Curiosity découvre que des traces d’une ancienne vie martienne ont potentiellement été détruites

curiosity decouvre traces ancienne vie martienne potentiellement detruites
| NASA/JPL
⇧ [VIDÉO]   Vous pourriez aussi aimer ce contenu partenaire

Même si Mars a connu un destin tragique en perdant son champ magnétique et la majeure partie de son atmosphère, la planète n’en reste pas moins un site d’intérêt important pour les planétologues et exobiologistes. La planète rouge aurait en effet pu abriter la vie dans son passé, et, si c’est le cas, pourrait encore en abriter une partie dans ses souterrains. Dans ce cadre, le rover Curiosity de la NASA a récemment découvert que des traces d’une ancienne vie martienne ont peut être été détruites par des processus biologiques.

Le rover Curiosity de l’agence spatiale a fait la découverte surprenante en enquêtant sur des roches sédimentaires riches en argile autour de son site d’atterrissage dans le cratère Gale, un ancien lac créé lorsqu’un astéroïde a frappé la planète rouge il y a environ 3.6 milliards d’années. L’argile est un bon indicateur de signes de vie, car elle est généralement créée lorsque les minéraux rocheux s’érodent et se désagrègent après un contact avec l’eau, un ingrédient clé de la vie. C’est aussi un excellent matériau pour le stockage de fossiles microbiens.

Mais lorsque Curiosity a prélevé deux échantillons de mudstone, une roche sédimentaire contenant de l’argile, à partir de parcelles du lit du lac asséché, datées de la même époque et du même endroit (il y a 3.5 milliards d’années et à seulement 400 m l’une de l’autre), les chercheurs ont découvert qu’une parcelle contenait seulement la moitié de la quantité attendue de minéraux argileux. Au lieu de cela, cette zone contenait une plus grande quantité d’oxydes de fer, les composés qui donnent à Mars sa teinte rouge.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Des indices d’une vie passée potentiellement détruits par la saumure

L’équipe pense que le coupable derrière ce processus d’élimination géologique est la saumure : de l’eau supersalée qui s’est infiltrée dans les couches d’argile riches en minéraux et les a déstabilisées, les évacuant et nettoyant des zones à la fois géologiques et peut-être même biologiques. « Nous pensions qu’une fois que ces couches de minéraux argileux se sont formées au fond du lac dans le cratère Gale, elles sont restées ainsi, préservant le moment où elles se sont formées pendant des milliards d’années. Mais plus tard, les saumures ont décomposé ces minéraux argileux à certains endroits — réinitialisant essentiellement les éléments rocheux d’intérêt », déclare Tom Bristow, planétologue de la NASA.

couches rocheuses echantillons curiosity
Schéma détaillant la localisation des échantillons prélevés par Curiosity au sein des couches géologiques du cratère Gale, ainsi que leur composition. © T. F. Bristow et al. 2021

Le rover a terminé son analyse en forant dans les couches de la roche martienne avant d’utiliser son instrument de chimie et de minéralogie, connu sous le nom de CheMin, pour étudier les échantillons. Le processus de transformation chimique dans les sédiments est appelé diagenèse, et il aurait pu créer une nouvelle vie sous Mars alors même qu’il effaçait certaines des preuves de l’ancienne vie à sa surface. Ainsi, même si d’anciennes traces de vie ont pu être effacées dans les zones de saumure, les conditions chimiques provoquées par l’afflux d’eau salée ont peut-être permis à plus de vie de surgir à sa place.

« Ce sont d’excellents endroits pour rechercher des preuves de la vie ancienne et évaluer l’habitabilité. Même si la diagenèse peut effacer les signes de vie dans le lac d’origine, elle crée les gradients chimiques nécessaires pour soutenir la vie souterraine. Nous sommes donc vraiment ravis d’avoir découvert cela », explique John Grotzinger, professeur de géologie au California Institute of Technology.

La recherche de vie martienne menée conjointement par Curiosity et Perseverance

La mission de Curiosity vers Mars a commencé il y a neuf ans, mais le rover a continué d’étudier la planète rouge bien au-delà de sa chronologie de mission initiale de deux ans, afin d’établir l’habitabilité historique de Mars. Il travaille désormais en collaboration avec le nouveau rover Perseverance, qui a atterri en février 2021 et a été chargé de collecter des échantillons de roche et de sol pour un éventuel retour sur Terre. Les recherches effectuées par Curiosity ont non seulement révélé comment le climat martien a changé, mais ont également aidé Perseverance à déterminer quels échantillons de sol collecter pour augmenter les chances de trouver des traces de vie.

« Nous avons appris quelque chose de très important : il y a certaines parties des archives de la roche martienne qui ne sont pas très efficaces pour préserver les preuves du passé et de la vie possible de la planète », indique Ashwin Vasavada, chercheur au JPL de la NASA. La recherche de la vie sur Mars a bénéficié d’un nouvel élan grâce à une nouvelle étude qui aurait pu trianguler l’emplacement possible des six émissions de méthane détectées par le rover Curiosity pendant son séjour dans le cratère Gale. Étant donné que tout le méthane dans l’atmosphère terrestre provient de sources biologiques, les chercheurs vont explorer cette nouvelle piste.

Sources : Science

Laisser un commentaire