Des recherches sur une prise excessive de suppléments protéinés par des souris ont montré que cela peut favoriser l’obésité et une baisse de l’espérance de vie. La production d’hormones serait également affectée.
Faut-il prendre des suppléments de protéines ou non ? Une question que de nombreux débutants sportifs se posent, la plupart pensant qu’ils auraient des effets similaires aux stéroïdes en raison de leur consommation par les culturistes principalement. Cette image négative s’est peu à peu atténuée au fil des années, et il devient à présent rare de tomber sur des amateurs de culturisme n’ayant pas de boîte de poudre protéinée chez eux.
Les protéines n’ont pas uniquement pour rôle de constituer les muscles, elles assurent le bon fonctionnement de notre organisme et les trillions de réactions chimiques qui s’y déroulent chaque seconde.
Dans l’estomac, les acides aminés, molécules constituant les protéines, sont séparés et absorbés par les cellules lors de leur passage dans le sang afin qu’elles puissent être recyclées pour synthétiser de nouvelles protéines selon leur besoin.
Parmi les 20 acides aminés nécessaires à la production des protéines, une plus importante consommation de 3 d’entre eux, les acides aminés ramifiés (la valine, la leucine et l’isoleucine), appelés aussi BCAA pour les habitués, améliorerait la récupération grâce à leur forte présence dans les protéines musculaires. Ces derniers sont donc ajoutés en plus grande dose dans la plupart des suppléments.
Les protéines animales comme celles du poisson, des œufs, de la viande rouge ou des produits laitiers, en sont riches, et certaines légumineuses également — en particulier le soja. Cependant, comme tout nutriment, une surconsommation peut s’avérer néfaste, comme le montre une étude publiée cette semaine sur la prise excessive de suppléments protéinés.
Alors que des précédentes études affirment que les repas riches en protéines et pauvres en glucides auraient un effet positif sur les fonctions reproductives, des chercheurs ont récemment montré que ce régime réduirait l’espérance de vie.
Ils ont formé plusieurs groupes de souris, puis les ont nourris avec des doses différentes de BCAA (la dose standard, le double, un cinquième, et la moitié). Les souris du groupe ayant consommé le double de la quantité normale ont souffert d’obésité et ont connu une mort précoce comparé aux autres groupes.
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Ils ont également constaté que cet excès de BCAA peut affecter le métabolisme d’autres acides aminés comme le tryptophane, qui non seulement est essentiel dans la composition des protéines, mais est également le précurseur de la sérotonine, une hormone importante pour l’humeur. Mais son transport dans le cerveau (lieu où la sérotonine est produite) peut être entravé par la forte présence de BCAA, diminuant ainsi sa présence dans l’organe.
« Le tryptophane est le seul précurseur de l’hormone sérotonine, souvent appelé « substance chimique du bonheur » pour ses effets bénéfiques sur l’humeur et son rôle dans la promotion du sommeil. Mais il fait plus que cela, et c’est là que réside le problème », explique le Pr. Stephen Simpson du Centre Charles Perkins en Australie.
En effet, une baisse de sérotonine dans le cerveau augmenterait l’appétit, ce qui serait la cause des excès de repas des souris devenues obèses, qui ont vu leur espérance de vie réduite.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que les doses de BCAA qu’elles avaient reçues étaient beaucoup plus importantes que la normale. Mais cette recherche sert de signal aux personnes effectuant des régimes priorisant les protéines au détriment des glucides ou des lipides, en croyant que cet excès est sans risques.
Les chercheurs conseillent également de ne pas se fier uniquement aux suppléments. Il faut varier ses sources de protéines pour s’assurer de fournir à son corps tous les acides aminés en quantité équilibrée, et il ne faut pas oublier qu’elles n’échappent pas à la règle voulant que tout abus d’un nutriment peut être néfaste pour l’organisme.