Dans une météorite, des géochimistes découvrent un minéral absent à l’état naturel sur Terre

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Météorite de Wedderburn. | Museums Victoria
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Quand une météorite s’échoue sur Terre, elle devient souvent une source d’informations extrêmement importante pour les planétologues, car elle renferme généralement des signatures géologiques de la source dont elle provient. Parfois, les météorites permettent également de confirmer certaines hypothèses scientifiques. C’est le cas de la météorite de Wedderburn qui, après une analyse minutieuse, a révélé des traces d’un minéral très particulier, confirmant ainsi la possibilité de le trouver à l’état naturel, bien que ce ne soit pas le cas sur Terre.

La météorite de Wedderburn (Australie), découverte juste au nord-est de la ville en 1951, était un petit bloc de 210 grammes de roche spatiale d’apparence étrange qui est tombé du ciel. Pendant des décennies, les géologues ont essayé de déchiffrer ses secrets et les chercheurs en ont mis en évidence un autre.

Dans une nouvelle étude dirigée par le minéralogiste du Caltech, Chi Ma, les géochimistes ont analysé la météorite de Wedderburn et ont confirmé la première occurrence naturelle de ce qu’ils appellent « edscottite » (Fe5C2) : une forme rare de minéral de carbure de fer jamais trouvée dans la nature. Les résultats de l’analyse ont été publiés dans la revue American Mineralogist.

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Une météorite recelant plusieurs minéraux rares

Depuis que la météorite de Wedderburn a été identifiée pour la première fois, de nombreuses équipes de chercheurs ont examiné le rocher distinctif noir et rouge, à tel point que seul un tiers environ du spécimen original est toujours intact, au sein de la collection géologique du musée Victoria en Australie.

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La météorite de Wedderburn contient plusieurs minéraux extrêmement rares, dont des inclusions d’edscottite, un minéral non présent à l’état naturel sur Terre. Crédits : Ma & Rubin 2019

Le reste a été emporté dans une série de coupes, extraites pour analyser la composition de la météorite. Ces analyses ont révélé des traces d’or et de fer, ainsi que des minéraux plus rares tels que la kamacite, la schréibersite, la taénite et la troilite. Les chercheurs peuvent maintenant ajouter l’edscottite à cette liste.

L’hypothèse de formation naturelle de l’edscottite enfin confirmée

La découverte de l’edscottite — nommée en l’honneur du spécialiste de la météorite et cosmochimiste Edward Scott de l’Université de Hawaï — est significative car l’hypothèse selon laquelle cette configuration spécifique de carbure de fer puisse se former naturellement n’avait jamais été confirmée. Une telle confirmation est importante, car il est indispensable que l’International Mineralogical Association (IMA) reconnaisse officiellement un minéral pour qu’il soit considéré comme tel.

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L’escottite, ici observée au microscope électronique à transmission, forme un réseau cristallin à l’échelle microscopique. Crédits : Ma & Rubin 2019

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Les chercheurs connaissent depuis des décennies une version synthétique du minéral à base de carbure de fer — une phase produite lors de la fusion du fer. Mais grâce à la nouvelle analyse de Chi Ma et du géophysicien Alan Rubin de l’UCLA, l’edscottite est désormais membre officiel du club des minéraux de l’IMA.

« Nous avons découvert 500’000 à 600’000 minéraux en laboratoire, dont moins de 6000 existent à l’état naturel » déclare Stuart Mills, conservateur en chef des géosciences au Museums Victoria.

Une météorite provenant d’une ancienne planète ?

Quant à savoir comment cet échantillon d’edscottite naturelle s’est retrouvée à proximité de Wedderburn, les scientifiques n’en sont pas certains. Mais selon le planétologue Geoffrey Bonning de l’Université nationale australienne, qui n’a pas participé à l’étude, le minéral aurait pu se former dans le noyau chauffé et pressurisé d’une planète ancienne.

Il y a bien longtemps, cette planète productrice d’edscottite aurait pu subir une sorte de collision cosmique colossale — impliquant une autre planète, une lune, ou un astéroïde — et avoir été éclatée, avec des fragments projetés à travers l’espace, explique Bonning.

Sources : American Mineralogist

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