Jouer d’un instrument dans l’enfance aiderait à préserver les fonctions cognitives tout au long de la vie

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C’est ce que suggèrent les résultats d’une étude menée par des chercheurs de l’Université d’Edimbourg. Ces derniers ont trouvé une association entre l’apprentissage d’un instrument de musique dans l’enfance et l’amélioration des capacités cognitives à un âge avancé. La nature de ce lien reste à déterminer, mais selon l’équipe, cette piste est à explorer pour comprendre pourquoi certaines personnes vieillissent « mieux » que d’autres.

Plusieurs recherches ont déjà montré que l’apprentissage de la musique a des effets bénéfiques sur les capacités intellectuelles et les facultés de concentration d’un enfant. Jouer d’un instrument permet également de diminuer le stress et d’améliorer l’humeur. Des chercheurs ont souhaité vérifier si cet apprentissage avait également un effet sur le long terme. Pour ce faire, ils ont comparé les capacités physiques et mentales de plus de 360 individus, dont une partie avait joué d’un instrument de musique dans leur enfance ou adolescence.

C’est ainsi qu’ils ont découvert une association entre le fait d’avoir joué d’un instrument et l’amélioration des capacités cognitives. Le professeur Ian Deary, ancien directeur du Center for Cognitive Aging and Cognitive Epidemiology de l’Université d’Edimbourg, souligne néanmoins que ses collaborateurs et lui n’ont établi aucune relation de cause à effet. « Cependant, comme nous et d’autres personnes recherchons les nombreux petits effets qui pourraient contribuer à ce que le cerveau de certaines personnes vieillisse plus sainement que d’autres, ces résultats méritent d’être suivis », a-t-il déclaré au Guardian.

Un suivi de plus de 70 ans

Les participants à l’étude ont été extraits de la « Lothian Birth Cohort 1936 » — un groupe de personnes nées en 1936, résidant à Edimbourg et dans le Lothian, qui ont participé à une vaste enquête écossaise sur la santé mentale menée en 1947. L’objectif de cette cohorte était de comprendre comment le cerveau et les capacités de réflexion évoluent tout au long de la vie.

Ces individus ont été testés sur un certain nombre de fonctions physiques et mentales à mesure qu’ils vieillissaient. Ils ont notamment été soumis à plusieurs reprises au test standardisé de capacité cognitive qu’ils avaient tous passé à l’âge de 11 ans ; ce dernier comprenait des questions exigeant un raisonnement verbal, une conscience spatiale et une analyse numérique.

Les membres de la cohorte qui avaient repassé le test à l’âge de 70 ans ont été interrogés sur leurs expériences musicales au cours de leur vie. Sur les 366 participants à l’étude, 117 ont déclaré avoir joué d’un instrument de musique lorsqu’ils étaient jeunes. Le piano était l’instrument le plus couramment pratiqué, mais d’autres instruments ont été cités, comme l’accordéon, la cornemuse, la guitare et le violon.

Ian Deary et ses collègues ont alors utilisé des modèles statistiques pour rechercher d’éventuelles associations entre le fait d’avoir joué d’un instrument de musique dans sa jeunesse et l’évolution des capacités de réflexion tout au long de la vie. Les modèles ont effectivement révélé de nouvelles preuves que la pratique d’un instrument est associée à des avantages cognitifs : les personnes ayant le plus d’expérience dans ce domaine ont eu de meilleurs résultats au test.

Des avantages qui ne dépendent d’aucun facteur socio-économique

Deary précise que ces avantages sont « faibles », mais détectables tout au long de la vie. Mais le plus remarquable est que l’amélioration cognitive est visible, quels que soient le statut socio-économique, les années d’éducation, les capacités cognitives initiales (pendant l’enfance) et l’état de santé global observé à un âge plus avancé.

« Ces résultats s’ajoutent aux preuves que les activités qui sont mentalement difficiles, comme apprendre à jouer d’un instrument de musique, pourraient être associées à de meilleures capacités de réflexion », a commenté Judith Okely, actuellement maître de conférences en psychologie à l’Université Napier. Jouer d’un instrument est en effet une tâche cognitive complexe, qui mobilise simultanément plusieurs fonctions motrices et sensorielles (la vue, l’ouïe et le toucher), ainsi que des capacités mentales telles que l’attention et la mémoire.

Plusieurs travaux de recherche ont également mis en évidence les avantages de la musique sur la santé mentale. Parce que cela nécessite une grande concentration, apprendre un instrument peut aider à améliorer l’humeur, notamment en servant d’exutoire au stress et à l’anxiété. D’autant plus que jouer d’un instrument s’accompagne de la libération de dopamine. Maîtriser un nouveau morceau permet par ailleurs d’améliorer sa confiance et son estime de soi. « La pratique active de la musique s’est avérée être une source d’amélioration de la cohésion sociale, de plaisir, de développement personnel et d’autonomisation », soulignait une étude publiée en 2013, qui examinait le pouvoir de la musique dans la vie des seniors.

Cette nouvelle étude suggère que l’apprentissage d’un instrument préserve durablement les capacités de réflexion, et pourrait donc constituer une nouvelle voie de recherche pour améliorer le vieillissement. Dans un contexte où l’espérance de vie augmente rapidement — et avec elle, les taux de déficience cognitive —, il est essentiel d’identifier les leviers qui puissent prévenir, ou du moins, ralentir l’apparition de troubles cognitifs.

Source : The Guardian

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