Coronavirus : Les réseaux sociaux regorgent de bots semant la peur et aggravant l’anxiété du public

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Le coronavirus domine les conversations sur les réseaux sociaux. | Pau Barrena/AFP/Getty Images
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Récemment, Facebook, Reddit, Google, LinkedIn, Microsoft, Twitter et YouTube se sont engagés à supprimer les informations erronées liées au coronavirus de leurs plateformes. À l’heure actuelle, qui est grave, de nombreux réseaux sociaux regorgent de bots semant la peur, la frustration et aggravant l’anxiété générale du public face à la pandémie en cours. Méfiez-vous.

La maladie COVID-19, provoquée par le nouveau coronavirus SARS-Cov-2, est la première pandémie majeure qui survient à l’ère des médias sociaux. En ces temps troublés, les réseaux sociaux sont un excellent moyen pour aider à diffuser les informations et les connaissances vitales aux masses.

Malheureusement, cela s’accompagne d’une pluie de désinformation, dont une grande partie se propage via des robots des médias sociaux, plus communément connus sous le nom de « bots ». Un bot informatique est un agent logiciel automatique ou semi-automatique qui interagit avec des serveurs informatiques : il se connecte et interagit avec le serveur comme un programme client utilisé par un humain. Ces faux comptes sont courants sur Twitter, Facebook et Instagram, et ont un seul objectif : répandre la peur et des informations erronées (fake news).

De nombreux bots visent à semer la panique et la frustration

L’ampleur exacte de la désinformation liée aux bots est difficile à mesurer. Mais les preuves de sa présence mondiale et de l’implication de ces robots sur les réseaux sociaux peuvent être observées (notamment via des captures d’écran) sur Twitter, en recherchant les hashtags relatifs à COVID-19.

Bot Sentinel est un site web qui utilise l’apprentissage automatique pour identifier les potentiels bots Twitter. Selon le site, le 26 mars, les comptes de bots représentaient 828 informations comprenant le hashtag #coronavirus, 544 comptes avec #COVID19 et 255 comptes avec #Coronavirus, et tout cela, en 24 heures. D’ailleurs, ces hashtags occupaient respectivement les 1re, 3e et 7e positions de tous les hashtags Twitter les plus populaires.

Il est important de noter que le nombre réel de tweets de bots liés au coronavirus est probablement beaucoup plus élevé, car Bot Sentinel ne reconnaît que les termes de hashtag (tels que #coronavirus), et ne reprendrait pas « coronavirus », « COVID19 » ou « Coronavirus » dans les Tweets (donc les mots sans les hashtags).

Comment sont créés les bots ?

Les bots sont généralement gérés par des programmes automatisés et ceux-ci sont contrôlés par des utilisateurs humains. Le processus réel de création d’un tel bot est relativement simple. Il existe plusieurs sites Internet qui enseignent aux gens comment procéder, à des fins dites de « marketing ». Dans l’économie souterraine des pirates informatiques sur le dark web, ces services peuvent également être achetés.

Bien qu’il soit difficile d’attribuer des bots aux humains qui les contrôlent, le but des bots est évident : créer un désordre social en diffusant de la désinformation. Cela peut augmenter l’anxiété, la frustration et la colère du public contre les autorités dans certaines situations.

Un rapport de 2019, publié par des chercheurs de l’Oxford Internet Institute, a révélé une tendance inquiétante dans le domaine de la « manipulation organisée des médias sociaux par les gouvernements et les partis politiques ». Ils ont rapporté : « Preuves de campagnes de manipulation des médias sociaux organisées, qui ont eu lieu dans 70 pays, contre 48 pays en 2018 et 28 pays en 2017. Dans chaque pays, au moins un parti politique ou une agence gouvernementale utilise les médias sociaux pour façonner les attitudes du public au niveau national ».

Le mode opératoire des bots

De manière générale, dans le contexte des messages liés à COVID-19, les bots diffusent la désinformation par le biais de deux techniques principales.

La première technique implique une création de contenu, où les bots commencent de nouveaux messages avec des images qui valident ou qui reflètent les tendances mondiales existantes. Les exemples incluent des photos de paniers d’achats remplis de nourriture ou des thésauriseurs vidant les rayons des supermarchés. Cela génère de l’anxiété et confirme ce que les gens lisent à partir d’autres sources.

La deuxième technique implique l’augmentation du contenu : les bots s’accrochent aux flux officiels du gouvernement et aux sites d’information pour semer la discorde. Ils retweetent des tweets alarmants ou ajoutent de faux commentaires et/ou de fausses informations dans le but d’attiser la peur et la colère des utilisateurs. Il est courant de voir des robots parler d’un « événement frustrant » ou d’une injustice sociale à laquelle sont confrontés leurs « proches ».

L’exemple ci-dessous montre un post de la page Twitter officielle du Queensland Health, suivi de commentaires de comptes nommés « Sharon » et « Sara », qui semblent très fortement être des bots :

bot coronavirus desinformation
Le tweet officiel du Queensland Health (gauche) et les réponses du bot (à droite). Crédits : The Conversation/Twitter

Bien que nous ne puissions pas être certains à 100% qu’il s’agit de comptes de bots, de nombreux facteurs indiquent que cela est très probablement le cas.

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Comment repérer un bot ?

Afin d’apprendre les caractéristiques d’un bot, regardons de plus près les comptes de Sharon et de Sara.

bot twitter coronavirus
Capture d’écran des deux comptes mentionnés ci-dessus. Crédits : The Conversation/Twitter

Les deux profils manquent d’unicité humaine et affichent des signes révélateurs qu’ils peuvent être des robots :

  • Ils n’ont pas de followers
  • Ils n’ont aucune image
  • Ils ont rejoint Twitter récemment
  • Ils n’ont pas de nom de famille et leur identifiant comporte de nombreux chiffres (comme c’est le cas de Sara : Sara89629382)
  • Ils n’ont tweeté que quelques fois
  • Leurs messages ont un thème : diffuser des commentaires alarmistes
  • Ils suivent principalement des sites d’actualités, des autorités gouvernementales ou des utilisateurs humains qui ont une grande influence sur un certain sujet (dans ce cas, la virologie et la médecine).

Vous pouvez aider à lutter contre la désinformation !

Actuellement, il est tout simplement trop difficile d’attribuer la véritable source des campagnes de désinformation basées sur les bots. Cela ne peut être réalisé qu’avec la pleine coopération des sociétés de médias sociaux.

Mais une chose est sûre : les pays du monde entier, à terme, doivent développer une législation et des mécanismes pour détecter et arrêter ces coupables automatisés. Les organisations qui mènent des campagnes légitimes sur les réseaux sociaux devraient consacrer du temps à l’utilisation d’un outil de détection de robots pour éliminer et signaler les faux comptes.

Et en tant qu’utilisateur des médias sociaux à l’ère du coronavirus, vous pouvez également aider dans cette lutte, tout simplement en signalant des comptes suspects. La dernière chose dont nous avons besoin, ce sont des parties malveillantes qui aggravent une crise déjà bien préoccupante à l’échelle globale.

Sources : University of Oxford, BotSentinel, Techcrunch

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