Facebook bannit les contenus négationnistes de son réseau

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Cela fait plusieurs années que la société de Mark Zuckerberg est montrée du doigt pour son inaction face au contenu antisémite et négationniste existant sur sa plateforme. Facebook prend aujourd’hui les mesures qui s’imposent : la société vient d’annoncer qu’elle interdisait désormais « tout contenu qui nie ou déforme l’Holocauste ».

Pendant plus d’une décennie, des groupes de défense des droits de l’Homme et des droits civiques ont tenté, en vain, de faire réagir le réseau social. Mais Facebook a toujours soutenu que la « simple déclaration » de négation de l’holocauste n’allait pas à l’encontre des politiques de contenu instaurées par l’entreprise. Cette décision soudaine apparaît donc comme un brusque revirement de la part de Mark Zuckerberg.

Diviser pour mieux régner

Cela faisait des années que le réseau social refusait de supprimer le contenu niant le génocide des Juifs et d’autres groupes minoritaires pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien que son PDG Mark Zuckerberg soit lui-même de confession juive, aucune modération n’avait été mise en œuvre jusqu’à présent. Le PDG estimait en effet que cela n’était (malheureusement) pas « la seule chose sur laquelle les gens avaient une opinion erronée ».

Mais ces contenus négationnistes n’ont fait que prendre de l’ampleur sur le réseau ces dernières années. Une étude parue au mois d’août, menée par le groupe de réflexion britannique Institute for Strategic Dialogue (ISD), a révélé l’ampleur du problème : l’existence de 36 pages et groupes Facebook spécifiquement dédiés au négationnisme ou hébergeant du contenu négationniste. Ces pages et groupes comptabilisaient plus de 10’000 membres en moyenne et plus de 366’000 abonnés au total.

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Mentions du terme « Holohoax » sur les pages et groupes Facebook publics, entre le 1er juin 2018 et le 22 juillet 2020. Crédits : ISD

Par ailleurs, cette étude britannique met en évidence le fait que les algorithmes de la plateforme contribuent activement à la promotion de ce type de contenu auprès des utilisateurs ayant déjà interagi avec du contenu similaire. Le rapport de l’ISD souligne que d’autres plateformes (comme Reddit, Twitter et YouTube) hébergent elles aussi du contenu négationniste, mais Facebook est la seule à le mettre ainsi en exergue.

L’ont-ils fait sciemment ? A priori oui… Dans un article du Wall Street Journal paru au mois de mai, des salariés de l’entreprise expliquent que les algorithmes de Facebook sont conçus pour toujours mieux diviser les gens. L’objectif ? Héberger un maximum de contenu sujet à polémique pour attirer les utilisateurs et faire en sorte qu’ils demeurent plus longuement sur le réseau. Théories du complot, désinformation en tout genre, la plateforme n’a pas levé le petit doigt pour y mettre fin. Bien au contraire, Facebook semble apprécier que ces propos controversés se propagent comme une traînée de poudre…

Un nouvel effort de lutte contre la haine

Le réseau social est-il devenu plus raisonnable à l’approche des élections américaines ? C’est du moins ce que suggèrent les récentes mesures strictes qui ont été mises en place. La semaine dernière, la société annonçait qu’elle interdisait désormais l’ensemble des comptes liés à QAnon — un mouvement regroupant les promoteurs d’une théorie du complot farfelue, selon laquelle il existerait un « deep state », autrement dit un État dans l’État, contrôlé par des démocrates et des stars d’Hollywood, assurément pédophiles et satanistes. Malgré l’absurdité des informations véhiculées (les démocrates sacrifieraient des enfants pour boire leur sang et ainsi prolonger leur vie !), le mouvement gagne en popularité, et ses partisans sont de plus en plus présents aux meetings de Trump. QAnon est en outre rapidement devenu un point de ralliement pour l’extrême droite et a conduit à des actes de violence, ce que Facebook condamne fermement aujourd’hui.

Cette décision n’est en réalité qu’une mise à jour d’une politique mise en place au mois d’août, interdisant les pages Facebook et les comptes Instagram représentant QAnon « qui incitaient à la violence ». Près de 8000 pages et groupes avaient alors été supprimés. C’est à ce moment-là que la société a déclaré qu’elle prendrait des mesures à grande échelle contre les groupes représentant « des risques importants pour la sécurité publique ». Les négationnistes étaient forcément en ligne de mire.

« Aujourd’hui, nous mettons à jour notre politique sur les discours de haine pour interdire tout contenu qui nie ou déforme l’Holocauste », c’est ainsi que commence le communiqué officiel diffusé par le géant du Web ce 12 octobre. Dans ce même communiqué, Monika Bickert, vice-présidente de la politique de contenu, énumère les récentes actions de Facebook : blocage de plus de 250 organisations suprémacistes blanches, blocage de QAnon et suppression de plus de 22 millions de discours de haine au deuxième trimestre 2020.

Pourquoi cette volte-face soudain vis-à-vis de l’holocauste? Bickert explique que la décision a été motivée par la montée de l’antisémitisme dans le monde et « le niveau alarmant d’ignorance au sujet de l’Holocauste, en particulier parmi les jeunes ». Elle évoque notamment une enquête récente, menée auprès de jeunes adultes américains, révélant que près de 25% d’entre eux pensaient que l’holocauste était un mythe, était exagéré ou n’étaient pas sûrs à ce sujet.

Parallèlement, Facebook a annoncé que d’ici quelques semaines, tous les utilisateurs effectuant des recherches liées à l’holocauste ou à sa négation seront automatiquement redirigés vers des pages d’informations fiables, hors de la plateforme. Le réseau travaille donc activement à redorer son blason, mais comme le précise Bickert, il faudra faire preuve de patience pour disposer d’un réseau social exempt de propos antisémites : « il faudra un certain temps pour former nos examinateurs et nos systèmes à l’application de ces politiques ».

Source : Facebook

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