Comment se protéger au mieux des tiques ?

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C’est la saison ! D’avril à octobre, les tiques sont particulièrement actives dans les milieux naturels, notamment dans les forêts. Dans les bois, les buissons humides, mais aussi dans les prairies, jardins et parcs, cet acarien est discret, mais il faut s’en méfier. En effet, les tiques sont potentiellement porteuses de la bactérie responsable de la maladie de Lyme. Prudence donc, mais pas de panique : seules 20 à 30% des tiques sont infectées. Afin de s’en protéger, il est important de connaitre les mesures de prévention à adopter et la conduite à tenir en cas de piqûre de tiques.

On trouve des tiques dans le monde entier. Elles sont les principaux vecteurs d’agents pathogènes responsables de maladies infectieuses en Europe, dont la maladie de Lyme.

La maladie de Lyme est transmise lors d’une piqûre de tique infectée par Borrelia burgdorferi sensu lato, bactérie de la famille des spirochètes. En Europe, le vecteur le plus répandu est la tique Ixodes ricinus, présente dans la plupart des régions métropolitaines à l’exception des zones très sèches. Cette tique vit dans les zones boisées, les herbes hautes, mais aussi les jardins et les parcs. Ainsi, si les piqûres sont souvent associées aux promenades en forêt, un quart d’entre elles se produisent dans les jardins.

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Portrait rapide de la tique, vecteur de maladies

Le principal vecteur des pathologies infectieuses est donc une tique dure, acarien de la famille des Ixodidae : en France, plus de 9 tiques sur 10 retirées sur l’Homme sont des Ixodes ricinus. Elles vivent de préférence dans des climats tempérés, mais possèdent une très grande capacité d’adaptation à l’altitude et à l’humidité.

La tique est tout de même considérée absente à une altitude supérieure à 1200-1500 m. Ces parasites suceurs de sang font également preuve de flexibilité en matière de températures : leur activité est réduite pour des températures au-dessus de 25 °C et en dessous de 7 °C, température pour laquelle ils entrent en hibernation. Leur période d’activité est donc saisonnière, maximale au printemps et en automne. Toutefois, la théorie selon laquelle on ne peut pas se faire piquer par une tique en hiver n’est pas tout à fait correcte, car les tiques peuvent également être actives en hiver selon les conditions climatiques.

Solutions naturelles et aménagement de l’environnement

La principale recommandation afin d’éviter les piqûres de tiques est la prévention, que l’on soit au jardin ou en forêt. Des gestes simples suffisent la plupart du temps à éviter une piqûre. On a coutume de penser spontanément aux sous-bois ou à la campagne, mais les tiques sévissent aussi en ville, notamment depuis que les espaces végétalisés y sont de plus en plus fréquents.

Il faut marcher de préférence dans les sentiers et éviter les herbes hautes, porter un chapeau, des souliers fermés et des vêtements longs, mettre son tee-shirt, pull, etc. dans le pantalon et le bas du pantalon dans les chaussettes ou les bottes. Ce dernier point évite que les tiques ne puissent remonter à l’intérieur des vêtements. La couleur des vêtements doit être de préférence claire. En effet, les couleurs claires rendent les tiques plus visibles. Pour les enfants, dont la tête est à hauteur des broussailles, le port d’une casquette permet d’éviter les piqûres du cuir chevelu.

Pour dissuader les tiques, quelques molécules naturelles sont à l’étude, pour éviter le recours à des produits de synthèse. On peut notamment citer le 2-undecanone (BioUD) issu de la tomate ; l’acide décanoique (Contrazek) aussi appelé acide caprique – un dérivé huileux issu des noix de coco ou de palme ; le géraniol, l’extrait de Margosa ou margousier (Neem) et l’extrait de lavande. Les autres huiles essentielles sont en général peu ou pas recommandées, car très volatiles.

