Perseverance commence sa recherche de traces de vie sur Mars et déploie son laser pour la première fois

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Ciblage et vue rapprochée de la roche martienne "Yeehgo" par la SuperCam. | NASA/JPL-Caltech/LANL/CNES/CNRS/ASU/MSSS
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L’ensemble d’instruments SuperCam du rover Perseverance — qui servira à rechercher des traces de vie — est désormais pleinement opérationnel, ont déclaré des chercheurs du CNES lors d’une conférence de presse. Les équipes chargées de la mission n’ont pas tardé à allumer et tester le laser de la SuperCam et à activer son microphone pour enregistrer l’événement.

Les tout premiers échantillons de roche ont été recueillis après une analyse par la SuperCam, dont l’activité a été enregistrée par le micro du même instrument, ont annoncé mercredi les chercheurs. Le retour sur Terre des échantillons de roches et de sol récupérés (dans quelques années) « donnera aux scientifiques le Saint Graal de l’exploration planétaire », a commenté Jean-Yves le Gall, président du Centre national d’études spatiales (CNES), qui a conçu en grande partie l’observatoire mobile. « Ces morceaux de Mars pourraient enfin répondre à cette question fascinante et fondamentale : ‘y a-t-il eu de la vie ailleurs que sur Terre ?’ ».

Après sept mois de voyage dans l’espace, le rover Perseverance de la NASA s’est posé en douceur sur le sol martien le mois dernier et a renvoyé des images révélant le terrain rocheux du cratère Jezero, situé au nord de l’équateur martien. « L’élément essentiel de cette mission d’astrobiologie est SuperCam », a déclaré Thomas Zurbuchen, directeur adjoint du Science Mission Directorate de la NASA.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Monté sur le mât du rover, cet ensemble d’instruments de la taille d’une boîte à chaussures est équipé de spectromètres, d’un laser et d’un dispositif d’enregistrement audio. Le but étant d’analyser la chimie, la minéralogie et la composition moléculaire de la surface de la planète rouge. Le laser de la SuperCam est capable de vaporiser des objets plus petits qu’une pointe de crayon à une distance de sept mètres, et permet d’observer des points hors de portée du bras robotique du rover.

« Le laser est le seul à pouvoir éliminer à distance la poussière de surface, ce qui permet à tous les instruments d’avoir une vue claire des cibles », a déclaré Roger Wiens, ingénieur au Los Alamos National Laboratory (LANL) et chercheur principal du projet SuperCam. La mission a subi un grand contretemps avant le décollage, a révélé Scott Robinson du LANL, qui a précisé que plus de 500 ingénieurs et scientifiques avaient contribué au projet. « L’optique de l’unité de mât a été détruite dans un accident étrange, quatre mois seulement avant la livraison », a-t-il expliqué. « L’équipe s’est démenée pour rassembler des pièces de rechange afin de reconstruire le télescope à partir de zéro ». Mais l’incident n’était en fait qu’une opportunité de faire mieux…

Un incident fructueux

En réassemblant l’unité, les ingénieurs ont découvert ce que Robinson a décrit comme un défaut « semblable à celui de Hubble » dans le miroir d’origine. En effet, peu après le lancement du télescope spatial Hubble en 1990, les opérateurs ont réalisé que le miroir primaire de l’observatoire spatial présentait une aberration (qui a été corrigée par la suite) qui affectait la clarté des images. Les ingénieurs de SuperCam ont donc pu corriger ce défaut à temps.

Les scientifiques pensent qu’il y a environ 3,5 milliards d’années, le cratère dans lequel Perseverance a atterri abritait une rivière qui se jetait dans un lac profond, déposant des sédiments dans un delta en forme d’éventail. Le rover a pour mission de collecter plus de deux douzaines d’échantillons de roche et de sol dans des tubes scellés, qui seront renvoyés sur Terre dans les années 2030 pour être analysés.

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La SuperCam a déjà capturé des images rapprochées de roches martiennes. Ici, la roche « Yeehgo ». © NASA/JPL-Caltech/LANL/CNES/CNRS/ASU/MSSS

De la taille et du poids d’un SUV, Perseverance est équipé d’un bras robotique de deux mètres de long (déployé), de 19 caméras, de deux microphones, ainsi que d’autres instruments de pointe. Dans quelques semaines, un petit drone hélicoptère placé sous son ventre tentera le premier vol motorisé (qui de ce fait sera le tout premier vol motorisé sur une autre planète). L’un des instruments embarqués est conçu pour produire de l’oxygène à partir de l’atmosphère martienne, principalement composée de dioxyde de carbone, ce qui faciliterait grandement l’habitation humaine.

Perseverance, dont la mission principale est prévue pour durer un peu plus de deux ans (bien que le rover pourrait rester opérationnel pendant bien plus longtemps), est le cinquième rover sur roues à se poser sur le sol martien. L’exploit a été accompli pour la première fois en 1997 avec le robot Sejourner.

Premier enregistrement audio du laser en plein fonctionnement

Le laser de la SuperCam est conçu pour étudier la minéralogie et la chimie des roches à une distance allant jusqu’à 7 mètres. La NASA espère également aider les scientifiques à trouver des signes de vie microbienne fossilisée. « SuperCam, l’un des sept instruments embarqués à bord du rover Mars 2020, […] permet de regrouper ce qui nécessiterait normalement plusieurs équipements de taille importante dans un objet pas plus grand qu’une boîte de céréales », peut-on lire dans la description officielle de la SuperCam par la NASA.

 

« [Le laser] émet un faisceau laser pulsé à partir du mât (ou ‘tête’) du rover pour vaporiser de petites portions de roche à distance, fournissant ainsi des informations essentielles au succès de la mission », peut-on lire. Le laser chauffe la roche à environ 10 000 degrés Celsius. Une caméra spéciale analyse ensuite le plasma libéré par les roches pour étudier leur composition chimique.

Vidéo montrant comment Perseverance récolte des échantillons :

Source : NASA

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