Avec un diamètre de 139 822 km, une masse équivalant à 318 fois celle de la Terre et sa célèbre Grande tache rouge, Jupiter continue de fasciner la communauté scientifique. Récemment, une équipe d’astronomes s’est penchée sur des formations intrigantes : des taches ovales sombres faisant approximativement la taille de la Terre et situées aux pôles de la planète. Leur origine, selon les chercheurs, pourrait être liée aux champs magnétiques, générant ainsi d’impressionnantes tornades magnétiques.
Ces ovales sombres ont été détectés pour la première fois à la fin des années 1990, avec le télescope spatial Hubble de la NASA. En 2000, la sonde Cassini a confirmé leur présence, précisant qu’elles se concentraient majoritairement au pôle Nord de la planète. Cependant, leur origine restait mystérieuse. Ce n’est que récemment, dans le cadre d’une étude approfondie menée par des astronomes de l’Université de Californie à Berkeley, qu’une hypothèse solide a émergé : la Grande tache rouge de Jupiter pourrait jouer un rôle central dans leur formation.
Véritable emblème de la planète, la Grande tache rouge est une tempête colossale deux fois plus large que la Terre et culminant à 13 000 km d’altitude. Son champ magnétique d’une intensité impressionnante pourrait, d’après les chercheurs, expliquer l’apparition des ovales sombres aux pôles de Jupiter.
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Des tornades magnétiques issues de vortex ionosphériques
Pour mieux comprendre ce phénomène, les scientifiques ont analysé les images capturées par Hubble dans le cadre du programme Outer Planet Atmospheres Legacy (OPAL). Troy Tsubota, co-auteur de l’étude, a remarqué qu’entre 1994 et 2022, huit ovales sombres sont apparus près du pôle Sud, contre seulement deux au pôle Nord, sur les 25 clichés annuels disponibles.
« Les images d’OPAL se sont révélées être une véritable mine d’or », a déclaré Tsubota dans un communiqué. « Nous avons rapidement compris que nous pouvions exploiter ces données pour éclaircir les mécanismes derrière ces formations ».
Les taches sombres, perceptibles dans l’ultraviolet, absorbent davantage de lumière UV, ce qui les rend distinctes. Selon l’équipe, elles seraient le résultat de turbulences atmosphériques causées par des interactions dans l’ionosphère de Jupiter, où les lignes de champ magnétique s’entrechoquent. Ces turbulences engendreraient des vortex, capables de soulever la brume atmosphérique, formant ainsi des structures similaires à des tornades. Ces ovales se développeraient sur environ un mois avant de se dissiper en quelques semaines, selon les observations.
Une brume dense et des dynamiques complexes
Xi Zhang, professeur de sciences planétaires à l’Université de Santa Cruz et co-auteur de l’étude, souligne : « La brume dans ces ovales est cinquante fois plus dense que la concentration atmosphérique habituelle, ce qui laisse penser qu’elle résulte davantage de la dynamique des vortex que de réactions chimiques provoquées par des particules énergétiques issues des couches supérieures de l’atmosphère ».
Cette étude ouvre la voie à une meilleure compréhension des processus atmosphériques non seulement sur Jupiter, mais aussi sur notre propre planète, notamment en explorant les liens entre dynamique magnétique et phénomènes météorologiques.