Selon une nouvelle étude, un avenir durable et équitable pour toute l’humanité est possible

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Une nouvelle étude publiée dans Global Environmental Change révèle qu’il y aurait suffisamment de ressources sur notre planète pour subvenir aux besoins d’une population trois fois plus importante qu’aujourd’hui, et ce, tout en offrant à chacun un niveau de vie décent. Cette annonce sonne comme un nouvel espoir pour l’humanité, alors que les prévisions économiques, climatiques et sanitaires sont de plus en plus pessimistes.

Bien entendu, ceci ne sera possible qu’en changeant les comportements et en adoptant certaines mesures. Les chercheurs évoquent ainsi des réformes environnementales et économiques radicales, qui permettraient de réduire considérablement notre consommation d’énergie. Des changements qui assureraient, d’ici 2050, une vie confortable pour tous les habitants de la Terre.

Une vie décente pour tous avec un minimum d’énergie

Considérant les conséquences du réchauffement climatique, la pollution croissante des océans, la disparition des espèces animales et plus récemment, l’impact économique mondial inhérent à la pandémie de COVID-19, le tout corroboré par des publications scientifiques de plus en plus alarmistes, difficile d’envisager un scénario aussi optimiste. Et pourtant…

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Les auteurs de cette nouvelle étude estiment qu’en revenant à une consommation mondiale d’énergie similaire à celle observée dans les années 1960 — quand le monde ne comptait que 3 milliards de personnes —, la planète pourrait abriter, d’ici une trentaine d’années, une population trois fois plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui. Chacun bénéficierait en outre d’un toit, de nourriture, d’une hygiène adéquate, de soins de santé de haute qualité, d’une éducation, de technologies modernes, ainsi que d’un accès limité aux véhicules personnels et aux transports aériens.

À l’aide des technologies les plus efficaces disponibles, combinées à des transformations radicales du côté de la demande — réduisant la consommation à des niveaux de suffisance —, les besoins énergétiques finaux pour fournir un niveau de vie décent à l’ensemble de la population mondiale en 2050 pourraient être inférieurs de plus de 60% à nos besoins actuels. Dans les pays qui sont aujourd’hui les plus gros consommateurs, des réductions d’environ 95% semblent possibles tout en garantissant un niveau de vie confortable à tous.

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Aujourd’hui, la grande majorité des pays du monde consomment bien plus d’énergie (points rouges) que le niveau final estimé compatible avec une vie décente pour tous d’ici 2050 (ligne verte). Crédits : J. Millward-Hopkins et al.

Un « sacrifice » pas si insurmontable lorsque l’on prend conscience de ce que cela implique, comme l’explique Julia Steinberger, économiste écologiste à l’Université de Lausanne en Suisse : « Alors que les responsables gouvernementaux accusent les militants écologistes de « menacer notre mode de vie », il vaut la peine de réexaminer ce que ce mode de vie devrait impliquer. […] Il est clairement à notre portée de fournir une vie décente à tous tout en protégeant notre climat et nos écosystèmes ».

Dans l’opinion publique, « bien vivre » revient à consommer et posséder toujours plus. Pour beaucoup, faire des efforts en ce sens reviendrait donc à perdre en qualité de vie et en niveau de confort, à revenir à une époque passée où il n’y avait rien. Or, il est surtout question ici de changer nos comportements. Les auteurs de l’étude suggèrent ainsi de concentrer nos efforts sur les logements à faible consommation d’énergie, les transports publics généralisés et les régimes pauvres en aliments d’origine animale. Ces initiatives permettraient au plus grand nombre d’accéder au bien-être.

Un scénario qui nécessite des technologies avancées

Selon les prévisions et les statistiques démographiques des Nations Unies, la population mondiale devrait atteindre 8,5 milliards d’individus en 2030, puis passer à 9,7 milliards d’individus en 2050 et 11,2 milliards vers 2100. Plusieurs études ont déjà averti du fait que la Terre ne pourra faire face aux besoins de toute cette population. Cependant, ces prévisions sont la plupart du temps basées sur une croissance économique continue, une surconsommation et des ressources terrestres fixes.

