Dans les méandres de l’épidémie silencieuse : l’obésité, ce mal contemporain qui gangrène nos sociétés modernes. La Ligue Nationale Contre l’Obésité a récemment dressé un diagnostic sans appel — 18,1 % des Français, soit 10 millions d’individus, sont en surpoids ou obèses. Ce chiffre résonne bien au-delà des frontières de l’Hexagone : près de 890 millions de personnes à travers le monde sont aujourd’hui confrontées à cette pandémie métabolique. Dans le cadre de la lutte contre cette dernière, des chercheurs sud-coréens ont découvert que la consommation régulière de Kimchi, un mets traditionnel coréen, peut efficacement réduire le taux de graisse corporelle tout en améliorant le microbiote intestinal.
En Corée, le kimchi est bien plus qu’une préparation culinaire. Chaque ingrédient — chou nappa, carottes, radis, piment, gingembre et ail — participe d’une « alchimie » complexe. Salés puis longuement fermentés, ces végétaux libèrent une palette de saveurs et de propriétés nutritionnelles très intéressantes.
Des études antérieures ont mis en lumière le rôle de deux bactéries dans la préservation d’un poids santé : Lactobacillus brevis et L. plantarum. Ces micorganismes semblent dotés de propriétés notables dans la lutte contre la prise de poids. Une étude préclinique récente, publiée dans la revue Food Research International apporte des éléments probants à cette hypothèse. Dans ce cadre, une expérimentation menée sur des modèles murins a révélé qu’en dix semaines, des souris soumises à un régime de kimchi ont perdu 31,8 % de leur masse corporelle. Les chercheurs, du World Institute of Kimchi, dirigés par Jieun Lee, avaient observé des transformations métaboliques significatives dès la quatrième semaine.
Une analyse épidémiologique à grande échelle, conduite sur 115 726 participants de l’étude coréenne sur le génome et l’épidémiologie (KoGES), était alors venue corroborer ces observations préliminaires. Cette recherche longitudinale de 13 ans suggère qu’une consommation quotidienne de trois portions de kimchi permet de réduire l’indice de masse corporelle de 15 % et de diminuer de 12 % la prévalence de l’obésité. Les résultats ont été publiés dans la revue BJM Open.
Vers une analyse approfondie des effets anti-obésité du Kimchi
Plus récemment encore, un nouvel essai clinique dirigé par le Dr Sung-Wook Hong du World Institute of Kimchi, en collaboration avec l’hôpital universitaire national de Pusan, a approfondi ces recherches. Il a porté sur 55 individus en surpoids, recevant pour une part, quotidiennement, 60 grammes de kimchi sous forme de capsule pendant trois mois.
Les résultats, publiés dans le Journal of Functional Foods, sont éloquents : le groupe ayant consommé du kimchi a enregistré une réduction de 2,6 % de sa masse graisseuse, tandis que le groupe témoin a connu une augmentation de 4,7 %. Au-delà de cet effet sur le poids, les chercheurs ont également observé des changements évidents dans le microbiote intestinal, avec une augmentation de la population de la bactérie Akkermansia muciniphila et une réduction des protéobactéries associées à l’obésité.
« Les résultats de nos études précliniques et cliniques établissent désormais scientifiquement les propriétés anti-obésité du kimchi », déclare le Dr Hae-Choon Chang, directeur du World Institute of Kimchi. « Nous poursuivrons nos recherches pour renforcer la compréhension des propriétés fonctionnelles de ce mets traditionnel ».