Selon les derniers chiffres communiqués par le ministère de la Santé, 271 686 nouveaux cas de contamination ont été rapportés sur les dernières 24 heures à travers le monde. En France, comme dans de nombreux pays, le variant Omicron s’impose à une vitesse vertigineuse, un peu plus d’un mois seulement après son apparition en Afrique australe. Sa propagation rapide a même mis à mal les services de « contact tracing » mis en place par l’assurance maladie, qui peinent à suivre la cadence. Les experts le considèrent désormais comme le virus à propagation la plus rapide de toute l’histoire de l’humanité.
De par le nombre extrêmement élevé des mutations qu’il porte, le variant B.1.1.529, baptisé Omicron, a été jugé potentiellement très contagieux dès son apparition en Afrique du Sud, fin novembre. Le nombre de cas a explosé en Afrique australe, puis dans de nombreux pays européens, ainsi qu’aux États-Unis — où il est devenu le variant dominant un mois à peine après les premiers signalements sud-africains. Au 29 décembre, environ 128 pays avaient détecté le variant Omicron, a rapporté Abdi Mahamud, gestionnaire d’incident à l’OMS.
« C’est le virus le plus explosif et le plus répandu de l’histoire », a déclaré au journal El Pais l’historien de la médecine Anton Erkoreka, rappelant que de terribles maladies comme la peste noire, qui a sévi au milieu du XIVe siècle, entraînant la mort d’environ 25 millions d’Européens, et le choléra, qui a causé des millions de morts dans le monde via six pandémies au cours du XIXe siècle, avaient mis des années à se répandre dans le monde. Certes, les modes de transport n’étaient pas les mêmes à ces époques et les populations voyageaient beaucoup moins… Mais William Hanage, épidémiologiste et co-directeur du Center for Communicable Disease Dynamics de l’Université de Harvard corrobore les propos de l’historien et affirme qu’Omicron est certainement le virus qui se propage le plus rapidement parmi tous ceux qui ont été étudiés jusqu’à présent.
Un variant devenu dominant en quelques semaines
Fort heureusement, bien que les cas d’infection augmentent de façon exponentielle, il semblerait que cette forme virale entraîne moins d’hospitalisations et de décès que les variants précédents. Un récent communiqué de l’OMS indique qu’Omicron n’affecte que les voies respiratoires supérieures (et non les poumons), ce qui provoque des symptômes moins graves. Abdi Mahamud a néanmoins averti que la transmissibilité élevée d’Omicron signifie qu’il sera dominant dans de nombreux endroits en quelques semaines seulement — il pourrait ainsi rapidement submerger les services de santé dans les pays où une forte proportion de la population n’est toujours pas vaccinée.
La vaccination, et en particulier la dose de rappel, a sans doute contribué à la diminution du taux d’hospitalisation et de mortalité. Une étude du South African Medical Research Council menée en Afrique du Sud — où Omicron était devenu le variant dominant — a montré qu’une dose de rappel du vaccin de Johnson & Johnson était efficace à 85% contre les hospitalisations liées à la COVID-19.
En Afrique du Sud, la vague de contaminations liées à Omicron commence d’ailleurs à décliner. « Tous les indicateurs suggèrent que le pays a peut-être dépassé le pic de la quatrième vague au niveau national », a déclaré dans un communiqué le ministère sud-africain de la Santé. Les données montrent en effet une diminution de près de 30% du nombre de nouveaux cas détectés au cours de la troisième semaine de décembre par rapport à la semaine précédente. La situation pourrait donc s’améliorer aussi dans le reste du monde. Néanmoins, les experts mettent un bémol.
Une transmissibilité accrue qui pourrait engendrer un nouveau variant
Selon une récente étude (en cours d’examen par les pairs) menée par des chercheurs de la Faculté de médecine LKS de l’Université de Hong Kong, le variant Omicron infecte et se multiplie 70 fois plus rapidement que le variant Delta dans les bronches. Les résultats montrent qu’il touche effectivement moins les poumons que le variant Delta et le virus originel, ce qui peut expliquer pourquoi les symptômes sont généralement moins graves.
Les chercheurs soulignent toutefois qu’en infectant beaucoup plus de personnes, un virus très infectieux peut provoquer une maladie plus grave et la mort, même si le virus lui-même est moins pathogène ; la menace globale que représente le variant Omicron peut donc, selon eux, demeurer importante. Une menace confirmée par l’OMS, qui a déclaré hier que la très haute transmissibilité d’Omicron pourrait potentiellement provoquer l’apparition d’un variant plus dangereux. « Plus Omicron se répand, plus il se transmet, et plus il se réplique, plus il est susceptible de générer un nouveau variant », a déclaré à l’AFP Catherine Smallwood, une responsable des situations d’urgence à l’OMS.
Lors de sa dernière conférence de presse, Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS a rappelé que les données sur Omicron étaient encore insuffisantes à ce jour pour tirer des conclusions ; il craint également une certaine baisse de vigilance de la part de la population, du fait qu’il provoque globalement des symptômes moins graves. « Omicron se propage à un rythme que nous n’avons vu avec aucun variant précédent. Nous craignons que les gens considèrent Omicron comme étant « léger » », a-t-il déclaré.
Le virologue Aris Katzourakis, de l’Université d’Oxford, demeure quant à lui sceptique sur le fait qu’Omicron serait plus inoffensif que les variants précédents. Selon lui, l’apparente légèreté de la maladie est essentiellement due à la vaccination : « il semble être plus doux que Delta, mais c’est parce que Delta avait évolué pour être beaucoup plus sévère que son ancêtre. Une immunité plus élevée semble l’explication la plus logique de la gravité réduite observée dans la population », a-t-il déclaré à El Pais.