Des preuves indiquent que les formes sévères de COVID-19 peuvent endommager le cœur

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Rendu 3D du nouveau coronavirus, SARS-CoV-2. | Creativeneko/123rf
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Les personnes atteintes par les formes les plus sévères de COVID-19 ont de grands risques de souffrir de problèmes cardiaques suite aux complications de la maladie, particulièrement agressive envers les poumons et le cœur.

Les personnes atteintes des formes les plus sévères de COVID-19 sont souvent plus âgées et ont des problèmes de santé préexistants. Environ 10% des patients atteints de COVID-19 souffrent de maladies cardiaques, de diabète et d’hypertension artérielle. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, les personnes atteintes d’une maladie pulmonaire, comme l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO, qui se caractérise par une dégénérescence progressive des tissus pulmonaires et une obstruction partiellement réversible des voies respiratoires) ne représentent que 6% des cas graves de COVID-19. Ces statistiques sont similaires dans les rapports de patients provenant de Chine, d’Italie, du Royaume-Uni et des États-Unis.

Alors en effet, les personnes atteintes d’une maladie cardiaque existante sont davantage affectées par la maladie. Cependant, le virus peut également affecter le cœur chez les personnes sans maladie cardiaque préexistante.

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Plus les semaines passent, plus la pathologie induite par le virus SARS-CoV-2 semble montrer de nouveaux visages, parfois totalement inattendus. D’autres recherches ont démontré son habileté à entraîner des atteintes neurologiques, cérébrales, digestives, rénales, hépatiques, cardiaques, mais aussi vasculaires.

Dans les deux cas, en cas d’infection grave du COVID-19, le cœur subit une réponse inflammatoire massive appelée myocardite : le virus infecte les cellules du cœur, provoquant une inflammation sévère du tissu musculaire (myocarde). Malheureusement, cela peut modifier la conduction électrique du cœur, affectant sa capacité à pomper le sang dans le corps. De ce fait, le résultat est que moins d’oxygène pénètre dans les organes, y compris les poumons. À l’heure actuelle, les chercheurs ne sont pas encore certains de savoir comment cela se produit exactement, mais il existe plusieurs pistes supposées…

Chez les patients atteints d’une maladie cardiaque sous-jacente, il y a un plus grand nombre de récepteurs ACE2 à la surface des cellules, ce qui peut entraîner un plus grand nombre de particules virales pénétrant dans la cellule, provoquant une inflammation beaucoup plus importante que chez les personnes sans maladie cardiaque.

Deuxièmement, comme pour toute infection, le corps mène un rude combat contre le pathogène envahisseur : cela nécessite plus d’énergie et un métabolisme accru pour lutter contre une infection virale systémique de ce type, c’est pourquoi notre température augmente pendant une infection.

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Cette image (au microscope électronique à transmission) montre le SARS-CoV-2 isolé d’un patient aux États-Unis. Des particules virales apparaissent à la surface des cellules cultivées en laboratoire. Les pointes sur le bord extérieur des particules virales donnent aux coronavirus leur nom, en forme de couronne. Crédits : NIAID-RML

Le système immunitaire d’une personne qui est relativement en bonne santé est capable de réagir de manière adéquate à l’infection et de produire des anticorps pour combattre le virus. Cependant, les personnes dont le système immunitaire est plus faible, comme les personnes âgées ou celles qui ont des problèmes de santé sous-jacents, ne peuvent pas fournir une réponse immunitaire suffisamment puissante pour combattre l’infection virale de manière efficace.

Le COVID-19 est particulièrement agressif envers les poumons et le coeur

L’infection fait rage dans le corps et attaque les organes vitaux, en particulier les poumons et le cœur. Les médecins sont en mesure de surveiller la gravité de la myocardite à l’aide d’un test sanguin focalisé sur la troponine. Cette protéine se trouve généralement dans le cœur et est libérée dans la circulation sanguine en cas de blessure cardiaque importante, comme lors d’une crise cardiaque.

Les résultats ont montré que les patients de Wuhan qui étaient gravement malades étaient plus susceptibles d’avoir une plus grande concentration de troponine dans leur circulation sanguine que ceux qui étaient moins gravement affectés. C’est également le cas dans les données de l’épidémie italienne.

Un choc cytokinique pouvant provoquer la mort

Certains patients souffrant de COVID-19 subissent une apparition soudaine et sévère de myocardite, connue sous le nom de myocardite fulminante. Ce type sévère de myocardite a été décrite chez des patients décédés du COVID-19 en post-mortem (lors de l’autopsie) et/ou chez des patients vivants, sur lesquels a été effectuée une petite biopsie chirurgicale du tissu cardiaque (biopsie énodmyocardique).

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Les scientifiques pensent que la réponse inflammatoire rapide au virus lors d’une myocardite fulminante est due à une explosion d’un signal chimique, connue sous le nom de choc cytokinique. Il s’agit de la forme la plus grave du syndrome de libération des cytokines (substance élaborée par le système immunitaire, réglant la prolifération de cellules), qui est une production excessive de cytokines déclenchée par un agent pathogène et qui se manifeste par une extrême et violente réponse inflammatoire du système immunitaire. À noter que les cytokines attirent un grand nombre de cellules inflammatoires, appelées cellules T auxiliaires (lymphocytes T auxiliaires ou encore cellules Th1), vers le site d’infection.

Lorsque les patients subissent un choc cytokinique, il y a une réponse du système immunitaire qui provoque une inflammation excessive, ce qui peut tuer le patient.

Le problème est que ces patients ont non seulement une augmentation de la troponine, mais également une augmentation des concentrations de marqueurs inflammatoires montrant des signes d’infection virale significative. Lors de telles situations, des médicaments pour aider à contrôler le système immunitaire pourraient se révéler utiles, afin de réguler la réponse inflammatoire soudaine. Des essais sont en cours sur des patients.

De nombreuses maladies virales exercent une telle pression sur le corps, que le cœur ne peut souvent pas le supporter. De ce fait, davantage de personnes décèdent à cause des problèmes cardiaques résultants que de la maladie pulmonaire primaire.

COVID-19, similaire à la pandémie causée par le virus H1N1

Il faut savoir que le COVID-19 est en réalité similaire à d’autres maladies respiratoires qui ont généré des pandémies par le passé. En 2009, il y a eu une pandémie de grippe causée par le virus H1N1, ou grippe A. Les patients infectés par le H1N1 présentaient un plus grand nombre de complications cardiaques que ce qui est normalement observé dans les infections grippales saisonnières typiques. En effet, 62% des personnes infectées présentaient une myocardite fulminante.

Sources : JAMA Network, The Lancet (rapport sur la Chine), The Lancet (rapport sur l’Italie), ECDC, American College of Cardiology

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