Être autoritaire et attentionné vis-à-vis de son chien le rend plus intelligent et plus stable, selon une étude

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Il est clair que la façon dont une personne éduque et prend soin de son chien influence le comportement de ce dernier. Une équipe de chercheurs s’est demandée dans quelle mesure la qualité de la relation homme-chien peut influer sur les performances de l’animal, tant du point de vue comportemental que cognitif. Leur étude révèle qu’un maître autoritaire, à la fois exigeant et attentif aux besoins de son chien, mène à un chien plus sensible aux signaux sociaux et plus intelligent.

Le comportement et la cognition des chiens domestiques ont suscité une attention scientifique croissante au cours des dernières décennies. Plusieurs études ont exploré l’influence des variables de la vie, y compris l’environnement familial et les expériences antérieures, sur le comportement social et la capacité à résoudre des problèmes des chiens. Cependant, seules quelques études ont étudié empiriquement la façon dont la qualité de la relation maître-chien peut influencer les performances de l’animal.

Deux spécialistes du comportement animal de l’Université d’État de l’Oregon, Lauren Brubaker et Monique Udell, se sont intéressées à la question. « Dans cette étude, nous avons cherché à savoir si les attentes et les modes de réaction du maître envers son chien pouvaient prédire le comportement social et la résolution de problèmes du chien », expliquent-elles dans la revue Animal Cognition. Elles ont ainsi recruté 48 propriétaires de chiens et les ont interrogés sur la façon dont ils élevaient leur animal. Les chiens ont ensuite été amenés au laboratoire d’interaction homme-animal d’Udell, où ils ont participé à plusieurs tests comportementaux.

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« Parent » plutôt que « maître » ?

À bien des égards, la recherche sur les relations homme-chien est parallèle à la recherche en psychologie humaine, a déclaré Lauren Brubaker. Il a été prouvé que l’attitude des parents influence significativement la santé mentale, la réussite intellectuelle, la cognition sociale, l’attachement et la performance professionnelle de leurs enfants.

Ainsi, tout comme le comportement parental est considéré comme un facteur important dans le développement d’un enfant, il est logique de penser que leur attitude vis-à-vis de leur animal — ce que les spécialistes nomment le Pet Parenting Style — influe sur le développement du chien. Les auteurs de l’étude soulignent d’ailleurs que de nombreuses entreprises de soins pour animaux de compagnie se sont emparées de ce lien et s’adressent désormais aux « parents » d’animaux plutôt qu’aux « propriétaires » d’animaux pour vendre leurs produits.

Cette étude est l’une des premières à examiner comment la qualité de la relation homme-chien peut influencer les performances du chien lors de tests comportementaux et cognitifs. À partir des données recueillies lors de l’enquête préliminaire aux tests, les propriétaires de chiens ont été répartis en trois catégories, similaires à celles utilisées dans l’éducation humaine :

  • « autoritaire », qui correspond à des attentes élevées et à une grande réactivité (dans le sens où la personne répond aux besoins de son animal) ;
  • « autoritariste », qui correspond à des attentes élevées, mais une faible réactivité (une forme de contrôle total, sans aucune attention affectueuse) ;
  • « permissif », qui correspond à la fois à de faibles attentes et à une faible réactivité — ce qui signifie que le propriétaire impose peu de règles et ne se préoccupe pas de son animal.

Lors des tests comportementaux, des différences flagrantes sont apparues entre les chiens de ces différents groupes. « Nous avons constaté que le style d’éducation des animaux de compagnie permet de prédire le comportement et la cognition des chiens », a déclaré Monique Udell.

Être autoritaire et attentionné donne des chiens plus sûrs et résilients

Le premier test visait à évaluer l’attachement des chiens à leur maître : le maître et le chien se trouvaient tout d’abord dans la même pièce, le maître interagissant avec le chien lorsque celui-ci s’approchait. Puis, le propriétaire quittait la pièce et revenait un peu plus tard pour retrouver son chien. Le deuxième test a permis d’évaluer la sociabilité de l’animal : le propriétaire et une personne inconnue se trouvaient dans la même pièce que le chien, tandis que les scientifiques étudiaient les interactions de l’animal avec l’un ou l’autre. Enfin, dans le troisième test, le chien devait tenter d’obtenir une friandise en résolvant un problème, avec différents niveaux d’aide de la part de son maître.

Les chiens ayant un maître « autoritaire » présentaient le taux le plus élevé d’attachement sécurisé (ils se calmaient rapidement lorsque leur maître disparaissait, puis revenait), étaient très sensibles aux signaux sociaux, montraient une préférence pour la recherche de proximité envers leur maître par rapport à une personne inconnue et enfin, se sont montrés plus indépendants et persévérants dans la tâche de résolution de problème. Seuls les chiens de ce groupe ont d’ailleurs réussi à résoudre cette tâche, rapportent les deux spécialistes.

À l’inverse, les chiens dont le maître était considéré comme « autoritariste » n’ont pas montré le même niveau de sécurité dans l’attachement à leur maître ; ils ont également passé plus de temps à rechercher la proximité de leur maître lors du test de sociabilité, soulignent les auteurs de l’étude. Enfin, les chiens dont le maître était « permissif » suivaient volontiers les signaux sociaux de la personne inconnue, mais pas ceux de leur propriétaire. Ces chiens étaient également moins persistants dans la tâche à résoudre.

Ces résultats suggèrent que les propriétaires de chiens qui prennent le temps de comprendre et de satisfaire les besoins de leur animal ont plus de chances d’avoir des chiens se sentant en sécurité et résilients. « Cette recherche montre que le lien entre le chien de compagnie et son maître peut être fonctionnellement et émotionnellement similaire au lien entre un parent humain et son enfant », conclut Brubaker.

Source : L. Brubaker et al., Animal Cognition

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