Les extraterrestres sont déjà tous morts, et c’est aussi ce qui nous attend, suggèrent des scientifiques

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Alors que certains demeurent persuadés que nous ne sommes nécessairement pas seuls dans cet immense univers, d’autres apportent une explication radicale au fait que nous n’ayons à ce jour encore jamais rencontré d’extraterrestres. S’ils ne sont pas parvenus jusqu’à la Terre, c’est parce que les civilisations intelligentes tendent à s’éliminer d’elles-mêmes, suggère une équipe du Jet Propulsion Laboratory de la NASA. Et c’est peut-être ce qui attend l’humanité.

En réalité, cette théorie ne date pas d’hier. En 1998, Robin Dale Hanson, chercheur au Future of Humanity Institute de l’Université d’Oxford, présente une suite de barrières à franchir qui nuit, selon lui, à l’émergence d’une civilisation extraterrestre durable dans le temps — une idée qu’il nomme « Le Grand filtre ». Hanson a identifié neuf étapes évolutives menant à une civilisation colonisatrice de galaxie, du système planétaire propice à l’éclosion de la vie, à l’usage d’outils et de technologies par des organismes dotés de cerveaux développés, menant peu à peu à l’expansion de la colonisation. Le Grand filtre pourrait survenir à n’importe laquelle de ces étapes.

Ainsi, toute autre civilisation qui aurait pu exister dans l’histoire de l’Univers aurait probablement été « filtrée », en s’auto-détruisant. Jonathan Jiang et Kristen Fahy, chercheurs au JPL, et leurs collaborateurs soulignent que l’événement dramatique qui a éliminé les extraterrestres du cosmos serait logiquement survenu avant que ces civilisations ne parviennent jusqu’à notre planète. Et si la théorie s’applique aux Terriens, nous serions donc aujourd’hui au bord du désastre. Dans une nouvelle étude, ils proposent les solutions qui s’offrent à nous pour éviter le Grand filtre.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Guerre nucléaire, pandémies, astéroïdes,… la fin de l’humanité est-elle proche ?

Alors que des théories et des calculs logiques montrent que les preuves de vie devraient exister en abondance dans notre galaxie, les recherches de vie extraterrestre restent à ce jour infructueuses. « Nous postulons qu’une catastrophe existentielle pourrait nous guetter alors que notre société progresse de manière exponentielle vers l’exploration spatiale, agissant comme le Grand Filtre : un phénomène qui anéantit les civilisations avant qu’elles ne puissent se rencontrer, ce qui pourrait expliquer le silence cosmique », écrivent les chercheurs dans leur article.

durée de vie grand filtre
Représentation d’un exemple de chronologie des durées de vie potentielles de la vie intelligente dans la galaxie. Notre soleil et sa ligne subséquente, représentée en jaune, est une représentation de la durée pendant laquelle l’humanité a pu survivre jusqu’à aujourd’hui. © J. H. Jiang et al.

Selon Hanson, un ou plusieurs facteurs empêchent les formes de vie intelligentes et prospères de survivre assez longtemps sur leur planète d’origine pour s’étendre de manière significative à d’autres. « Le fait que notre univers semble fondamentalement mort suggère qu’il est très très difficile pour une vie durable avancée et explosive d’apparaître », écrivait-il en 1998, le terme « explosive » désignant ici la capacité d’une civilisation à coloniser d’autres planètes à l’aide de vols spatiaux peu coûteux. Or, nous sommes justement à cette étape de notre évolution…

Jiang et ses co-auteurs présentent ainsi plusieurs scénarios possibles pouvant mener à notre extinction. Une guerre nucléaire, des agents pathogènes et des pandémies, l’intelligence artificielle, des impacts de météorites et le changement climatique ont tous été pris en compte en tant qu’événements déclencheurs potentiels de l’anéantissement de l’humanité. Chacun de ces événements entraîne diverses conséquences, mais « il manque un ajustement critique pour s’adapter à leur risque élevé », soulignent les auteurs.