Enfin, il est également utile de vérifier son environnement direct, jardin ou cour, pouvant abriter des tiques. Quelques précautions simples peuvent grandement limiter les risques de piqûres. On peut mentionner notamment le fait de couper les herbes hautes et les broussailles autour de la maison, et tondre le gazon ; enlever les feuilles mortes et les mauvaises herbes qui se trouvent sur la pelouse et au bord des réserves de bois ; aménager des sentiers en copeaux de bois ou en gravier entre les zones boisées et les pelouses, les patios et les aires de jeu. Les sentiers devraient avoir une largeur d’au moins 3 mètres, évitant théoriquement le franchissement par les tiques ; aménager les aires de jeux loin des arbres, dans un endroit ensoleillé ; empiler le bois avec soin, à l’abri et au sec. Cela peut éloigner les rongeurs, qui attirent les tiques.

Enfin, certaines herbes aromatiques sont des répulsifs naturels, comme l’ail, le romarin, le laurier, la menthe ou encore la mélisse. L’odeur de certaines fleurs comme le chrysanthème, le géranium citronnelle ou l’absinthe éloigne également ces parasites.

Solutions chimiques, selon les âges

Il existe peu de répulsifs à tiques, il s’agit notamment de répulsif à moustiques. Mais une actualisation des connaissances concernant leur efficacité contre les piqûres de tiques a été réalisée en 2018. Quatre molécules sont reconnues comme étant efficaces en matière de répulsif contre ces parasites.

D’une part, on peut utiliser les produits à base de DEET, et ceux à base d’icaridine. Ils sont à appliquer sur les zones du corps non protégées par des vêtements, en évitant le visage. Les noms scientifiques des ingrédients actifs inscrits sur les étiquettes des produits peuvent varier d’un produit à l’autre : le DEET est aussi appelé « N, N-diethyl-m-toluamide » ; l’icaridine est aussi appelée « picaridine » ou « KBR 3023 ».  La durée de la protection contre les piqûres de tiques est généralement plus courte que celle contre les piqûres de moustiques.

Il est impératif de choisir un produit en fonction de l’âge. Ainsi avant 6 mois, il ne faut utiliser aucune solution chimique, une moustiquaire sur la poussette étant suffisante.

Entre 6 mois et 12 ans, le produit doit être étiqueté 10% ou moins en DEET. La durée de la protection n’excède pas 3 heures et se limite à une application par jour pour les enfants de moins de 2 ans. L’application peut passer à trois fois pour les plus grands. Les produits à base d’icaridine doivent eux être étiquetés 20% ou moins, en sachant que leur durée de protection varie avec leur composition : entre 3 à 5 heures pour 10% et entre 8 à 10 heures pour 20%.

Pour les plus de 12 ans et les adultes, les produits à bases de DEET doivent en contenir 30% ou moins. La durée de protection est de 6h maximum. Pour les produits à base d’icaridine, ils doivent être étiquetés « 20% » ou moins. La durée de protection varie de la même manière que précédemment.

Par contre, les durées d’efficacité ne sont que des moyennes issues de tests réalisés en laboratoire chez l’Homme et parfois chez la souris. Elles ne tiennent pas compte de certains paramètres pouvant influencer leur efficacité.

Les deux autres molécules sont le PMD (P-menthane-3, 8-diol), composé naturel extrait de l’eucalyptus Corymbia citriodora, et l’IR35/35 (N-butyl, N-acétyl-3 éthylaminopropionate). Synthétisé en Allemagne en 1969, ce produit a été commercialisé à partir de 1973. Incolore et pratiquement inodore, mais il altère les matières plastiques.

Petite précision : si la protection doit aussi être contre le soleil, il est conseillé de commencer par appliquer la crème solaire et d’attendre 15 min afin qu’elle pénètre dans la peau. Cela limite l’absorption de l’insectifuge.

