De plus en plus d’adultes décident jeunes de ne pas avoir d’enfants sur le long terme

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Alors que nous atteindrons les huit milliards d’ici la mi-novembre, beaucoup d’études et de recherches se penchent sur les facteurs d’explosion démographique un peu partout dans le monde. Parmi les différents paramètres régissant la démographie, l’indice de fécondité figure parmi les plus importants. Cependant, peu de recherches se penchent sur la croissance démographique ne dépendant pas de la fécondité. Des chercheurs de l’Université d’État du Michigan (MSU) ont récemment découvert qu’un nombre important de sa population locale décide tôt de ne pas avoir d’enfants, et maintient cette décision deux décennies plus tard. Étonnamment, cette tendance ne prendrait nullement en compte la fécondité. Toutefois, ces décisions pourraient ne pas affecter la croissance démographique dans des pays tels que les États-Unis, surtout après la révocation de l’arrêt Roe v. Wade, concernant la limitation de l’avortement.

Aux États-Unis, le cas des adultes sans enfants est sous étudié, probablement par manque de disponibilité de données, car ils ne peuvent pas être identifiés par le biais de données classiques sur la fécondité. Pourtant, ces personnes représentent une plus grande portion de la population du pays qu’on le croyait jusqu’ici. Dans le Michigan par exemple, les chercheurs ont affirmé qu’elles représenteraient près de 21,6% des adultes, soit environ 1,7 million de personnes.

Les facteurs de décision peuvent être multiples, et cela semble être une tendance en croissance dans le monde au cours de ces dernières décennies. Au Japon par exemple, les femmes choisissent de plus en plus de se consacrer à leur carrière professionnelle plutôt que de fonder une famille. Ce choix serait si répandu que le pays est confronté depuis quelques années à un vieillissement accéléré de sa population.

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Il est également important de considérer d’autres facteurs tels que le changement climatique et les problèmes de ressources. Certaines personnes pourraient peut-être penser qu’il ne serait pas judicieux de fonder une famille dans un monde en pleine crise. La décision de ne pas procréer pourrait ainsi être corrélée à une action écologique ou une angoisse de l’avenir.

Malgré les divers risques sociaux comme la stigmatisation, la nouvelle étude américaine, parue dans la revue Scientific Reports, semble confirmer que les adultes qui ne veulent pas d’enfants sur le long terme sont beaucoup plus nombreux qu’on le croyait. Aux États-Unis, l’annulation par la Cour suprême de la loi sur le droit à l’avortement apporte de nouvelles contraintes et établi une incertitude quant à l’avenir de la régulation des naissances. Cette loi risquerait ainsi d’impacter une importante portion de la population américaine, car plus d’un adulte sur cinq ne voudrait apparemment pas avoir d’enfants.

« Suite à l’annulation par la Cour suprême des États-Unis de l’arrêt Roe v. Wade, un grand nombre d’Américains risquent désormais d’être contraints d’avoir des enfants alors qu’ils n’en veulent pas », déclare dans un communiqué Watling Neal, co-auteur principal de la nouvelle étude et professeur agrégé au département de psychologie du MSU.

De plus, quand les personnes sans enfants demandent des interventions chirurgicales contraceptives, leurs demandes ont tendance à être refusées, car les médecins craignent qu’elles changent d’avis plus tard, d’après les auteurs de l’étude. Le nombre de ces demandes aurait été d’ailleurs sous-estimé pendant de nombreuses années, car la plupart des études antérieures concernant les femmes ne se concentraient que sur des données ne représentant pas forcément l’ensemble de la population. Les estimations basées sur la fécondité montraient par exemple que les parents sans enfants ne représentaient que 2 à 9% de la population.

Une étude applicable à l’échelle nationale

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs du Michigan ont récolté les données de 1500 adultes depuis 2021. La sélection a été effectuée de sorte à pouvoir représenter l’ensemble de la population des États-Unis. Dans ce sens, l’enquête a pris en compte divers facteurs tels que l’âge, le sexe, l’origine ethnique et l’éducation, les votes présidentiels, l’idéologie politique, l’identification chrétienne, etc. Un ensemble de trois questionnaires a également été soumis afin de distinguer les individus sans enfants des parents, et autres types de non-parents (par exemple ceux qui adoptent ou les beaux-parents).

Le sondage a révélé que les femmes de moins de 40 ans ayant décidé de ne pas avoir d’enfants étaient beaucoup plus nombreuses que précédemment estimé, et qu’elles représentent près de 30% de celles en âge de procréer. Par ailleurs, ce résultat s’applique sur le long terme. En effet, la majorité des femmes ayant décidé de ne pas procréer à l’adolescence ont aujourd’hui près de 40 ans et n’ont toujours pas d’enfants. Comme le modèle est applicable à l’échelle nationale, cela signifierait que 50 à 60 millions d’Américains n’auront jamais d’enfants.

Des risques d’exclusion sociale

L’étude du MSU a également évalué le ressenti des adultes parents par rapport à ceux sans enfants. Ils devaient classer leur approbation selon une échelle de 0 à 100, 0 étant défavorable et 100 favorable. Les adultes sans enfants ressentiraient des niveaux d’approbation similaires vis-à-vis de ceux de leur groupe et de ceux ayant des enfants. Et bien que ces derniers aient montré un certain niveau d’approbation envers ceux sans enfants, ils ont tout de même eu tendance à favoriser ceux de leur groupe (ayant des enfants).

Ces résultats montrent que les adultes sans enfants pourraient être exclus de certains avantages, comme ceux destinés à promouvoir l’équilibre entre le travail et la vie personnelle, l’attribution de soins médicaux supplémentaires, etc.

Source : Scientific Reports

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