Or, assurer un avenir serein pour tous les habitants de la planète nécessitera des changements importants et à grande échelle dans nos habitudes de consommation. Cela impliquera également un déploiement généralisé des technologies modernes, ce qui va clairement à l’encontre des clichés selon lesquels les écologistes menacent nos modes de vie actuels et souhaitent revenir à l’âge de pierre. Bien au contraire, nous aurons plus que jamais besoin des technologies les plus avancées pour offrir une vie confortable et durable à tous : des installations efficaces et économes en énergie pour cuisiner, stocker la nourriture et laver le linge, un éclairage basse consommation, des équipements de chauffage et de climatisation qui maintiennent une température de 20 °C.

À ces équipements domestiques s’ajoute la fourniture de 50 litres d’eau potable et de 15 litres d’eau chaude par personne et par jour. En outre, tous les foyers devront disposer d’un ordinateur et d’un accès à Internet. Dans le scénario proposé par les chercheurs, tout un chacun disposera également d’un large réseau de transports, offrant une mobilité de 5000 à 15’000 km chaque année. Un modèle qui paraît idyllique, mais qui pourrait sauver notre planète.

Un objectif réalisable, mais comment ?

Pour savoir comment « réorganiser notre planète » et changer nos modes de vie, l’équipe a établi un modèle énergétique à partir des besoins fondamentaux de l’Homme, à savoir un approvisionnement régulier en eau et en nourriture, un confort thermique et des moyens de déplacement. Ils ont également pris en compte l’impact du changement climatique dans les années à venir sur ces différents besoins.

répartition besoins énergie
Consommation d’énergie nécessaire à une vie décente (DLE), ventilée en diverses catégories de consommation. À l’échelle mondiale, les principaux contributeurs à la DLE sont la nutrition et la mobilité (qui nécessitent environ 3 GJ par habitant et par an). Pour comparaison, les ventilations sectorielles de DLE sont également présentées pour le Rwanda, où la spécificité régionale implique de faibles besoins en termes de mobilité et de confort thermique ; l’Uruguay, où les exigences de mobilité sont élevées et les exigences de confort thermique moyennes ; et le Kirghizistan, où les exigences de mobilité et de confort thermique sont élevées. Crédits : J. Millward-Hopkins et al.

Les chercheurs suggèrent par exemple que l’ensemble du parc immobilier mondial — y compris le bâti industriel et institutionnel — soit complètement amélioré ou remplacé par des bâtiments plus écoénergétiques. Les technologies existent, mais les auteurs admettent que la mise en œuvre de tels changements est peu envisageable et nécessiterait elle-même énormément d’énergie.

Ce n’est en réalité pas une marche à suivre que détaille ici Joel Millward-Hopkins, spécialiste de l’environnement à l’Université de Leeds, et ses collaborateurs. Leur objectif était surtout de prouver qu’envisager d’offrir une vie décente à tous les habitants de la planète n’est pas si utopique que cela. En outre, les sacrifices (matériels) nécessaires pour y arriver sont finalement bien en deçà de ce que l’opinion publique ne suppose. Actuellement, 17% de la consommation mondiale d’énergie provient de sources renouvelables. Cela paraît peu, mais les chercheurs affirment que cela représente déjà plus de la moitié de ce dont nous aurions besoin d’ici 2050 pour que le scénario d’une vie meilleure pour tous se réalise.

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« Pour éviter un effondrement écologique catastrophique, il est clair que des transformations sociétales drastiques et difficiles doivent se produire à tous les niveaux, de l’individu à l’institutionnel et de l’offre à la demande », insistent les auteurs, qui partagent un objectif de consommation énergétique, mais pas de procédure détaillée. Néanmoins, ils attirent l’attention sur le fait que les idéaux de suffisance et de seuils matériels sont incompatibles avec les normes économiques actuelles, qui reposent sur les inégalités (la surconsommation des classes supérieures vs les centaines millions de personnes dans la pauvreté), le gaspillage (obsolescence programmée) et un objectif systématique de croissance.

Quel type d’économie politique pourrait rétablir l’égalité, créer un monde basé sur une consommation minimale et des niveaux de vie élevés pour tous ? Quelle sorte de culture accepterait et soutiendrait les politiques et institutions œuvrant en ce sens ? Où se trouvent les leviers potentiels, tant au niveau individuel qu’institutionnel, pour avancer vers de tels changements ? Voilà les questions cruciales auxquelles devront répondre les futurs chercheurs.

Source : Global Environmental Change, J. Millward-Hopkins et al.

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