Dernier point, l’imprégnation vestimentaire, par des répulsifs dédiés, peut être efficace. Cela constitue un complément à l’utilisation de répulsifs cutanés. La perméthrine est notamment utilisée. Le produit peut être appliqué en pulvérisations sur la face externe des vêtements ; il garde alors son effet pendant 6 semaines. Lorsqu’un moustique ou une tique s’approche du tissu traité, ou qu’il atterrit ou rampe dessus, la perméthrine l’irrite, l’incitant à s’éloigner avant d’avoir eu l’occasion de piquer ou mordre.

Les répulsifs sont des produits potentiellement toxiques qu’il convient d’utiliser avec précaution, mais en aucun cas chez les enfants de moins de 16 ans ou chez les femmes enceintes. Il est alors possible d’imprégner ses vêtements avec du vinaigre blanc dilué à l’eau.

Comportements à adopter de retour de promenade

Il faut inspecter tout le corps en examinant tout particulièrement les sites où la peau est la plus fine, tels que les aisselles, les plis du genou, les zones génitales, le nombril, les conduits auditifs et le cuir chevelu. Il est préférable que l’examen soit réalisé le plus rapidement possible. Cet examen doit être minutieux, car le stade du vecteur le plus souvent en cause est la nymphe, qui ne mesure que 1 à 3 millimètres. Il est recommandé de refaire cet examen le lendemain, car la tique, gorgée de sang, sera plus visible.

De plus, il est également conseillé de prendre un bain ou une douche dès que possible, idéalement dans les 2 heures suivant l’activité extérieure, pour vérifier la présence de tiques. Cela permettra également d’enlever les tiques qui ne seraient pas solidement attachées à la peau.

En dernier lieu, il est utile d’examiner son équipement (sac à dos, manteau, etc.) et ses animaux de compagnie. Cette précaution vise à éviter d’introduire une tique dans la maison.

En cas de piqûre

Le premier geste à faire est de retirer la tique le plus rapidement possible à l’aide d’un tire-tique (éviter l’utilisation d’alcool ou d’éther qui risque de faire régurgiter la tique). En effet, plus une tique reste accrochée longtemps, plus elle risque de transmettre la bactérie. Le tire-tique permet l’extraction de la tique par rotation-traction de façon perpendiculaire à la peau. Il faut surtout éviter d’écraser l’abdomen de la tique. Ce tire-tique, commercialisé en particulier en pharmacie, existe en petite taille pour le stade nymphe de ces parasites et en grande taille pour les adultes. Des kits de trois tailles sont également disponibles.

La zone piquée doit par la suite être désinfectée et surveillée pendant un mois à la recherche d’un érythème migrant (manifestation clinique de la maladie de Lyme, nécessitant une consultation médicale, de même que la fièvre ou une fatigue très intense).

Il est à noter que, dans le cadre du plan de lutte contre la maladie de Lyme, débuté en 2016 en France, 5 centres cliniques de référence (CR MVT) ont été créés, pour une meilleure prise en charge des patients avec des difficultés de diagnostic.

S’il existe un traitement antibiotique contre la borréliose de Lyme, mais pas de vaccin (même si des pistes sérieuses sont envisagées), c’est exactement l’inverse pour la méningoencéphalite à tiques (FSME, abréviation issue de l’allemand) : il existe un vaccin contre la FSME, mais aucun traitement une fois que la maladie s’est développée.

Après une piqûre de tique infectée par le virus FSME, l’infection transmise ne cause le plus souvent aucun symptôme. Chez une minorité de personnes, des symptômes semblables à une grippe (fièvre, douleurs dans les membres) surviennent entre 2 et 28 jours après la piqûre. Ces symptômes disparaissent après quelques jours, la personne étant ensuite immunisée à vie.

Mais chez 5 à 15% des personnes malades, une méningite apparaît 4-6 jours plus tard, l’infection pouvant s’étendre au cerveau (méningoencéphalite).

