COVID-19 : même avec un vaccin, le « retour à la normale » risque de prendre des années

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Des experts avertissent que le développement d’un vaccin contre la COVID-19 n’éradiquerait pas le virus promptement. Il se pourrait même que cela prenne des années. La capacité de production à l’échelle mondiale n’est pas l’unique raison.

De nombreuses entreprises pharmaceutiques se sont lancées dans la course à la production d’un vaccin contre la COVID-19, mais une semble plus en avance que les autres. Moderna a entamé la semaine dernière la phase 3 des essais cliniques et espère pouvoir publier les résultats avant la fin de l’année. Mais que ce soit Moderna ou une autre compagnie qui atteigne cet objectif en premier, il ne faudra pas s’attendre à ce que le vaccin soit un remède miracle qui nous débarrassera du coronavirus en quelques semaines. Les spécialistes estiment qu’il faudra tenir des mois, voire des années avant de revenir à un semblant de situation similaire à celle d’avant la pandémie.

« Même lorsqu’un vaccin sera introduit, je pense que nous aurons plusieurs mois d’infection importante ou du moins de risques d’infection devant nous », avait déclaré au magazine The Atlantic l’ancien responsable scientifique de la FDA Jesse Goodman.

L’une des raisons principales de cette prédiction est la capacité de production du vaccin à grande échelle. En effet, il faudra d’abord développer ou améliorer un site afin qu’il puisse fabriquer des centaines de millions de doses, et cela le plus rapidement possible. Les experts expliquent également que l’efficacité du produit différera entre chaque individu, comme c’est le cas pour la majorité des vaccins. Les premiers n’immuniseront qu’une partie de la population mondiale l’ayant reçu, et principalement contre les cas les plus sévères.

« Ne vous attendez pas à ce qu’un vaccin soit « un interrupteur » ou un « bouton de réinitialisation » », déclare Yonathan Grad, professeur-assistant en immunologie et maladies infectieuses. L’opinion publique sera aussi conséquente. Alors que les conspirations et les actions des « antivax » vont déjà bon train, les répercussions de la disponibilité précipitée du vaccin vont favoriser ces mouvements, au point d’imaginer que ces derniers vont probablement gagner de l’influence.

« Nous allons être dans une situation où certaines personnes auront désespérément besoin de se faire vacciner et où d’autres en auront peur », explique Michael Stoto, chercheur en santé publique de l’Université de Georgetown. « Et il y aura probablement beaucoup de gens qui seront un peu des deux ou incertains ».

Les débuts de la pandémie du VIH avaient connu un scénario identique, où la méfiance envers les premiers traitements (dont les effets secondaires étaient loin d’être négligeables et l’efficacité discutable) se manifestait chez de nombreux séropositifs.

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Une efficacité à ne pas surestimer

Le Dr Anthony Fauci, l’une des personnes les plus proéminentes dans la gestion de la crise sanitaire aux États-Unis, avait déclaré la semaine dernière devant le comité de la chambre, éprouver un « optimisme prudent » envers la production d’un vaccin sûr et efficace contre la COVID-19 entre la fin de l’automne et le début de l’hiver, en faisant référence à Moderna. En effet, la « sûreté et l’efficacité » ne signifie pas qu’il protègera à 100%, en particulier pour les personnes âgées, plus enclines à rester vulnérables en raison d’une réponse immunitaire différente comparée à une population plus jeune.

Cette théorie n’est pas sans rappeler les vaccins contre le virus de la grippe, qui ne protègent pas toujours totalement, mais peuvent atténuer les symptômes et ainsi réduire les passages aux soins intensifs et la virulence du virus. La FDA a estimé qu’un traitement contre la COVID-19 pourrait reculer d’au moins 50% le taux de décès et de symptômes graves.

Plus de 30’000 adultes volontaires sur 89 sites de recherche américains participeront aux essais cliniques de Moderna, qui ont débuté la semaine dernière. Même si le vaccin montre une efficacité inférieure à 100% (ce qui est fort probable), il permettra de freiner la propagation de la pandémie, mais cela impliquera une éradication lente du virus.

Source : The Atlantic, The Washington Post

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