Une espèce particulière de méduse des mangroves lance des « grenades à mucus urticant » pour chasser

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Une méduse du genre Cassiopea (différente de celle de l'étude). Il s'agit ici d'une Cassiopea andromeda. | Pete Oxford
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Des chercheurs de l’US Naval Research Laboratory ont découvert qu’une espèce particulière de méduse des mangroves chasse ses proies en lançant des grenades à venin, créant des zones « d’eau urticante ». La découverte résout un mystère de longue date concernant la façon dont elles rassemblent de la nourriture sans utiliser leurs tentacules.

La méduse Cassiopea xamachana, communément appelée « méduse à l’envers » (upside-down jellyfish) par les anglophones, a été décrite pour la première fois par le biologiste marin Henry Bryant Bigelow en 1892. En français, le nom commun indique son habitat, soit « méduse des mangroves ». Ces deux noms s’appliquent à toutes les méduses du genre Cassiopea.

On la trouve notamment dans les eaux peu profondes de Floride, des Caraïbes et de la Micronésie. L’animal est une nuisance fréquente pour les plongeurs et les surfeurs, qui semblent se faire piquer sans même le toucher.

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Cassiopea : un genre de méduses atypique

Les Cassiopea ne sont pas des méduses communes déjà par le simple fait qu’elles sont photosynthétiques, semblant puiser une grande partie de leur énergie du rayonnement solaire grâce à leurs algues symbiotiques dorsales.

Jusqu’ici, certains pensaient que les piqûres provenaient de tentacules détachés ou de spécimens plus jeunes. Mais récemment, une équipe de l’US Naval Research Laboratory s’est rendue compte que Cassiopea avait en réalité développé une nouvelle façon de chasser, sans utiliser ses tentacules. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Communications Biology.

Pour chasser, C. xamachana se pose généralement sur le fond marin, sur le dos, et envoie des globules de mucus remplis de venin au-dessus d’elle. Ces structures, appelées cassiosomes, peuvent tuer des petites proies et sont probablement la cause des piqures fantômes susmentionnées, un phénomène notamment vécu par les plongeurs en apnée et les pêcheurs dans les eaux tropicales.

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Les étapes du cycle de vie de C. xamachana et de son mucus chargé de cassiosomes. Crédits : Ames et al., Communications Biology, 2020

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L’équipe a analysé les cassiosomes expulsés et a découvert que la couche externe était recouverte de milliers de cellules urticantes. Bien que le venin ne soit pas assez puissant pour présenter un risque important pour l’Homme, il est connu pour détruire les cellules de la peau et s’avère mortel pour les petits organismes.

a, b : Des C. xamachana (de 5-12 cm de diamètre) reposant sur leur apex (flèche blanche) avec les bras oraux (flèches cyan) tournés vers le haut, observées par les chercheurs dans leur habitat naturel (des mangroves) à Key Largo, en Floride (États-Unis). cf : Nids de cassiosomes (flèches roses) observés sous la forme de taches blanches bombées à l’extrémité des appendices vésiculaires (flèches vertes), sur les bras oraux de la méduse (flèches cyan). Barres d’échelle : a = 2 cm ; b = 5 cm ; c, d = 1 mm ; e, f = 0,5 mm. Crédits : Ames et al., Communications Biology, 2020

Selon Cheryl Ames, de la Tohoku University Graduate School of Agricultural Science du Japon, la méthode de chasse de l’animal « provoque des sensations de démangeaison et de brûlure et, selon la personne, peut causer suffisamment d’inconfort pour lui donner envie de sortir de l’eau ». Selon elle, les résultats de l’étude pourraient permettre d’aider les touristes, les plongeurs et même le personnel d’aquariums à éviter ce type d’inconfort à l’avenir.

Ames a déclaré que la communauté scientifique a encore énormément à apprendre au sujet des méduses. « Elles ont un comportement complexe et coordonné avec leurs yeux, et certains spécimens sont même capables de tuer des humains en quelques minutes », a-t-elle expliqué à l’AFP. « Il y a encore beaucoup à apprendre à leur sujet et sur leurs applications à la biotechnologie ».

Source : Communications Biology

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