Un vaccin contre la FSME

Les tiques infectées par le virus FSME sont présentes dans de nombreux pays d’Europe (Autriche, Slovénie, Suisse, Baviére…). Environ 1% des tiques sont infectées par le virus. On note une augmentation marquée ces dernières années. Cependant, la majorité des infections sont silencieuses, ce qui explique l’incidence relativement faible de la FSME. Toutefois, toutes les personnes vivantes ou séjournant temporairement dans des régions endémiques sont exposées au risque de contracter la FSME. Cette maladie peut parfois laisser des séquelles et même conduire au décès dans de rares cas. La vaccination est un moyen fiable de limiter le risque de FSME.

La vaccination de base complète contre la FSME nécessite trois injections (= trois doses). Deux injections, à un intervalle de 1 à 3 mois, procurent déjà une protection temporaire. La troisième injection permet d’obtenir une protection à long terme. Selon le vaccin, elle doit être effectuée 5 mois ou 9 à 12 mois après la deuxième dose. Si la protection vaccinale est urgente, le médecin ou le pharmacien peut opter pour un schéma vaccinal rapide. L’OFSP de Suisse recommande un rappel tous les 10 ans.

Une nouvelle tique sous surveillance

Depuis 2015, le Cirad étudie la tique Hyalomma marginatum, régulièrement observée sur le littoral méditerranéen de France continentale. L’origine exacte de cette espèce, présente en Corse depuis plusieurs décennies, mais d’installation récente sur le continent, est encore inconnue. Contrairement à l’espèce Ixodes ricinus, cette tique n’est pas vectrice de la bactérie responsable de la maladie de Lyme, mais elle peut transmettre le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, virus non encore détecté en France.

Aujourd’hui observée dans les zones de garrigues ou de collines sèches de la façade méditerranéenne de plusieurs départements français — Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault, Gard, Bouches-du-Rhône, Var —, ainsi que dans le sud de l’Ardèche, elle semble progresser depuis 5 ans dans ces régions méditerranéennes qui lui sont favorables. Les chercheurs indiquent : « Nous étudions son installation, sa niche écologique, et sa tolérance à diverses températures, humidités, régimes de pluie, pour comprendre les facteurs qui expliquent son extension. Pour cette raison, nous sommes intéressés par tous les signalements faits par des éleveurs ou des particuliers qui la reconnaîtraient ».

Cette tique se fixe sur certains animaux, et accidentellement sur les humains, lorsqu’ils sont immobiles, et beaucoup plus rarement quand ils sont en mouvement. On la rencontre dans les champs ou la garrigue de mars à août. Contrairement à d’autres espèces de tiques en attente d’un hôte sur un brin d’herbe, elle se déplace vers l’hôte qu’elle repère par les vibrations du sol et par sa respiration. Ses déplacements sont de l’ordre de quelques mètres. Mais une fois fixée sur un animal, elle peut alors être transportée sur de longues distances et ainsi étendre sa zone de répartition.

Cette tique n’est pas dangereuse en elle-même : sa piqûre peut causer une irritation qui persiste quelques jours, si la tique n’a pas été enlevée rapidement. Cependant, un agent infectieux peut être hébergé par la tique et être occasionnellement transmis par la piqûre. Mais toutes les tiques ne sont pas porteuses de ces agents infectieux et toutes les piqûres ne sont pas infectantes.

Hyalomma marginatum peut ainsi transmettre à l’Homme le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (CCHFV). Bien que des sérologies positives aient été récemment signalées sur des bovins en Corse, ce virus n’a jamais été encore détecté sur le continent. En revanche, il est largement répandu en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et en Turquie, où il a récemment causé une épidémie. En Europe, il est présent en Crimée, en Roumanie et dans les Balkans, de la Grèce à l’Albanie. Il a récemment fait son apparition en Espagne. Restons vigilants avec les vacances qui arrivent, le beau temps et les voyages qui se profilent…

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