Le nouveau directeur de la CIA a publié un nouveau rapport appuyant l’hypothèse controversée selon laquelle le SARS-CoV-2 est issu d’une fuite de laboratoire en Chine. L’ensemble des éléments de preuve recueillis semble davantage appuyer cette hypothèse plutôt que celle d’une origine zoonotique, indique le rapport. Cependant, les responsables admettent tout de même avoir un faible niveau de confiance dans leur conclusion, tandis que la Chine pointe du doigt une motivation purement politique.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, des questions se posent quant à l’origine du virus. Différentes théories ont été avancées, mais il n’existe pas encore à ce jour de véritable consensus sur son origine. Les enquêtes de l’OMS ont suggéré quatre origines possibles pour la transmission du virus à l’Homme : une introduction zoonotique avec ou sans hôte intermédiaire, une transmission par le biais de produits de la chaîne du froid ou une origine non naturelle liée à un incident de laboratoire.
La majorité des scientifiques soupçonne une origine zoonotique, un large éventail d’animaux étant susceptibles d’être des réservoirs naturels de SARS-CoV-2. Parmi ces animaux figurent les chauves-souris, les chiens viverrins, les pangolins et les civettes, qui sont connus pour être les hôtes de nombreux autres coronavirus. Un coronavirus de chauve-souris appelé RaTG13 partage, par exemple, 96,1 % de son génome avec le SARS-CoV-2.
L’infection se serait propagée aux humains manipulant ou consommant ces animaux sur le marché de Wuhan, où les premiers cas humains ont été identifiés fin novembre 2019. La possibilité d’une telle transmission a été avancée car la Chine constitue l’une des plaques tournantes du commerce d’espèces sauvages.
Cependant, de récentes études et enquêtes officielles penchent davantage en faveur de l’hypothèse d’une origine non naturelle. Des questions se posent quant à savoir si les laboratoires manipulant les coronavirus à Wuhan ont suffisamment respecté les protocoles de sécurité. Il y a deux ans, Christopher Wray, l’ancien directeur du FBI, a affirmé que d’après les enquêtes de l’agence, le virus de la COVID-19 provient très probablement d’une fuite de laboratoire.
John Ratcliffe, directeur du renseignement national pendant le premier mandat de Donald Trump et désormais directeur de la CIA (nommé par Trump), a déclaré qu’il appuie également le scénario d’une fuite de laboratoire. Selon la nouvelle analyse publiée par Ratcliffe, l’agence estime que la majorité des preuves indique une origine non naturelle.
Une motivation politique ?
Les législateurs américains ont exhorté les différentes agences de renseignement à obtenir davantage d’informations sur les origines potentielles du virus. Alors que les hôpitaux du monde entier continuent à lutter contre les séquelles de la pandémie, la réponse à cette question aura d’importantes implications géopolitiques. Le rapport d’analyse de la CIA a été effectué à la demande de l’administration de Joe Biden et de l’ancien directeur de la CIA, William Burns. Il a été déclassifié et publié samedi sur ordre de Ratcliffe.
Appuyant depuis le début l’hypothèse de l’origine non naturelle de la COVID-19, Tom Cotton, le sénateur républicain de l’Arkansas, a félicité Ratcliffe pour son initiative de déclassifier l’évaluation. Suite à la publication du rapport, il a déclaré être « heureux que la CIA ait conclu dans les derniers jours de l’Administration Biden que la théorie de la fuite de laboratoire était l’explication la plus plausible ».
Cependant, les conclusions du rapport sont uniquement basées sur des analyses de renseignements concernant la dynamique de propagation du virus, ses caractéristiques biologiques et les conditions de travail au niveau des laboratoires chinois de virologie. En d’autres termes, les conclusions ne résultent d’aucune nouvelle information.
D’autre part, l’agence admet elle-même n’avoir qu’un faible degré de confiance en sa conclusion, indiquant un manque de preuves concluantes ainsi que des informations contradictoires. Le rapport n’exclut pas complètement une potentielle origine naturelle. La CIA « continue d’évaluer que les scénarios d’origine naturelle et liés à la recherche de la pandémie de COVID-19 restent plausibles », a écrit l’agence dans un communiqué.
De leur côté, les autorités chinoises rejettent fermement les spéculations concernant l’origine non naturelle de la COVID-19. Liu Pengyu, un porte-parole de l’ambassade de Chine aux États-Unis, a affirmé que le rapport de la CIA n’avait aucune crédibilité et soupçonne davantage des motivations politiques. « Nous nous opposons fermement à la politisation et à la stigmatisation de la source du virus, et appelons une fois de plus tout le monde à respecter la science et à rester à l’écart des théories du complot », a-t-il déclaré dans un communiqué adressé à l’Associated Press, en réponse à la publication de la CIA.
Ratcliffe affirme que la nouvelle évaluation vise principalement à restaurer la confiance des Américains envers leurs institutions publiques. « L’objectif de la CIA est de protéger les Américains, de nous protéger des menaces et des adversaires étrangers, mais nous devons aussi être honnêtes avec les Américains », a-t-il déclaré lors d’une parution dans l’émission Sunday Morning Futures de Fox News.
Par ailleurs, les responsables de la CIA estiment que le débat sur la véritable origine du virus pourrait ne jamais être résolu. L’agence accuse un manque de coopération de la part des autorités chinoises, tout en assurant continuer à recueillir toute nouvelle information susceptible de modifier son évaluation.