Un seul d’entre eux pourrait créer un effet boule de neige débouchant rapidement sur le Grand filtre. La seule manière pour l’humanité d’y survivre est de comprendre quelles
caractéristiques cette « barrière » va contraindre, d’identifier ces attributs en nous-mêmes et de les neutraliser à l’avance, affirment les chercheurs. Tous les risques envisagés, qu’ils soient anthropiques ou naturels, peuvent être prévenus par des changements de comportements individuels, institutionnels et intrinsèques.

Dans leur étude, les chercheurs ont examiné l’histoire de l’humanité, marquée par les guerres, les maladies et la dégradation de l’environnement. Ils déplorent notamment que presque chaque grande découverte ou invention, tout en repoussant les frontières de notre ignorance technologique, soit trop rapidement et facilement détournée à des fins destructrices.

L’immaturité et la décentralisation à l’origine de l’anéantissement

« Un point de vue optimiste soulignerait que nous continuons à exister bien que nous ayons développé la capacité d’auto-annihilation en 1945 », soulignent-ils. Néanmoins, ces 77 dernières années ont été marquées par des « ratés », comme la crise des missiles de Cuba en 1962 et l’éclatement persistant de conflits armés dans le monde entier. En outre, l’activité humaine a largement perturbé l’environnement de la Terre, par ailleurs très favorable à la vie.

Si les menaces d’origine biologique restent aujourd’hui au premier plan des préoccupations, les chercheurs pensent que la récente pandémie de COVID-19 nous permettra d’être mieux préparés à d’éventuelles pandémies futures. Ils soulignent par ailleurs que des projets tels que le programme NEO (Near-Earth Objects) et la récente mission DART (Double Asteroid Redirection Test) nous confèrent de bonnes chances d’éviter une collision d’astéroïde majeure. Quant au changement climatique en cours, « les technologies qui progressent
rapidement dans des domaines tels que les centrales nucléaires modulaires et la capture et la séquestration du carbone font partie des meilleurs espoirs pour éviter d’être pris au piège [du Grand filtre] », écrivent-ils.

Mais le fond du problème reste la nature humaine. Pour Jiang et ses collaborateurs, le fondement de bon nombre de nos filtres possibles trouve ses racines dans l’immaturité. La guerre, la mauvaise répartition des ressources, conduisent à une désunion de l’humanité. « L’histoire a montré que la concurrence au sein de notre espèce, et surtout, la collaboration, nous a conduits vers les plus hauts sommets de l’invention. Et pourtant, nous prolongeons des notions qui semblent être l’antithèse de la croissance durable à long terme. Racisme, génocide, inégalité, sabotage… la liste est longue », peut-on lire dans l’étude.

Les chercheurs estiment toutefois que nous avons les moyens de travailler à une société robuste et permanente. Une meilleure compréhension et une collaboration entre les groupes, les sociétés et les civilisations, en plus de progrès technologiques majeurs, devraient augmenter nos chances de surmonter le Grand Filtre.

Mais Hanson lui-même est quelque peu en désaccord avec cette conclusion : il pense qu’un contrôle et une gouvernance centralisés accrus ne sont pas la solution, bien au contraire. « Je vois en fait l’excès de centralisation de la gouvernance comme la contribution probable à notre futur Grand Filtre », a-t-il déclaré au Daily Beast. Il pense que plus l’humanité sera décentralisée, plus il y a de chances que certains d’entre nous — via des voyages spatiaux privés vers la Lune ou vers Mars par exemple — survivent à un événement qui anéantirait la vie sur Terre.

D’autres spécialistes pensent quant à eux que toute la théorie du Grand filtre ne tient pas la route : « [Elle] dépend du résultat supposé de l’observation, à savoir qu’il n’y a personne là-bas. Mais cette conclusion est beaucoup trop prématurée. Nous venons juste de commencer à chercher », a déclaré au Daily Beast Seth Shostak, un astronome californien de l’Institut SETI. Extraterrestres ou pas, « Nous sommes les seuls à pouvoir nous aider nous-mêmes ; il ne faut pas s’attendre à ce que des mentors ou des sauveurs descendent du ciel en notre nom », concluent les chercheurs.

Source : J. H. Jiang et al., arXiv

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