Pourquoi le vaisseau de Blue Origin a-t-il une forme si… « anthropomorphe » ?

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| Blue Origin
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Il y a quelques jours, Jeff Bezos décollait pour l’espace à bord du vaisseau New Shepard développé par son entreprise Blue Origin. Si le vol a été un succès, c’est un autre aspect de l’événement qui a particulièrement retenu l’attention des médias et réseaux sociaux : la forme relativement suggestive du vaisseau…

Alors que les réseaux sociaux multipliaient les insinuations, des experts ont été contactés pour savoir pourquoi le vaisseau New Shepard avait l’air, selon les mots d’un astrophysicien, si « anthropomorphe ». Jonathan McDowell, astronome au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, a pu faire la lumière sur le sujet.

New Shepard se compose d’une capsule d’équipage en forme de champignon qui s’évase sur un long cylindre, le lanceur (ou booster). Le sommet arrondi semble plus bulbeux que celui de nombreuses autres fusées, mais ce n’est pas unique. « Il y a une longue histoire de ce que nous appelons les fusées à tête de marteau, sur lesquelles le diamètre de la capsule est plus large que le booster. Si vous faites attention, il a en fait une aérodynamique parfaite », explique McDowell.

Tout comme les pointes des jets civils et militaires, les capsules se présentent sous toutes sortes de formes, l’intérieur de New Shepard étant conçu pour maximiser le volume intérieur afin d’accueillir six passagers, indique Laura Forczyk, propriétaire d’Astralytical, une société d’analyse spatiale. Il a également besoin d’un arrière grand et plat pour une rentrée stable, précise McDowell.

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Malgré sa forme suggestive, le design de New Shepard est fait pour répondre aux exigences d’aérodynamisme et de sécurité imposées. © Blue Origin/LP

« Ils ont étudié de nombreuses itérations pour trouver la forme parfaite pour obtenir le plus de volume, les meilleures fenêtres et un design qui ne tuerait personne à bord. Et c’est la forme qu’ils ont trouvée, cette forme de dôme », explique l’astrophysicien Scott Manley. Quant au lanceur, les ingénieurs s’efforcent de minimiser sa masse, en le rendant aussi petit que possible. « Il est plus facile d’équilibrer un cylindre long et mince que d’équilibrer un cylindre plus épais et plus gros », ajoute Forczyk.

Un équilibrage complexe des différentes parties du vaisseau

Ces préoccupations concurrentes peuvent conduire à une capsule plus large que ce qui aurait pu être envisagé à l’origine. « Il s’agit d’optimiser deux choses différentes et de ne pas pouvoir les faire correspondre parfaitement », déclare McDowell. Il souligne d’autres exemples de fusées à sommet légèrement évasé, dont l’Atlas V Starliner, dont le lancement est prévu la semaine prochaine.

À ces qualités « anthropomorphes » s’ajoute une crête près du sommet qui est « très, très évidente », selon Manley. C’est là pour accueillir un « aileron en forme d’anneau » qui est fondamental pour le processus de rentrée, contrecarrant les effets de l’aileron en bas lorsque le lanceur se déplace en sens inverse. Tout cela concourt évidemment à une forme assez suggestive. « Je ne sais pas si j’aurais fait la conception de cette façon, mais je suis sûr qu’elle a été entièrement motivée par la physique ainsi que par la réduction des coûts », affirme Forczyk.

« Pourtant, ils ne peuvent pas ne pas avoir remarqué la forme douteuse. Vous devez imaginer qu’il y a probablement eu une réunion où quelqu’un s’est dit : ‘Voulez-vous vraiment voler avec ça ?’ Mais je suppose qu’un ingénieur s’est levé et a dit : ‘C’est ce que montrent les calculs. C’est la configuration optimale. C’est donc ce qu’il nous faut !’ », conclut McDowell.

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