S’il y a bien une activité jouissive dont nous rêvons presque tous depuis le début de la pandémie, c’est bien de pouvoir participer à un bon concert, comme « au bon vieux temps » pré-covid… Lundi, le groupe de rock emblématique The Flaming Lips a donné un concert à Oklahoma City où tout le monde, public et artistes compris, était enfermé dans sa propre bulle de plastique. Une façon certes étrange, mais très créative, de retrouver le plaisir de ce genre d’événement.
Ce concert inhabituel laisse croire qu’il s’agit d’un message de la part du groupe, signifiant que peu importe les mesures nécessaires, la passion et le bon sens permettent de trouver des solutions, du moins expérimentales. Ces bulles semblent être un moyen créatif d’organiser un concert pendant la pandémie de COVID-19 sans mettre tout le monde en danger, mais il y a quelques hics…
Une vidéo publiée par le chanteur Wayne Coyne sur Instagram le montre faire la sérénade à une foule de spectateurs surmotivés, qui essaient de danser sereinement mais semblent souvent confus par leur nouvel environnement. Le chanteur semble surfer sur la foule dans sa bulle, dans une scène qui semble presque surréaliste.
« Je pense que le dilemme dans lequel nous nous trouvons tous est de savoir si nous devons attendre que les choses reviennent à la normale, ou si nous devons commencer à nous demander à quoi ressemblera l’avenir. Quel est l’avenir de la musique live ? », déclare Coyne au sujet de la performance. Les Flaming Lips suggèrent que les bulles — qui, selon Coyne, contiennent assez d’air pour tenir plusieurs heures — pourraient être un moyen de remettre l’industrie de la musique en direct sur les rails. Mais ce n’est pas si simple…
Deux problèmes majeurs : les déplacements de la foule et la rentabilité
« Nous ne voulons pas que ce soit un événement de super-propagation comme le concert de Smash Mouth (ou encore le rallye de motos de Sturgis). Nous voulons que ce soit sûr et que cela soit perçu comme une expérience inoubliable. C’est ce que le lieu nous permet de mettre en place pour que nous puissions commencer à comprendre comment cela va fonctionner. Le rôle de jouer dans la bulle, nous l’avons déjà fait. C’est la façon dont nous faisons entrer et sortir la foule sans contamination croisée que nous devons encore étudier, mais nous avons encore quelques semaines dans ce lieu pour le faire », avait déclaré Coyne quelques semaines avant le concert.
Sur l’image ci-dessous, on peut y voir la salle durant les préparatifs, il y a une semaine. On se rend ainsi compte que la disposition et la taille des bulles limitent grandement le nombre de personnes admises, et donc la rentabilité d’un tel événement.
Si les bulles sont une bonne mesure de sécurité contre le coronavirus pour les groupes qui peuvent se permettre de remplir une salle avec des bulles hermétiques, il est cependant difficile d’imaginer comment rentabiliser un tel événement lorsqu’il s’agit de petites salles ou d’artistes moins connus.
Comme le stipulait Coyne, il est également difficile de mettre en place une bonne gestion des mouvements de la foule. Comment vont-ils faire pour se rendre aux toilettes, au bar ou d’autres lieux de nécessité en évitant la contamination croisée ? Au risque d’anéantir tous les efforts mis en place dans la zone principale ? L’expérience permettra certainement d’arriver à de bons résultats, mais le manque de moyens financiers et logistiques de la « petite industrie musicale » pourrait bien limiter ce genre de concerts aux événements bénéficiant de grands noms en tête d’affiche, ce qui est contradictoire avec la rentabilité limitée due au manque d’espace qu’une telle solution impose. Ou alors, il faudrait au moins doubler le prix des billets… Préparez-vous donc, peut-être, à débourser des mille et des cents pour vos prochains concerts…