Les parents seraient plus sévères envers les enfants « trop honnêtes » qu’envers ceux qui mentent

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Dans le cadre de leur éducation comportementale et morale, les parents envoient souvent des messages contradictoires à leurs enfants, sur la perception de la vérité et du mensonge. L’on apprend notamment aux enfants que c’est mal de mentir… Cependant, les parents ont tendance à admettre que certains mensonges ne valent pas une punition. Selon une nouvelle étude, les parents jugent plus sévèrement les enfants qui disent la vérité sans détour, montrant que les enfants se voient obligés d’apprendre à s’adapter à des messages contradictoires, dont notamment par le mensonge. Apprendre à mentir au bon moment serait donc apparemment une forme de compétence sociale, contribuant probablement à forger le comportement des enfants en grandissant.

Dans notre société, dire la vérité sans ambages ou être trop franc et trop honnête peut parfois choquer, car cela peut être perçu comme de la méchanceté. L’on pourrait dire de la personne qu’elle manque de tact, même si sa franchise pourrait partir d’une bonne intention. Ce genre de subtilité exigée par la société fait partie des apprentissages comportementaux que les enfants doivent acquérir dès leur plus jeune âge. Ils développeraient donc déjà très jeunes la capacité de mentir, car cela ferait partie du développement social normal d’un enfant.

Pour l’enfant, apprendre à choisir une réponse appropriée selon une situation donnée, s’effectue dans un environnement assez compliqué. « Cette recherche tend à montrer qu’il existe une relation compliquée avec la vérité dans laquelle les enfants doivent naviguer pour apprendre ce qui est socialement acceptable », explique Laure Brimbal, auteure principale de la nouvelle étude et chercheuse à la School of Criminal Justice & Criminology de l’Université d’État du Texas.

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La nouvelle étude, décrite dans Journal Of Moral Education, expose les messages contradictoires que les parents envoient à leurs enfants dans la distinction entre la vérité et le mensonge. Tout le monde convient que le message principal de base est : mentir, c’est mal. Pourtant, la plupart des parents sont embarrassés ou contrariés lorsque leurs enfants se mettent à dire des vérités brutales, comme « je ne veux pas ce cadeau, c’est moche ! ».

Les parents eux-mêmes mentent parfois pour protéger leurs enfants ou les faire rêver, comme le fait de leur faire croire aux contes de fées ou au père Noël. Quand les enfants découvrent que ce n’était pas la vérité, quel message indirect reçoivent-ils des parents, sur lesquels ils sont censés prendre exemple ? Apprendre à faire la différence entre les « bons » et les « mauvais » mensonges, fait donc partie des compétences intersociales que les enfants doivent développer avec l’âge. Or, les mécanismes comportementaux interagissant dans le développement de ces compétences sont encore largement méconnus.

Les chercheurs de la nouvelle étude ont tenté de comprendre comment les parents jugent leurs enfants lorsqu’ils mentent ou disent la vérité, selon une situation donnée. « Ce que nos résultats révèlent, c’est que les enfants apprennent l’honnêteté dans un environnement assez compliqué », souligne Brimbal. « Le mensonge semble être une compétence sociale importante, pour s’adapter aux attentes des autres, malgré les messages potentiellement contradictoires que cela engendre », ajoute-t-elle.

Le mensonge « de protection » ou de politesse serait plus toléré

Dans le cadre de l’étude, les scientifiques ont recruté 267 adultes à qui l’on a montré des vidéos d’enfants de 6 à 15 ans, mentant ou disant la vérité selon diverses situations. Dans certaines de ces situations, 24 enfants ont menti pour en protéger d’autres, par exemple pour leur éviter de se faire gronder. D’autres scénarios montraient des enfants qui mentaient par politesse, afin d’éviter de blesser les sentiments de quelqu’un.

Quatre variantes de vérités brutes ou subtiles ont été simulées. Par exemple, si un enfant se cachait dans un endroit X, le mensonge grossier était : « il est allé à la bibliothèque pour se cacher », tandis que la vérité subtile était « je pense qu’il est dehors ». Le mensonge subtil dans cette situation était : « je pense qu’il est allé se coucher ou quelque chose comme ça », et finalement, la vérité brute était « il est sous le porche ».

En visionnant les vidéos, les adultes ont été invités à donner leur impression sur la fiabilité, la gentillesse, la sympathie, l’intelligence et l’honnêteté des enfants, en essayant de se mettre à la place de leurs parents. Ils devaient jauger à quel moment ils devaient les punir ou les récompenser.

Les résultats ont montré que les adultes étaient plus sévères envers ceux qui disaient la vérité sans détour, et toléraient davantage ceux qui mentaient ou disaient vaguement la vérité, mais uniquement lorsque ces derniers le faisaient par politesse. Lorsqu’il s’agissait de mensonges pour protéger d’autres, les adultes avaient plus de mal à évaluer la punition ou la récompense appropriée. Ils ont notamment déclaré qu’ils récompenseraient les enfants qui disaient des vérités subtiles.

« Notre étude illustre à quel point les adultes sont incohérents dans leurs évaluations et leurs réponses comportementales autodéclarées aux enfants d’âges différents qui mentent ou disent la vérité », déclare Brimbal. La prochaine étape de l’étude serait de déterminer comment le comportement des enfants pourrait suivre cette éducation contradictoire.

Source : Journal Of Moral Education

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