Les flavonoïdes ? Ce sont des molécules très répandues parmi les végétaux, qui sont notamment responsables des vives couleurs des fleurs, des fruits et des légumes. Ils sont également connus pour leurs vertus antioxydantes. Une nouvelle étude américaine confirme que la consommation d’aliments et de boissons riches en flavonoïdes – en particulier les baies, les pommes et le thé – diminue le risque de développer la maladie d’Alzheimer ou d’autres formes de démence.
Plusieurs études antérieures ont déjà prouvé que l’alimentation avait un impact certain sur les démences. Toutefois, la plupart d’entre elles se basaient sur des données recueillies sur de courtes périodes. Cette nouvelle étude, menée par des chercheurs américains du Centre de recherche sur l’alimentation humaine et le vieillissement, a suivi un échantillon de personnes âgées pendant 20 ans ! « Notre étude donne un aperçu de la façon dont le régime alimentaire au fil du temps pourrait être lié au déclin cognitif d’une personne, car nous avons pu examiner l’apport de flavonoïdes pendant de nombreuses années avant le diagnostic de démence des participants », précise Paul Jacques, épidémiologiste professionnel et auteur principal de l’étude.
Pour une bonne santé mentale, misez sur les fruits rouges et le thé !
La maladie d’Alzheimer est la forme la plus courante de démence (elle représente environ 60 à 80% des cas). Actuellement, près de 6 millions d’Américains vivent avec cette maladie, et d’ici 2050, ce chiffre devrait atteindre les 14 millions. En l’absence de médicaments efficaces pour traiter ou atténuer la maladie, les mesures de prévention sont pour le moment le seul moyen de, sinon bloquer, du moins repousser son apparition et freiner son évolution. La prévention par l’alimentation est l’une des pistes à explorer.
Les flavonoïdes sont des substances naturelles présentes dans les plantes, y compris les fruits et légumes tels que les poires, les pommes, les baies, les agrumes, les oignons et les boissons à base de plantes comme le thé, la bière et le vin rouge. Le chocolat noir est également une excellente source de flavonoïdes. Non seulement ces molécules donnent à la nature ses jolies couleurs, notamment au printemps, mais elles sont très bénéfiques pour la santé. Des études scientifiques ont révélé que leurs propriétés antioxydantes leur confèrent des vertus protectrices contre les maladies cardiovasculaires et le cancer.
Leur effet protecteur semble ne pas s’arrêter là : les flavonoïdes ont également un effet protecteur vis-à-vis de la maladie d’Alzheimer et autres démences apparentées. L’équipe à l’origine de l’étude a suivi 2800 personnes, âgées de 50 ans et plus, sur une vingtaine d’années, pour savoir dans quelles mesures leur alimentation influait sur le développement de ces maladies, diagnostiquées plus tard dans la vie. Résultat : un faible apport de trois types de flavonoïdes en particulier était lié à un risque plus élevé de démence par rapport à l’apport le plus élevé de ces substances. Les trois types de flavonoïdes identifiés sont :
– les flavonols (réputés pour être les antioxydants les plus efficaces), que l’on trouve notamment dans les fruits rouges (fraises, mûres, framboises), les tomates, les pommes, les poires, les épinards, les choux-fleurs, le cacao, la bière et le vin rouge ;
– les anthocyanes, que l’on trouve aussi dans les fruits rouges (cerises, mûres et myrtilles), mais également dans le raisin noir et l’aubergine par exemple ;
– les polymères de flavonoïdes, qui sont présents dans les pommes, les poires et le thé.
Très précisément, les scientifiques ont déterminé qu’un apport faible en flavonols et en polymères de flavonoïdes est associé à un risque deux fois plus élevé de développer une démence (Alzheimer ou maladie apparentée). Pire encore : une faible consommation d’anthocyanes multiplie par quatre le risque de développer une telle maladie !
Un apport « faible » correspond environ à la consommation, par mois, d’une pomme et demie (source de flavonols), mais d’aucune baie (source d’anthocyanes) ni de thé (source de polymères). À contrario, un apport considéré « élevé » équivaut à la consommation mensuelle d’environ 7,5 tasses de bleuets (le fruit, pas la fleur !) ou de fraises, de 8 pommes ou poires et 19 tasses de thé. Un régime alimentaire qu’il faut à priori adopter si l’on souhaite mettre toutes les chances de son côté : « Le thé, en particulier le thé vert, et les baies sont de bonnes sources de flavonoïdes », souligne Esra Shishtar, auteure principale de l’étude. Selon elle, une tasse de thé par jour ou quelques baies deux ou trois fois par semaine seraient suffisantes pour maintenir son apport en flavonoïdes à un niveau satisfaisant.
Jamais trop tard pour mieux s’alimenter
Concrètement, pour mesurer l’apport en flavonoïdes à long terme, l’équipe de recherche a utilisé des questionnaires alimentaires, renseignés par les participants lors d’examens médicaux réalisés tous les quatre ans environ. Pour augmenter la probabilité que les informations fournies soient exactes, les chercheurs ont exclu les questionnaires des années qui ont suivi le diagnostic de démence, en partant de l’hypothèse que, le statut cognitif ayant diminué, le comportement alimentaire peut avoir changé et les questionnaires alimentaires étaient plus susceptibles d’être inexacts. Au début de l’étude, aucun des participants ne présentait de signe de démence.
Évidemment, les chercheurs sont conscients du fait que l’utilisation de données alimentaires autodéclarées au moyen de questionnaires peut être source d’erreurs (dues à l’effort de mémoire que cela nécessite du côté des participants). En outre, des facteurs tels que le niveau d’éducation, le tabagisme, l’activité physique, l’indice de masse corporelle et la qualité globale de l’alimentation des participants peuvent avoir influencé les résultats. Les chercheurs ont toutefois tenu compte de ces facteurs dans leur analyse statistique. Dans tous les cas, l’effet des flavonoïdes sur la santé est avéré et leur consommation – même si aucun lien réel de causalité n’a été établi avec la maladie d’Alzheimer – ne peut qu’être bénéfique pour l’organisme, à plusieurs niveaux.
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Les chercheurs soulignent qu’il n’est jamais trop tard pour adopter une alimentation plus saine. À 50 ans – l’âge moyen des participants à l’étude, à partir duquel les données ont commencé à être analysées – il est encore temps de modifier ses habitudes alimentaires pour évoluer vers une alimentation plus raisonnée : « Le risque de démence commence vraiment à augmenter à partir de 70 ans, et le message à retenir est que lorsque vous approchez de 50 ans ou juste au-delà, vous devriez commencer à penser à une alimentation plus saine pour votre cerveau si vous ne l’avez pas déjà fait », insiste Paul Jacques.