — elles ressentent la douleur des autres — mais sont moins capables de reconnaître les signaux que nous lisons facilement, les sourires et les froncements de sourcils qui nous révèlent en partie ce que quelqu’un pense. Les psychopathes fonctionnent inversement : ils savent ce que vous ressentez, mais ne le ressentent pas eux-mêmes.

Tout cela donne à certains psychopathes un grand avantage, car ils peuvent savoir ce que les autres pensent, mais ne s’en soucient pas, afin qu’ils puissent retourner les personnes contre elles-mêmes. Les psychopathes sont particulièrement aptes à détecter la vulnérabilité.

Une étude de 2008, qui a demandé aux participants de se souvenir de personnages virtuels, a révélé que ceux qui ont obtenu un score élevé pour la psychopathie se souvenaient parfaitement des femmes tristes et seules, mais montraient une mémoire altérée pour les autres personnages.

Traits psychopathiques : un avantage dans certains domaines

Certaines personnes de notre entourage obtiennent un score d’environ 20, ce qui permettrait de diagnostiquer une tendance à la psychopathie sans toutefois que ce comportement ne pose de problèmes. Généralement, ces personnes se servent de nous de temps en temps sans graves conséquences, et sont aptes à parler d’eux-mêmes. Mais de nombreux traits psychopathiques ne sont pas nécessairement des inconvénients et pourraient, dans certaines circonstances, être un avantage.

Pour leur livre « Serpents en costume : quand les psychopathes se mettent au travail », Hare et un autre chercheur, Paul Babiak, ont examiné 203 professionnels d’entreprise et ont trouvé qu’environ 4% ont obtenu des scores suffisamment élevés sur le PCL-R pour être évalués comme psychopathes. Hare indique qu’il est facile de voir comment un manque de scrupules moraux et l’indifférence à la souffrance des autres sont bénéfiques pour quiconque veut percer dans le domaine des affaires.

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